Le 25°
anniversaire du Pontificat de Jean-Paul II
« des
journées chargées de signification qui mettent en évidence l’unité et la
vitalité de l’Eglise » : telles sont les paroles prononcées par le
Pape, le samedi 18 octobre 2003 à 13h00 à la « Domus
Sanctae Marthae » au
cours d’agapes fraternelles réunissant Cardinaux, Patriarches et Présidents des
Conférences épiscopales autour du Saint Père. Elles résument bien l’intense
activité qui a eu lieu au Vatican à la mi-octobre pour fêter le 25°
anniversaire du pontificat de pape Jean-Paul II. Nous retiendrons les termes
choisis : unité et vitalité de l’Eglise.
Nous allons les suivre
pas à pas telles que l’Osservatore Romano en langue
française nous les a fait vivre.
Le 15 octobre.
Ces journées ont
commencé, dès le 15 octobre, par le Congrès réunissant les Cardinaux, les
Présidents des Conférences épiscopales, les chefs des dicastères de la Curie
romaines et les Patriarches.
Ces travaux se sont
déroulés du 15 au 18 octobre et ont porté, comme l’expliquait, en commerçant le
Cardinal Ratzinger, sur « une écoute renouvelée de certains éléments
fondamentaux du message clairvoyant du Saint Père » (O.R. 21 octobre 2003,
p.2) Et c’est ainsi que furent abordés
les thèmes « du ministère pétrinien et de la communion de
l’épiscopat », autour de la communication du Cardinal Gantin,
du « sacerdoce et de la vie consacrée et des vocations », autour de la
conférence du cardinal Lustiger, puis « de la famille sous le pontificat
de Jean-Paul II » autour de la conférence du Cardinal Spevi,
bien sur « l’œcuménisme » autour de la conférence du Patriarche
d’Antioche, enfin des « missions » autour de la conférence du
Cardinal Dias, et de « 25 ans de Pontificat au service de la paix »
autour de la conférence du Cardinal Sodano.
L’Osservatore
Romano annonce les publications de ces conférences dans ses prochains numéros.
Le 16 octobre
Dans la matinée du 16 octobre 2003, jour
anniversaire du 25 anniversaire de son pontificat, le Pape Jean-Paul II, en
présence de plus de 120 Cardinaux du monde entier, des Présidents des
Conférences épiscopales, des Chefs et des secrétaires des Dicastères de la
Curie Romaine, le Pape a signé l’Exhortation apostolique post-synodale « Pastores gregis »,
rassemblant les réflexions de la X Assemblée Générale ordinaire du Synode des
Evêques qui s’était déroulée à Rome du 30 septembre au 27 octobre. Cette
exhortation apostolique reprend le thème du synode : « l’évêque,
ministre de l’Evangile de Jésus-Christ pour l’espérance du monde » . C ‘est un long texte de 74 articles et de plus
de 300 notes. Il en a comme fait don à chaque évêque : « C’est avec
une joie profonde que je signe et remets à l’Eglise toute entière et,
idéalement, à chacun de ses Evêques, l’Exhortation apostolique post-synodale
« Pastores gregis ».
(O.R.21 octobre 2003 p.2)
N.B. Dans cette exhortation apostolique à l’adresse des
évêques, le pape a tout un paragraphe sur le dialogue interreligieux. C’est le
§ 68. Nous le donnons in extenso :
« Le dialogue
interreligieux surtout en faveur de la paix dans le monde.
68) Comme je l’ai répété en maintes
circonstances, le dialogue entre les religions doit être au service de la paix
entre les peuples. Les traditions religieuses possèdent en effet les ressources
nécessaires pour surmonter les fractures et pour favoriser l’amitié réciproque
et le respect entre les peuples. Du synode s’est fait entendre l’appel invitant
les évêques à promouvoir des rencontres avec les représentants des peuples pour
réfléchir attentivement sur les discordes et les guerres qui déchirent le
monde, afin de déterminer des voies permettant de cheminer dans un engagement
commun de justice, de concorde et de paix. Les pères synodaux ont fortement
souligné l’importance du dialogue interreligieux en vue de la paix et ils ont
demandé aux évêques de s’employer dans ce sens dans leurs diocèses respectifs.
De nouveaux chemins vers la paix peuvent être ouverts à travers l’affirmation
de la liberté religieuse, dont le Concile Vatican II a parlé dans le Décret Dignitatis humanae comme aussi à
travers l’action éducatrice au bénéfice des nouvelles générations et l’usage
correct des moyens de communication sociale (283).
