Troisième Dimanche de l’Avent.
“Gaudete in Domino semper. Iterum dico, gaudete ...Dominus prope est ».
« Soyez toujours joyeux dans le
Seigneur. Je le répète : soyez joyeux… Le Seigneur est proche ».
La source de la joie surnaturelle est
dans la foi en Notre Seigneur Jésus-Christ, dans la confession de Notre
Seigneur Jésus-Christ, vrai Fils de Dieu. Cela ressort, à l’évidence, de la
déclaration de Saint Paul aux Philippiens :
« Gaudete : Dominus
prope est ». « La venue du Seigneur est
proche. Réjouissez-vous ». « Soyez dans la joie, l’allégresse ».
Confessez le Christ, comme Seigneur et Maître, comme Sauveur et
Rédempteur,comme Principe et Fin de toutes choses, comme Principe de la
création, comme Fin de toute créature, confesser cela avec certitude et conviction,
vous serez dans la joie. Vous connaîtrez la joie, la paix, la béatitude. En
d’autres termes, la confession de la vraie foi en Notre Seigneur a pour
conséquence, pour immense avantage, la joie de l’âme. Saint Paul le dit et le
proclame aux Philippiens.
Notre Seigneur le disait déjà à Saint
Pierre après qu’il eut confessé sa divinité, à Césarée : « Bienheureux es-tu Simon, fils de
Jonas. Car ce n’est ni la chair ni le sang qui te l’ont révélé, mais c’est mon Père qui est dans les Cieux ». (Mt
16,16) Notre Seigneur proclame le bonheur du prince des Apôtres en raison de
son acte de foi en la divinité de Notre Seigneur Jésus-Christ. « Tu es le
Christ, le Fils de Dieu vivant ». C’est pourquoi nous avons aussi cette belle profession de
foi de Saint Jean-Baptiste dans l’Evangile de ce
jour : « Je baptise dans l’eau ; mais au milieu de vous,
quelqu’un est là, que vous ne connaissez pas. Lui qui vient derrière moi – qui
post me venturus est - qui a été fait avant moi –qui ante me factus est et je ne suis pas digne de dénouer la courroie
de sa sandale ». (Jn, I27) ; Profession
claire, là aussi, de la divinité de Notre Seigneur.
Et l’on comprendra facilement
pourquoi la joie est le fruit
merveilleux de la foi car, comme le dit Saint Jean dans son Evangile,
« celui qui confessera que Jésus est le Fils de Dieu, Dieu demeurera en
Lui et lui en Dieu » (Saint Jean). Quel plus grand bien une âme peut-elle
posséder sinon Dieu !
Oui que nous procure la foi, demande
le prêtre au baptême d’un enfant ? « La vie éternelle » lui fait
répondre l’Eglise. Mais la vie éternelle, c’est la
possession de Dieu, dans la foi,déjà ici-bas. La foi
engendre la joie de posséder Dieu. Ce qui met l’âme dans la paix. Dès lors il
faut dire que la paix et la joie sont les fruits de la foi. Ce n’est pas une
petite affirmation. Vous avez du mal à le croire ? Faites en l’expérience.
Il faut le dire et le répéter en
cette époque de doute systématique et par conséquent de tristesse et d’inquiétude.
Le chrétien ne connaît pas cet
univers. Le chrétien est joyeux. Il est celui qui se réjouit sans cesse dans le
Seigneur. « Gaudete in Domino semper. Iterum dico :Gaudete…
Dominus prope est ».
Il est dans la joie de la venue de son Seigneur et Maître. Le Temps de Noël est
le Temps, par excellence, de la joie. C’est le Temps, par excellence, de la
proclamation de la foi. « Il vous est né aujourd’hui, dans la ville de
David, un Sauveur, qui est le Christ,le Seigneur »(Lc.2,11) Et succède alors la liesse angélique ainsi que
celle des bergers et celle de notre Dame et de Saint Joseph.
