Le scandale d'Assise s'est renouvelé le 28 octobre 1987 à Rome même !

 

Après Assise et la réunion de Kyoto au Japon où la religion catholique, la seule vraie instituée par Notre Seigneur Jésus-Christ, s'est trouvé diluée au milieu des fausses religions, c'est à Rome qu'a été célébré 1 anniversaire de la naissance de « l'esprit d Assise ».

 

Le mensuel « SI, SI, NO, NO» a publié sur cette réunion au cours de laquelle le Vatican a accepté que la religion catholique soit assimilée aux hérétiques et aux schismatiques une étude particulièrement pertinente.

 

Nous la reproduisons ci-dessous comme un document à joindre au dossier d'Assise.

 

Un an plus tard, le scandale d'Assise s'est renouvelé. Avec la circonstance aggravante du lieu: Rome, cœur du monde catholique, siège du Vicaire du Christ, ville consacrée par le sang des apôtres Pierre et Paul et de milliers de martyrs qui, sacrifiant leur vie plutôt que de sacrifier aux idoles, ont hâté le triomphe de l'unique religion divinement révélée. Aujourd'hui, du fait de membres indignes de cette Eglise romaine autrefois glorieuse, l'idôlatrie et l'infidélité célèbrent leur retour dans la Ville Sainte.

 

Un an plus tard, à Rome, de nouveau l'on renie publiquement Notre Seigneur JésusChrist, on méconnaît publiquement la mission salvatrice universelle de l'Eglise, on scandalise les catholiques, on trahit les infidèles, on trompe tout le monde.

 

- On fait publiquement injure à Dieu parce que, encore une fois, des ministres du vrai Dieu invitent des infidèles à pratiquer publiquement, et qui plus est dans la ville sainte des Catholiques, des rites faux et ou idolâtres, qui aux yeux de Dieu sont une abomination.

 

- On renie publiquement Notre Seigneur Jésus-Christ, parce que encore une fois, des ministres du Christ, contre la Divine Révélation, mettent publiquement sur un pied d'égalité la prière de l'Eglise Catholique, qui s'adresse à Dieu par l'intermédiaire de l'unique Médiateur Jésus-Christ, et la prière d'infidèles, qui excluent l'indispensable Médiation, sans laquelle aucune prière humaine n'est bien accueillie par Dieu.

 

- On méconnaît publiquement la mission salvatrice universelle de l'Eglise, parce que, encore une fois, des successeurs des Apôtres accréditent publiquement, contre l'enseignement et le commandement du Christ, la conviction catastrophique que Dieu peut être honoré également dans l'erreur et dans la superstition et qu'il peut y avoir salut dans le Christ et hors de son Eglise.

 

- On scandalise les catholiques, parce que, encore une fois, les Pasteurs des âmes poussent publiquement les fidèles à agir en contradiction avec leur propre Foi, en manifestant « respect » et sympathie pour n'importe quelle croyance religieuse, comme si Dieu était indifférent à la vérité et à l'erreur.

 

- On trahit les infidèles, parce que, encore une fois, des ministres de la Rédemption contre toute justice et toute charité, encouragent publiquement les âmes des infidèles à persévérer « dans les ténèbres et dans l'ombre de la mort » (Lc, 1, 79).

 

- On trompe tout le, monde, catholiques et infidèles, parce que, encore une fois, des ministres de la Parole de Dieu, contre l'Ancien et le Nouveau Testament, présentent la paix entre les nations comme le « bien fondamental » et « suprême » de l'homme, alors qu'il ne servira de-rien à l'homme d'avoir gagné le Monde entier s'il a perdu son âme

 

la « paix » dont le Christ est le Prince n'est pas la paix politique mais la paix de l'homme avec Dieu. En outre, une fois encore, des ministres de la Parole de Dieu, contre les Saintes Ecritures, leurrent les âmes en prétendant qu'elles peuvent obtenir de Dieu la paix temporelle au moyen d'une initiative qui L'offense.

 

A l'occasion d'Assise nous avons rappelé les principes théologiques qui condamnaient cette « réunion de prière » avec les infidèles. Ces principes ne nous sont pas personnels

 

ce sont les principes mêmes de la Révélation Divine. La réunion de prière de Rome est, encore une fois, le reniement pratique de ces principes. D'où le devoir, qui incombe à quiconque veut rester catholique, de dire non à l'initiative ainsi qu'à ses auteurs et à ses partisans, quel que soit leur grade hiérarchique. « Ministres » du Christ, les membres de la Hiérarchie sont au service de l'Eglise et non vice-versa ; le Christ Seigneur ne leur a pas donné l'autorité d'agir contre la Divine Révélation ; c'est pourquoi aucun fidèle ne sera excusé de s'être éloigné de l'enseignement du Christ pour obéir à un de ses « ministres » .