Toutefois, il est certain que
la perspective du dialogue interreligieux est plus ample et c’est pourquoi les
pères synodaux ont redit qu’il faisait partie de la nouvelle évangélisation,
surtout en ces temps durant lesquels, beaucoup plus que dans le passé, vivent
ensemble quotidiennement dans les mêmes régions, dans les mêmes villes, dans
les mêmes lieux de travail, des personnes appartenant à des religions différentes. Le dialogue
interreligieux est donc exigé dans la vie quotidienne de nombreuses familles
chrétiennes et c’est aussi pour cela que les Evêques, en tant que maîtres de la
foi et pasteurs du peuple de Dieu, doivent avoir pour ce dialogue une juste
attention.
Ce contexte de vie en commun
avec des personnes d’autres religions fait naître chez les chrétiens un devoir
spécial : témoigner de l’unicité et de l’universalité du mystère
salvifique de Jésus-Christ, avec la nécessité qui en découle pour l’Eglise
d’être instrument du salut pour l’humanité entière. « Cette vérité de foi
n’enlève rien à al considération respectueuse et sincère de l’Eglise pour les
religions du monde, mais en même temps elle exclut radicalement la mentalité indifférentiste imprégnée d’un relativisme religieux qui
porte à considérer que « toutes les religions se valent » (284). Il
est donc clair que le dialogue interreligieux ne peut jamais se substituer à
l’annonce et à la propagation de la foi, qui constituent la fin prioritaire de
la prédication, de la catéchèse et de la mission de l’Eglise.
Affirmer franchement et sans
ambiguïté que le salut de l’homme dépend de la rédemption accomplie par le
Christ n’empêche pas le dialogue avec
les autres religions. D’autres part, dans la perspective de la profession de
l’espérance chrétienne, on n’oubliera pas que c’est justement elle qui
fonde le dialogue interreligieux. En
effet, comme l’affirme la Déclaration conciliaire Nostra
aetate, « tous les peuples forment ensemble une
même communauté, ont une seule origine, puisque Dieu a fait habiter tout le
genre humain sur toute la face de la terre, et ont une seule fin dernière, qui
est Dieu, dont la Providence, les témoignages de bonté et les desseins de salut
s’étendent à tous les hommes, jusqu’à ce que les élus soient unis dans la Cité
sainte que la gloire éclatante de Dieu illuminera et où tous les peuples
marcheront à sa lumière » (285).
Commentaire.
Nous attirons votre attention
sur les premières lignes de ce paragraphe 68.
« Comme je l’ai répété
en maintes circonstances le dialogue entre les religions doit être au service
de la paix entre les peuples telles seront pour le Pape la finalité du dialogue
inter religieux il poursuit, les traditions religieuses possèdent en effet les
ressources nécessaires pour surmonter les fractures et pour favoriser l’amitié
réciproque et le respect entre les peuples ».
Ici nous pensons que c’est
une vue du Pape utopique sur les faits. Est-ce la réalité de
l’islam ?
« Les musulmans ne comprennent
pas la paix de la façon dont le pontife actuellement régnant la comprend . Ils n’admettent pas que les musulmans puissent
vivre sous les infidèles : ils partagent donc le monde en deux
parties : la partie où l’islam domine (maison de l’islam) et tout le
reste, nécessairement ennemi tant qu’il n’aura pas été convertis et soumis
(maison de la guerre, la paix n’est donc pas pour eux une fin en soi qui permet
de faire cohabiter des Etats et des religions différentes (ce que souhaite et
espère le Pape pure utopie). C’est seulement un moyen imposé par les
circonstances qui obligent à des armistices avec les infidèles. Elle doit avoir
une durée limitée… chaque fois que l’on en a les moyens la guerre doit être
reprise. C’est une obligation morale religieuse juridique pour le musulman
jusqu'à l’immanquable victoire finale, à l’instauration islamique d’un état
islamique mondial ». (SI SI NO NO nov 2002 p 7).
