Deuxième Dimanche de l’Avent.
« Tout ce qui a été écrit,
jadis, l’a été pour notre instruction, afin que, par la persévérance et la
consolation que donnent les Ecritures, nous possédions l’espérance….
Accueillez-vous donc les uns les autres
comme le Christ vous a accueillis, pour la gloire de Dieu. Car, je le dis, le
Christ a été le serviteur des circoncis, à cause de la vérité de Dieu, pour
confirmer les promesses faites à leurs pères ; mais les nations, c’est à
cause de la miséricorde qu’elles rendront gloire à Dieu, selon qu’il est
écrit : « aussi, je te louerai
parmi les nations ,Seigneur ! Je chanterai
pour ton nom ». (Rm15, 4-12)
Telles sont les paroles pleines de
mystères que l’Eglise met dans la bouche de son prêtre en ce deuxième dimanche
de l’Avent Elles les tire de l’Epître de
Saint Paul aux Romains
Que veut, par ces paroles, nous enseigner l’Eglise en
ce dimanche ? Quel est l’enseignement de
tous les textes de cette messe ? Ils sont d’une richesse
extraordinaire !
L’Eglise veut nous rappeler :
-
tout
d’abord que le Seigneur Jésus-Christ est
le sauveur du genre humain. C’est
l’objet même de l’Introït, des premiers mots de cette
messe : « Peuple de Sion, le Seigneur va venir pour sauver les
nations ». « Populus Sion, ecce Dominus veniet ad salvandas
gentes ».Ce sont les paroles tirées du livre d’Isaïe en son chapitre 30,
verset 30. C’est la première idée de cette messe.
-
puis
l’Eglise veut nous faire comprendre que
ce salut est universel. Qu’Il s’adresse non seulement au peuple juif mais également
aux païens, aux gentils.
-
que
ce salut universel est le fondement de
l’espérance chrétienne. Une des caractéristiques du « Peuple de
Dieu » et donc de la chrétienté.
-
Espérance
chrétienne du salut qui est la source
également de la joie chrétienne.
Voilà ce que nous annonce l’Ecriture
Sainte. La Révélation. Sous ce rapport, elle est vraiment notre instruction. Et
cette instruction est vraiment notre consolation, dans cette vallée de larmes,
parce que, nous annonçant le salut promis, elle nourrit notre espérance,
fortifie et soutient notre joie.
Précisons tout cela pour le mieux
goûter et le mieux méditer.
a) du salut des « circoncis »
« du peuple de Sion ».
C’est l’œuvre du Christ-Jésus.
C’est Lui qui a accompli cette œuvre, cette œuvre salvifique. Elle fut, du
reste, annoncée par les Ecritures.
Toutes les Ecritures sont pleines de
l’annonce de la venue du Messie. Toutes les Ecritures parlent de Lui,
l’annonce, le décrive. En ce sens, les Ecritures sont, comme le dit Saint Paul,
« notre instruction », « ad
nostram doctrinam
scripta sunt ».
Et de fait, avant qu’Il soit né, son histoire
est écrite
Et c’est pour cette raison que
l’Eglise nous propose aujourd’hui cet Evangile de Saint Mathieu. Jésus, pour se
faire reconnaître de son peuple, ici des disciples de Saint Jean Baptiste, leur
rappelle ce qu’ont annoncé les Ecritures. Elles ont annoncé que le Messie
serait thaumaturge. « Allez
rapporter à Jean ce que vous entendez et voyez : les aveugles voient, les
boiteux marchent, les lépreux sont guéris, les sourds entendent, les morts
ressuscitent, la Bonne Nouvelle est annoncée aux pauvres ». Et c’est, de
fait, le prophète Isaïe qui l’annonce en son chapitre 35, 5-6 : «
Prenez courage, ne craignez point. Voici votre Dieu. La vengeance vient, une
revanche divine. Il vient lui-même et vous sauvera. Alors s’ouvriront les yeux
des aveugles. Alors s’ouvriront les oreilles des sourds. Le boiteux bondira
comme un cerf et la langue du muet éclatera de joie ».
Oui l’Ecriture est pleine de récits
sur le Messie et son œuvre rédemptrice. Vous comprenez, alors, pourquoi Saint
Paul insiste en son épître aux Romains et écrit : « Tout ce qui
a été écrit jadis l’a été pour notre instruction afin que la persévérance et la
consolation que donnent les Ecritures nous possédions l’espérance ».
Les Ecritures nous enseignent que le
Messie, le Christ aura un précurseur. C’est encore le prophète
Isaïe qui l’enseigne. Ecoutez : « Une voix crie. Frayez dans le
désert le chemin de Yahweh. Aplanissez dans la steppe une route pour notre
Dieu. Que toute vallée soit relevée.