Essayons, Bien chers lecteurs, de
mieux comprendre la raison de la joie chrétienne.
Non seulement, nous en devons rendre
compte. Mais c’est là, surtout, un
apostolat facile : une foi communicative par la joie chrétienne goûtée
dans le Mystère de Dieu
Pour bien apprécier cela – les fruits
merveilleux de la foi – il faut se rappeler les conséquences du péché originel.
A peine Adam eut-il désobéi à Dieu et transgressé l’ordre divin : « Tu
peux manger de tous les fruits du jardin, mais ne touche pas à l’arbre de la
science du bien et du mal ; car le jour où tu mangeras de son fruit, tu
mourras de mort », à peine eut-il fait cela qu’il tomba aussitôt dans ce
malheur affreux qui lui fit perdre et la sainteté et la justice dans lesquels
il avait été créé. Lui-même devint sujet à une foule d’autres maux que le Saint
Concile de Trente a enseigné. Il me plait de vous le rappeler en vous donnant
son chapitre 1 de la 5 ième session consacré au péché originel :
« Si quelqu’un ne confesse pas
qu’Adam, le premier homme, après avoir transgressé le commandement de Dieu dans
le paradis, perdit immédiatement la sainteté et la justice dans lesquelles il
avait été établi, et encourut, par le dommage résultant de cette prévarication, la colère et l’indignation de
Dieu et, par suite, la mort dont Dieu l’avait auparavant menacé et, avec la
mort, la servitude sous le pouvoir de celui « qui depuis possède l’empire
de la mort »(Hb 2,14), c’est-à-dire du
diable ; et que, « par l’offense résultant de cette prévarication,
Adam tout entier, dans son corps et dans son âme, a été changé en un état
pire », qu’il soit anathème »
De plus, il ne faut pas oublier que ce péché et son châtiment ne se
sont point arrêtés en Adam, mais qu’il a été, lui, Adam, comme la source et le
principe qui les a fait passer justement à toute sa postérité.
C’est là encore ce que le Saint Concile de Trente nous enseigne :
« Si quelqu’un affirme que la prévarication d’Adam n’a nui
qu’à lui seul et non à sa descendance », et qu’il a perdu la sainteté et
la justice reçues de Dieu pour lui seul et non aussi pour nous ; ou que,
souillé par son péché de désobéissance, il a transmis « seulement la
mort » et les peines du corps à tout le genre humain, mais non le
péché, qui est la mort de l’âme, qu’il soit anathème ; car il contredit
l’Apôtre qui dit : « Par un seul homme, le péché est entré dans
le monde, et par le péché, la mort, et ainsi la mort a passé dans tous les hommes, tous ayant péché en
lui »(Rm 5,12).
Dès lors, le genre humain étant tombé
de si haut, et le péché ayant, en soi, une malice infinie, parce qu’il s’oppose
et refuse la volonté de Dieu, et veut même comme anéantir, si cela était
possible, une majesté d’une dignité infinie : Dieu lui-même,
rien, ni les forces des hommes, ni
les forces des Anges, rien, ni les actes les plus nobles des plus nobles
créatures, ne pouvait le relever et le remettre dans son état premier de paix
et de joie avec Dieu. Aucun acte humain,
le plus noble, le meilleure que vous puissiez imaginer, parce qu’humain et donc
fini, ne pouvait compenser l’infinie malice du péché originel, ne pourrait
réparer l’infinie malice du péché originel. Et donc racheter le genre humain et
apaiser la justice de Dieu.
A ces malheurs, à cette ruine, il ne
restait de remède qu’un acte d’une bonté infinie. Il ne restait de remède que
le Fils de Dieu lui-même, avec sa puissance infinie et sa bonté infinie. Seul
le Fils de Dieu pouvait, en revêtant l’infirmité de notre chair, par son
Incarnation, seul Il pouvait, en sa
personne divine, détruire la malice infinie du péché originel, nous réconcilier
avec Dieu en payant de son sang, dans cet anéantissement total, le prix de
notre rachat. Il nous rachetait et nous réconciliait avec Dieu, dans son
sacrifice, compensant, par cet anéantissement, l’orgueil d’Adam, en son péché.