. Un certain abbé Sulmon relevant lui aussi dans son bulletin paroissial
l’utopie gravissime du pape au sujet de l’Islam. Une utopie disait-il
« coupable »
Dans l’après-midi, le Saint Père a
« présidé » une concélébration eucharistique solennelle sur la place
Saint Pierre entouré de nombreux Cardinaux, Patriarches ; Archevêque, Evêques , prêtres et fidèles, en présence de nombreux
personnalités politiques. Il prononça l’homélie :
« Tandis que je
rends grâce avec vous à Dieu, pour ces 25 années marquées entièrement par sa
miséricorde, je ressens un besoin particulier d’exprimer ma gratitude à vous,
frères et sœurs de Rome et du monde entier qui avez répondu et continuez de
répondre de diverses façons à ma demande d’aide. Dieu seul sait combien de
sacrifice, de prières et de souffrances ont été offerts pour me soutenir dans
mon service à l’Eglise… Je vous demande une fois de plus : aidez le pape
et ceux qui veulent servir le Christ et avec la puissance du Christ, servir
l’homme et l’humanité toute entière »
Auparavant, il avait
donné le sens de son pontificat : « Depuis le début de mon
pontificat, mes pensées, mes prières et mes actions ont été animées par un
unique désir : témoigner que le Christ, le Bon Pasteur est présent et
œuvre dans son Eglise ». C’est pourquoi, sans cesse, le pape répète :
« N’ayez pas peur d’accueillir le Christ et d’accepter sa puissance. Je
répète aujourd’hui avec force : « Ouvrez grandes les portes au
Christ. Laissez-vous guider par Lui. Ayez confiance en son Amour ». Il
terminait son homélie par cette belle hymne :
« A Toi, Seigneur Jésus-Christ,
unique Pasteur de l’Eglise, j’offre les fruits de ces vingt-cinq ans de
ministère au service du peuple que tu m’as confié. Pardonne le mal accompli et
multiplie le bien : tout est fruit de ton œuvre et à Toi seul revient la
gloire. Avec une pleine confiance dans ta miséricorde, je te présente à nouveau
aujourd’hui encore, ceux qu’il y a des années, tu as confiés à mon soin
pastoral. Garde-les dans l’amour, rassemble-les dans ta bergerie, porte les
faibles sur tes épaules, panse les bless&,s, prends soin des forts. Sois leur Pasteur, afin qu’ils ne
se perdent pas. Protège l’Eglise bien-aimée qui est à
Rome et les Eglises du monde entier. Diffuse la lumière et la puissance de ton
Esprit sur ceux quer tu as placés à la tête de ton
troupeau : qu’ils accomplissent avec élan leur mission de guides, de
maîtres et de sanctificateurs, dans l’attente de ton retour glorieux.
Je te renouvelle, à
travers les mains de Marie, Mère bien-aimée, le don de ma personne, pour le
présent et l’avenir : que tout s’accomplisse selon ta volonté. Pasteur
Suprême, reste parmi nous, afin que nous puissions avec Toi marcher en
sécurité, vers la maison du Père. Amen. » (O.R. 21 octobre 2003 p.3)
Dans la soirée du
vendredi 17 octobre, dans la salle Paul VI, un concert fut offert au Saint Père
par un ensemble musical allemand, le Mitteldeutscher Rundfunk qui interpréta la ç symphonie de Bethowen .
C’est le Cardinal Ratzinger qui présenta l’œuvre. Lisons-le.