Toutes montagnes et toute colline abaissée. Que
la hauteur devienne une plaine et les roches escarpées un vallon ».
Mais ce sont les paroles mêmes du
précurseur, de Saint Jean Baptiste que nous rapporte Saint Luc dans son
Evangile en son chapitre 3 : « C’est par ces discours qu’il annonçait au peuple la bonne
nouvelle ». Jean-Baptiste, le précurseur du Christ.
L’Ecriture nous dit encore du Messie
qu’il doit naître « enfant ».
C’est encore Isaïe, le Prophète qui parle ainsi : « Car un
enfant nous est né, un fils nous est donné. L’empire a été posé sur ses épaules
et on lui donne pour nom : Conseille. Admirable. Dieu fort. Père éternel.
Prince de la Paix ». Mais qui ne voit que c’est là le chant des Anges, la
nuit de Noël, venant appeler les bergers chanter la gloire de leur Maître.
« Un enfant nous est né. Ne craignez point car je vous annonce une
nouvelle qui sera pour tout le peuple une grande joie. Il vous est né
aujourd’hui dans la ville de David, un sauveur qui est le Christ. Et voici ce
qui vous servira de signe : vous trouverez un nouveau-né enveloppé de
langes et couché dans une crèche ». L’Ecriture est vraiment
« instruction » du peuple.
L’Ecriture
nous annonce, encore qu’il doit naître
d’une Vierge, dans la ville de Bethléem,
qu’il doit descendre d’Abraham, sortir de la tribu de Juda, de la famille de
David. Qu’il naîtra quand Juda aura perdu le sceptre de l’autorité et que les 70 semaines fixées par David
seront écoulées. Il est écrit qu’Il
annoncera le Royaume de Dieu aux
pauvres et aux petits. C’est ce que fait remarquer Notre Seigneur aux
disciples de Saint Jean Baptiste : « Allez rapporter à Jean…. que la
Bonne Nouvelle est annoncée aux pauvres ». Qu’il ouvrira les yeux aux
aveugles et rendra la santé aux infirmes. Qu’il enseignera la voix parfaite.
Qu’il sera le précepteur des gentils. Qu’il les convertira. C’est toute
l’annonce d’Isaïe au chapitre 55 qu’il me plait de vous rappeler : «
O vous qui avez soif, venez aux eaux. Vous-mêmes qui n’avez pas d’argent, venez
acheter du blé et mangez. Venez acheter sans argent et sans rien donner en
échange, du vin et du lait. Pourquoi dépenser de l’argent pour ce qui n’est pas
du pain, votre travail pour ce qui ne rassasie pas ? Et écoutez moi donc
et mangez ce qui est bon et que votre âme se délecte de ce qui est succulent.
Prêtez l’oreille et venez à moi. Ecoutez et que votre âme vive et je conclurai avec vous un pacte éternel,
vous accordant les grâces assurées à David ».
C’est le salut du « peuple de Sion » qui est
ici annoncé. Voilà pourquoi on parle de ce peuple comme du peuple des
promesses. A ce peuple, en effet, les promesses du salut. Et c’est le Christ
Jésus, le Messie, qui accomplira, dans le temps, « en la plénitude des
temps », dira Saint Paul, les promesses du salut aux bénéfices des
Hébreux, des fils d’Abraham et de David, par son Incarnation Rédemptrice, par
son « sacrifice ». Il réalisera le « pacte éternel » avec
son peuple. Il le comblera ainsi de grâces et de bénédictions. Et c’est ce que
veut dire Saint Paul quand il écrit dans son Epître aux Romains :
« J’affirme en effet que le Christ s’est fait serviteur des circoncis pour
faire honneur à la véracité divine, (c’est-à-dire à la parole divine) en
accomplissant les promesses faites à leurs pères », « aux pères des
circoncis », circoncits en raison du pacte conclu par Dieu avec Abraham,
Isaac et Jacob.
b)
du salut des gentils, des païens.
Et le prophète Isaïe poursuit son
récit : « Voici que je l’ai établi témoin auprès des peuples, des
nations, prince et dominateur des
peuples, des nations. Voici que tu appelleras la nation que tu ne connaissais
pas et les nations, qui ne te connaissaient pas, accourront à Toi à cause de Yahweh, ton Dieu
et du Saint d’Israél, parce qu’il t’a glorifié ».