C’est l’enseignement du Concile de
Trente, dans son paragraphe trois de sa 5 ième
session.
« Si quelqu’un affirme que ce
péché d’Adam, qui est un par son origine et qui, transmis à tous par
propagation héréditaire et non par imitation, est propre à chacun, peut être
enlevé par les forces de la nature humaine ou par un autre remède que les
mérites de l’unique médiateur, notre Seigneur Jésus-Christ, qui nous a
réconciliés avec Dieu dans son sang, « devenu pour nous justice,
sanctification et rédemption »(1 Cor 1,30)… qu’il
soit anathème. Car, « il n’est pas d’autre nom sous le ciel qui ait été
donné aux hommes, par lequel nous devons être sauvés » (Act 4,12). D’où cette parole : « Voici l’agneau
de Dieu, voici celui qui ôte les péchés du monde » (Jn
1,29), et celle-ci : « Vous tous qui êtes baptisés, vous avez
revêtu le Christ » (Gal 3,27).
Voici la raison profonde de notre joie et de notre allégresse. Vivons-en,
principalement en ces Temps qui nous préparent à la Nativité du Seigneur. Nous
allons fêter la venue du Seigneur. Il est «l’Agneau de Dieu »,
« Celui qui enlève les péchés du monde ». Il est Celui qui
« baptise dans l’eau et l’Esprit Saint ». C’est la confession de foi de Saint Jean Baptiste
en ce Dimanche. Il est donc la porte de l’Eternité. Il est Celui qui nous ouvre
les portes du Royaume de Dieu. Il est Celui qui nous sanctifie, qui nous
justifie, qui nous rachète en son Sang. Il est la « rançon » agrée.
Il est notre justice, notre sanctification, notre rédemption. Grâce à Lui, nous
sommes redevenus, dans le baptême de l’eau et de l’Esprit, dans le baptême
aussi de pénitence, innocents, sans souillure, irréprochables, aimés de Dieu,
héritier de Dieu, cohéritiers du Christ.
Si bien que rien, absolument rien n’empêche notre entrée dans le Ciel,
ce lieu de béatitude. Et cela par pure miséricorde, indépendamment de nos
mérites, par bienveillance. Par bienfaisance.
Voilà la raison de la joie
chrétienne.
Peut-il y avoir plus belle religion ?
Dans la nuit de Noël, nous saurons
dire avec Saint Jean : « Dieu a tellement aimé le monde qu’il a
donné son Fils unique, afin que quiconque croit en Lui, ne périsse pas, mais
ait la vie éternelle ».(Jn
3,16)
Alors comment ne pas être sensible à
ces beaux poèmes de l’Eglise émerveillée disant et chantant dans les jours précedents Noël, ces Grandes antiennes :
O Adonaï (C’est un des noms de Dieu dans la Bible),
chef de la maison d’Israël, toi qui apparus à Moïse dans la flamme du buisson
embrasé et lui donna la Loi sur le Sinaï : viens nous racheter par la
puissance de ton bras. « Veni ad redimendum nos in brachio externo ».
O rejeton de Jessé, signe de
ralliement pour les peuples, toi devant qui les rois garderont le silence et
que les peuples invoqueront : viens nous délivrer, ne tarde plus
désormais. « Veni ad liberandum
nos, iam noli tardare »
O Clef de David et sceptre de la
maison d’Israël, toi qui ouvres et nul ne peut fermer, qui fermes et nul ne
peut ouvrir : viens tirer de sa prison le captif qui attend dans les
ténèbres et les ombres de la mort. « Veni et educ vinctum de domo carceris, sedentem in tenebris et umbra mortis ».
Amen.