Quand le Cardinal se fait
musicologue. « Très Saint-Père ! Ces journées durant lesquelles nous
rappelons les 25 ans au cours desquels vous avez porté dans l’Eglise le poids
et la grâce de la charge pastorale de Successeur de Pierre, sont tout d’abord
caractérisées par des sentiments de gratitude et de joie. L’un des moments
culminants de cette semaine de fête est le concert que le chœur et l’orchestre
du « Mitteldeutscher Rundfunk »
vont nous offrir maintenant. Ils nous feront entendre l’un des chefs-d’œuvre de
la musique, la neuvième symphonie de Beethoven, qui reflète la lutte intérieure
de ce grand maître lors des périodes sombres de la vie, la traversée, pour ainis dire, de nuits sombres où aucune des étoiles promises
ne semble plus briller dans le ciel. Mais à la fin, les nuages se dissipent. Le
grand drame de l’existence humaine, qui se développe en musique, fait place à ll’hymne à la joie pour lequel Beethoven reprit les paroles
de Schiller, des paroles qui n’ont atteint leur véritable grandeur qu’à travers
sa musique. Etant allemand, je suis particulièrement heureux que le concert
soit offert par un orchestre allemand qui, pour la troisième fois déjà, se
produit devant vous, Très Saint-Père, nous offrant à tavers
la musique, une fête de joie. Le chœur et l’orchestre proviennent d’une partie
de l’Allemagne qui, après la guerre et jusqu’à l’effondrement du mur, a du
subir la dictature communiste, ce qui a provoqué des blessures parfois encore
ouvertes. La blessure la plus profonde est peut-être le fait que Dieu semble
devenu lointain et que la foi s’est éteinte dans de nombreux cœurs. Mais il
s’agit également de la partie de l’Allemagne qui nous a peut-être donné le plus
grans maître de musique de tous les temps, Johann Sebastien Bach. La même année, et dans la même région,
naquit Georg Friedrich Handel à qui nous devons un
autre hymne à la joie inégalable : le grand alleluia , qui est le
moment culminant de son Messie, dans lequel il a mis en musique la promesse et
l’accomplissement, la prophétie du rédempteur qui devait venir et l’événement
historique de Jésus qui y correspond. L’Alléluia est le cantique de louange des
rachetés qui, en vertu de la résurrection du Christ, malgré les souffrances du
monde, peuvent toutefois se réjouir. Cette grande tradition musicale - comme nous pouvons en faire l’expérience au
cours de ces heures – est restée vivante à travers toutes les vicissitudes
historiques, et elle est un rayon de lumière où l’étoile des la foi, la
présence de Jésus-Christ, continue à briller. Contrairement à la présence de la
foi intacte qui transparaît dans l’hymne à la joie de Handel
et qui apparaît de façon tout à fait différente, c’est-à-dire comme paix
intérieure tranquille et comme grâce de réconciliation, dans l’Oratorio de Noël
de Bach ou à la fin de ses Passions, l’ode illuministe de Schiller, mise en
musique par Beethoven de façon si majestueuse, est caractérisée par l’humanisme
de cette époque qui place l’homme au centre et qui –là où il se réfère à Dieu –
préfère le langage du mythe. Malgré cela, nous ne devons pas oublier que
Beethoven est l’auteur de la Missa solemnis. Le bon
Père, dont parle l’ode, n’est pas pour lui un postulat, comme pourrait le
suggérer le texte de Schiller, mais
plutôt une certitude ultime. Beethoven savait également que nous pouvons nous
fier au Père, car dans son Fils, il est devenu proche de nous. Et, ainsi, nous
pouvons facilement comprendre l’étincelle divine, la joie dont parle l’ode,
comme étincelle de Dieu qui se communique à nous à travers la musique et nous
rassure : oui, le bon Père existe vraiment et il n’est pas loin du tout,
au delà du firmament, mais, grâce à son Fils, il est parmi nous. Monsieur
l’intendant, permettez-moi avec une joie reconnaissante de vous saluer, vous
qui avez rendu ce concert possible et, avec vous de saluer le Chef d’Orchestre,
M Howwart Arman, les solistes, ainsi que le chœur et
l’orchestre. Nous vous remercions d’avoir voulu nous offrir l’étincelle divine
de la joie et nous espérons que celle-ci puisse s’allumer en vous et en nous
tous. »(O.R. 21 octobre 2003, p. 4)
Le 18 octobre
Dans la matinée du samedi 18 octobre,
le pape a rencontré, dans la salle Paul Vi, les membres du collège cardinalice
à l’issue de leur Congrès. Cette rencontre concluait le Congrès. Dans son
discours, le pape affirma : « Aujourd’hui apparaît d’une
certaine façon, de manière plus visible encore le sens d’unité et de
collégialité qui doit animer lers saints pasteurs
dans le service commun au peuple de Dieu. Merci de votre témoignage. »
Mais c’est là, dit le
pape, une nécessité : « Il est indispensable de cultiver entre nous
une profonde unité qui ne se limite pas à une collégialité affective mais qui
se fonde sur un plein partage doctrinal et qui se traduit par une entente
harmonieuse au niveau opératif .
Il a reconnu aussi que
« l’homme d’aujourd’hui ne pourra trouver la paix que dans l’amour pour
Dieu poussé jusqu’à la disponibilité à se sacrifier lui-même ».
A l’heure de 13 heures,
des agapes fraternelles eurent lieu à la « Domus
Sanctae Martae »
Là, le pape offrit aux
participants cardinaux, patriarches, présidents des conférences épiscopales une
copie du « Codex Bodmer » qui reproduit le texte de la première
Epître de Saint Pierre, écrite à Rome dans les années 63-64 ainsi qu’une croix
pectorale.