Ainsi le Christ, l’Oint du Seigneur,
sera aussi le Sauveur des nations, des gentils. Il leur fera, là aussi ,
miséricorde, mais là, non en raison du « pacte divin », non en raison
des Ecritures, non « en raison des promesses faites aux Pères »,
mais, essentiellement par « pure miséricorde », par pure « bienveillance ».
« Quant aux nations, dit Saint Paul aux Romains, c’est à cause de la miséricorde qu’elles rendront gloire à
Dieu ». Elles sont sauvées par la miséricorde de Dieu et non en vertu des
promesses.
c) la finalité du salut : la gloire
de Dieu ;
Mais, finalement, peu importe le motif, la raison du salut, peu importe
qu’il soit réalisé selon les promesses ou qu’il le soit au bénéfice de la seule
miséricorde, tous, dans l’unité des cœurs glorifient Dieu, doivent glorifier Dieu de son salut offert et
réalisé dans le Christ-Jésus et son sacrifice. Et ils
le doivent glorifier dans l’unité des cœurs. Voilà ce que demande très concrètement
Saint Paul dans son épître aux Romains : « Que le Dieu de la
persévérance et du réconfort vous donne d’être d’accord entre vous selon le
Christ Jésus, pour que, d’un même cœur, d’une seule bouche, vous rendiez gloire
au Dieu et Père de Notre Seigneur
Jésus-Christ ».Le salut donné par le Christ n’est pas seulement notre
glorification, il doit aussi être tourné à la gloire de Dieu. Le salut n’est
pas seulement notre glorification, mais aussi la gloire de notre Dieu. Notre
glorification est aussi et d’abord la gloire de Dieu.
d)
le fondement de l’espérance
Et c’est dans ce salut réalisé
par Notre Seigneur Jésus-Christ que le peuple hébreux et les gentils trouvent
et fondent, tous, leur espérance.
Et voilà pourquoi, encore, Saint Paul
parle très heureusement des Ecritures comme étant source de « persévérance
et de réconfort », - en latin, comme étant source de « patientia »
et de « consolatio », « ..ut
per patientiam et consolationem Scripturarum »-
parce que par elles, grâce à elles, « nous, hébreux comme gentils,
possédons l’espérance », « habeamus spem ». Les Ecritures, ayant prédit le salut qui, de
facto, est réalisé, annoncent l’espérance, sont source de l’espérance. Par
Elles, nous possédons l’espérance. C’est merveilleux
e) le salut, source de joie et de
paix ;
Voilà aussi pourquoi le salut,
réalisé en son Christ, est raison et de la joie des élus et de leur paix ainsi
que de leur action de grâce. De la paix des élus avec Dieu, en raison du pacte
d’alliance conclu et résolu. Ne nous étonnons pas de voir dans la liturgie
catholique, au cœur de son plus beau sacrement, l’Eucharistie, qui est le véritable
pacte d’alliance avec Dieu, une allusion
claire à l’ « Alliance Eternelle , « Novum Testamentum ».
Paix des élus, non seulement avec
Dieu, mais aussi entre eux, entre toutes les nations. Juifs et gentils ne font
qu’un seul peuple, sauvé par le même sacrifice. Ils doivent chanter, tous, par reconnaissance,
même si les motifs sont différents, la gloire de Dieu pour sa bonté.
« C’est pourquoi Seigneur je te louerai parmi les nations ».
« C’est pourquoi je chanterai à la gloire de ton nom ». « C’est
pourquoi je me réjouirai, nation, avec son peuple ». « C’est
pourquoi je te louerai éternellement et te célébrerai ». « En Toi,
Seigneur, je mets mon espérance ».
C’est pourquoi j’apprécie tellement
cette définition de Dieu que nous donne Saint Paul : le « Dieu de
l’espérance » Cette définition raisonne en mon cœur autant et plus même
que cette définition de Saint Jean: « Deus caritas
est ». Le « Dieu de l’espérance » ! C’est-à-dire, le Dieu
qui fait naître, dans le cœur humain, l’espérance du Ciel. Car Il a envoyé son
Fils. Seul Sauveur. Seul Rédempteur.
Alors on peut comprendre la beauté de
la salutation finale de cette épître aux Romains : « Que le Dieu de
l’espérance vous donne toute la plénitude de la
joie et de la paix dans la foi pour que vous soyez riches d’espérance par la
vertu de l’Esprit-Saint ».
AMEN
N.B. Et avec ces quelques
explications, vous pourrez mieux goûter, chers lecteurs, les belles prières que sont les
« grandes antiennes » du Temps de l’Avent. Prenez votre livre de messe,
le vrai livre du chrétien, le vrai livre de prières en famille. Vous les
trouverez, pour les méditer, dans le temporal, après le 3ième dimanche de l’Avent.