L’homélie du
pape, inscrivant Mère Térèsa dans « l’album des
bienheureux » est courte. La voilà en son entier.
L’homélie du
pape : Mère Teresa, icône du bon samaritain.
« Celui
qui voudra être le premier parmi vous, sera l’esclave de tous »(Mc 10,44). Ces paroles de Jésus aux disciples, qui ont
retenti il y a peu sur cette place, indique quel est le chemin qui conduit à la
« grandeur »évangélique. C’est la route que le Christ lui-même
parcourue lusqu’à la Croix ; un itinéraire
d’amour et de service, qui renverse toute logique humaine. Etre le serviteur de
tous !
C’est par
cette logique que s’est laissée guider Mère Teresa de Calcutta. Fondatrice des
Missionnaires de la Charité, hommes et femmes, que j’ai la joie d’inscrire
aujourd’hui dans l’Album des Bienheureux. Je suis personnellement reconnaissant
à cette femme courageuse, dont j’ai toujours ressenti la présence à mes côtés.
Icône du Bon Samaritain, elle se rendait partout pour servir le Christ chez les
plus pauvres parmi les pauvres. Même les conflits et les guerres ne
réussissaient pas à l’arrêter. De temps en temps, elle venait me parler de ses
expériences au service des valeurs évangéliques. Je me rappelle par exemple de
ses interventions en faveur de la vie et contre l’avortement, notamment
lorsqu’elle reçut le prix Nobel pour la paix(Oslo, 10
décembre 1979). Elle avait l’habitude de dire : »si vous vous
entendez dire qu’une femme ne veut pas garder son enfant et désire avorter,
essayez de la convaincre de m’apporter cet enfant. Moi, je l’aimerai, voyant en
lui le signe de l’amour de Dieu »
N’est-il pas
significatif que sa béatification ait lieu précisément le jour où l’Eglise
célèbre la journée Mondiales des Missions ? A travers le témoignage de sa
vie, Mère Teresa rappelle à tous que la mission évangélisatrice de l’Eglise
passe à travers la charité, alimentée par la prière et par l’écoute de la
parole de Dieu. L’image qui représente la nouvelle bienheureuse alors que d’une
main, elle tient la main d’un enfant et que, de l’autre, elle égrène le
Chapelet, est représentative de ce style missionnaire.
Contemplation
et action, évangélisation et promotion humaine : Mère Teresa proclame
l’évangile à travers sa vie entièrement offerte aux pauvres, mais dans le même
temps, enveloppée par la prière.
« Celui qui voudra devenir grand parmi vous, sera votre
serviteur » (Mc 10,43)C ?est avec une émotion particulière que nous
évoquons aujourd’hui le souvenir de Mère Teresa, une grande servantes des
pauvres, de l’Eglise et du monde entier. Sa vie est un témoignage de la dignité
et du privilège du service humble. Elle avait choisi d’être non seulement la
dernière, mais la servante des derniers. Véritable mère pour les pauvres, elle
s’est agenouillée auprès de ceux qui souffraient de diverses formes de
pauvreté. Sa grandeur consiste dans sa capacité à donner sans compter, à donner
« jusqu’à souffrir ». Sa vie était une façon radicale de vivre l’Evangile
et de le proclamer avec courage. Le cri de Jésus sur la croix, « J’ai
soif » (Jn 19,28), qui exprimait la profondeur
de la soif de Dieu pour l’homme, a pénétré dans l’âme de Mère Teresa et a
trouvé un terrain fertile dans son cœur. Etancher la soif d’amour et d’âmes de
Jésus, en union avec Marie, la mère de Jésus, était devenu l’unique objectif de
l’existence de Mère Teresa et la force intérieure qui la faisait se dépasser
elle-même et « aller en toute hâte » à travers le monde pour œuvrer
en vue du salut et de la sanctification des plus pauvres d’entre les pauvres.
4. « Dans la mesure où vous l’avez fait à l’un de ces plus petits de mes
frères, c’est à moi que vous l’avez fait »(Mt25,40).
Ce passage de l’Evangile, si crucial pour comprendre le service de Mère Teresa
aux pauvres, était à la base sz sa conviction emplie
de foi selon laquelle en touchant les corps brisés des pauvres, c’était le
corps du Christ qu’elle touchait. C’est à Jésus lui-même, caché dans les
souffrances des plus pauvres, que son service était adressé. Mère Teresa
souligne la signification la plus profonde du service : un acte d’amour
fait à ceux qui ont faim, soif, qui sont étrangers, nus, malades et prisonniers
(cf.Mt25,35-36) est fait à Jésus lui-même ;
En le reconnaissant, elle
lui prodiguait ses soins avec une sincère dévotion, exprimant la délicatesse de
l’amour sponsal. Ainsi, dans un don total d’elle-même
à Dieu et à son prochain, Mère Teresa a trouvé le plus grand accomplissement de
la vie et a vécu les plus nobles qualités de sa féminité. Elle voulait être un
signe de « l’amour de Dieu, la présence de Dieu, la compassion d e
Dieu » et rappeler ainsi à tous la valeur et la dignité de chaque enfant
de Dieu, « créé pour aimer et être aimé ». Ainsi, Mère Teresa « conduisait
les âmes à Dieu et Dieu aux âmes » et étanchait la soif du Christ, en
particulier chez les plus indigents, ceux dont la vision de Dieu avait été
voilée par la souffrance et la douleur.
5. « Le Fils de
l’homme est venu pour servir et donner sa vie en rançon pour une multitude »(Mc 10,45). Mère Teresa a partagé la passion du Crucifié,
de manière particulière au cours de longues années d’ « obscurité
intérieure ». Ce fut une épreuve parfois lancinante, accueillie comme un
« don et un privilège » singuliers.
Lors des heures les plus
sombres, elle s’accrochait avec plus de ténacité à la prière devant le Saint
Sacrement. Ce dur travail spirituel la conduite à s’identifier toujours plus
avec ceux qu’elle servait chaque jour, faisant l’expérience de leur peine et
parfois même du rejet. Elle aimait répéter que la plus grande pauvreté est
celle d’être indésirable, de n’avoir personne qui prenne soin de soi.
6. « Seigneur,
donne-nous Ta grâce, en Toi nous espérons ! ». Combien de fois, comme
le Psalmiste, Mère Teresa a elle aussi répété à son Seigneur, dans les moments
de désespoir intérieur : « En
Toi, en Toi j’espère, mon Dieu ! »
Rendons louange à cette
petite femme qui aimait Dieu, humble messagère de l’Evangile et inlassable
bienfaitrice de l’humanité. Nous honorons en elle l’une des personnalités les
plus importantes de notre époque. Accueillons-en le message et suivons-en
l’exemple.
Vierge Marie, Reine de tous les Saints,
aide-nous à être doux et humble de cœur comme cette courageuse messagère de
l’Amour. Aide-nous à servir avec la joie et le sourire, chaque personne que nous
rencontrons. Aide-nous à être des missionnaires du Christ, notre paix et notre
espérance. Amen ! » (O.R. 21 octobre 2003p 10)
Le pape a reçu en
audience, dans la salle Paul VI , les pèlerins venus à
Rome pour la béatification de Mère Teresa de Calcutta qui s’était déroulée la veille sur la Place Saint Pierre.
Le Saint Père, après avoir reçu 25 chapelets réalisés par les novices de
Calcutta, en témoignage d’affection religieuse prononça les belles paroles
suivantes :
« Vénérés frères
dans l’épiscopat,
Chères et chers
Missionnaires de la Charité,
Très chers frères et
sœurs !
1-Je vous
salue cordialement et m’unis avec joie à votre prière d’action de grâce à Dieu
pour la béatification de Mère Teresa de Calcutta. J’étais lié à elle par une
grande estime et une sincère affection. C’est pourquoi je suis particulièrement
heureux de me trouver avec vous, ses filles et fils spirituels. Je salue de
manière particulière Sœur Nirmala, me rappelant du
jour où Mère Teresa vint à Rome pour me la présenter personnellement. Ma pensée
s’étend à toutes les personnes qui composent la grande famille spirituelle de
cette nouvelle bienheureuse.
2-« Missionnaires de la
charité : telle a été Mère Teresa, en nom et dans les faits ». C’est
avec émotion que je répète aujourd’hui ces paroles que je prononçai le
lendemain de sa mort. Avant tout, missionnaire. Il ne fait aucun doute que la
nouvelle bienheureuse ait été l’une des plus grandes missionnaires du XX°
siècle. De cette femme simple, venant d’une des régions les plus pauvres
d’Europe, le Seigneur a fait un instrument élu pour annoncer l’Evangile au
monde entier non par la prédication, mais à travers des gestes d’amour
quotidien envers les plus pauvres. Missionnaire dans le langage le plus
universel : celui de la charité sans limite et sans exclusion, sans
préférence sinon pour les plus pauvres. Missionnaire de la charité.
Missionnaire de Dieu qui est charité, qui privilégie les petits et les humbles,
qui se penche sur l’homme blessé dans son corps et dans son esprit et verse sur
ses plaies « l’huile de la consolation et le vin de l’espérance ».
Dieu a fait cela dans la Personne de son
Fils fait homme, Jésus-Christ, Bon Samaritain de l’humanité. Il continue de la
faire dans l’Eglise, en particulier à travers les saints de la charité. Mère
Teresa brille de manière particulière parmi ces derniers.
3- Où Mère Teresa
a-t-elle trouvé la force de se mettre tout entier au service des autres ?
Elle la trouva dans la prière et dans la contemplation silencieuse de
Jésus-Christ, de son saint Visage, de son Sacré Cœur. Elle l’a dit
elle-même : « Le fruit du silence est la prière ; le fruit de la
prière est la foi ; le fruit de la foi est l’amour ; le fruit de
l’amour est le service ; le fruit du service est la paix ». La paix,
même aux côtés des mourants, même confrontée aux attaques et à des critiques
hostiles. C’est la prière qui emplissait son cœur de la paix du Christ et lui
permettait de faire rayonner cette paix sur les autres.
4- Une missionnaire de la
charité, une missionnaire de la paix, une missionnaire de la vie. Mère Teresa
était tout cela. Elle s’exprimait toujours pour défendre la vie humaine, même
lorsque son message n’était pas le bien-venu. Toute l’existence de Mère Teresa
était un hymne à la vie. Ses rencontres quotidiennes avec la mort, la lèpre, le
Sida et toutes sortes de souffrances humaines faisait
d’elle un témoin efficace de l’Evangile de la vie. Même son sourire était un
« oui » à la vie, un « oui » joyeux, né d’une foi et d’un
amour profond, un « oui » purifié au creuset de la souffrance. Elle
renouvelait ce « oui » chaque matin, en union avec Marie, au pied de
la croix du Christ. La soif de Jésus crucifié devenait la soif de Mère Teresa
elle-même et l’inspiration de son chemin de sainteté.
5- Teresa de Calcutta a
réellement été une Mère. Mère des pauvres, mère des enfants. Mère de si
nombreuses jeunes filles et de tant de jeunes qui l’ont adoptée comme guide
spirituel et ont partagé la mission. A partir d’une petite semence, le Seigneur
a fat croître un grand arbre, fécond en fruits. Filles et fils de Mère Teresa,
vous êtes justement les signes les plus éloquents de cette fécondité
prophétique. Conservez intact son charisme et suivez ses exemples ; elle,
depuis le ciel, ne manquera pas de vous soutenir dans votre chemin quotidien.
Le message de Mère Teresa, à présent plus que jamais, apparaît toutefois comme
une invitation adressée à touts. Son existence toute entière nous rappelle
qu’être chrétiens signifie être des témoins de la charité. Telle est la
consigne de la nouvelle bienheureuse. En faisant écho à ses paroles, j’exhorte
chacun à suivre avec générosité et courage les pas de cette
disciple authentique du Christ. Sur le chemin de la charité, Mère Teresa marche
à vos côtés. De tout cœur, je vous accorde, ainsi qu’aux personnes qui vous
sont chères, la Bénédiction apostolique. » (O.R. 28 octobre 2003 p.11)
Le pape
Jean-Paul II a tenu, sur la Place Saint-Pierre, un Consistoire ordinaire
public, le 8° de son Pontificat, pour la création de 30 nouveaux cardinaux
(plus un in pectore). Il leur a adressé un vibrant
appel à la sainteté et à l’esprit de service, un appel centré sur ces deux
phrases de NSJC : « Paissez le troupeau de Dieu qui vous est confié
en devenant les modèles du troupeau »(1 pet 5,1-2) et « Celui qui
voudra devenir grand parmi vous sera votre serviteur parmi vous, sera l’esclave
de tous » (Mc 10,14), enseignement du Christ qui est « en net
contraste avec celle du monde : mourir à soi-même pour devenir des
serviteurs humbles et désintéressés de ses frères, en fuyant toute tentation de
carrière et de bénéfice personnel » (O.R. 28 octobre 2003 )