 

Comme repetita iuvant, du moins pour qui ne s'obstine pas à s'aveugler volontairement, nous reproposons dans ce numéro, pour la répétition romaine, les principes catholiques. déjà rappelés lors de la journée mondiale de prière d'Assise.

 

FAITS ET RESPONSABILITES

 

« Un Assise-bis au Transtévère » voilà le titre sous lequel le Corriere della Sera du 21 octobre dernier fait connaître que « mercredi 28, les représentants de toutes les religions du monde se rencontreront à Rome pour prier ensemble pour la paix » ;

 

« Le 28 octobre, comme il y a un an. Alors à Assise, cette fois-ci à Rome. Des représentants des principales religions et de différentes confessions chrétiennes arriveront de toutes les parties du monde pour prier ensemble au cœur du Transtévère. Et pour un jour la capitale du catholicisme deviendra la capitale de la paix ». Ou la capitale de l'indifférentisme religieux.

 

Les promoteurs officiels de la réunion sont les membres de la « Communauté Saint-Egide », installée précisément à Sainte-Marie-du-Trantévère. Une initiative - a-t-on tenu à préciser - partie cette fois « d'en bas » , même si - a-t-on également précisé - elle a été « appréciée avec sympathie » en haut.

 

Mais il suffira d'un rapide coup d'oeil sur la presse pour se rendre compte qu'« en haut » il y a eu beaucoup plus qu'une simple appréciation. Le Tempo du 21 octobre dernier nous confirme que « du côté catholique on attend, entre autres, les cardinaux Martini de Milan et Glemp de Varsovie, le patriarche maronite Sfeir et l'archevêque Silvestrini, « ministre des Affaires Etrangères » du Pape.

 

Avvenire, à la même date, fait savoir que « le cardinal Vicaire de Rome, Ugo Poletti, sera présent ainsi que Mgr Rossano [Evéque auxiliaire et Recteur du Latran], comme représentants de l'Eglise locale » et que « à la fin de la réunion l'on prévoit une réception à la Villa Madame avec les autorités italiennes et la visite du Pape ».

 

D'ailleurs, le versement de quarante millions par le Ministère italien des Affaires Etrangères pour couvrir les frais du séjour romain des « illustres hôtes » infidèles, et la participation du ministre Andreotti ainsi que d'un représentant du Secrétariat général des Nations Unies, suffisent à attester que le « congrès de prières » de Rome a des promoteurs ou au moins des « patrons » beaucoup plus influents que des pauvres petitshommes-de-paille de la « Communauté Saint Egide ». Il manque cette fois-ci, il est vrai, la présence physique de Jean-Paul II, mais celle de son Vicaire pour la ville de Rome, Ugo Poletti, de son « ministre des Affaires étrangères », le numéro trois de la Curie romaine, Mgr Achille Silvestrini, et du recteur de l'« Université du Pape », Mgr Pietro Rossano, de même que l'audience finale prévue, mettent hors de discussion son soutien moral.

 

Bien entendu, en soulignant les responsabilités des individus, nous n'entendons pas juger de leurs intentions, dont nous remettons comme toujours, le jugement à Dieu ; nous avons seulement l'intention de mieux souligner l'extrême gravité de faits impensables jusqu'à ces dernières années, gravité qu'aucun sophisme ne saurait atténuer.

 

ROME, 28 OCTOBRE 1987

 

Le mensonge panchrétien d'Assise se renouvelle

 

Tout de suite après le discours d'ouverture, qui sera prononcé à Sainte Marie du Transtévère par S. Exc. Mgr Pietro Rossano, Evêque auxiliaire de Rome et Recteur du Latran, les participants - nous apprend le Corriere della Sera du 21 octobre dernier - « se partageront entre sept différents lieux de prière selon les diverses confessions religieuses. Ainsi donc se trouveront pour la première fois au Transtévère, l'un à côté de l'autre, en plein esprit oecuménique autant de petits temples, synagogues et mosquées. Les Chrétiens resteront ensemble (catholiques, orthodoxes et protestants) à l'intérieur de la basilique où parleront l'archevêque de Milan, Carlo Maria Martini, et l'évêque russe orthodoxe, de Solnechogorsk, Sergiy Fomin. Mais seront aussi présentes bien d'autres autorités religieuses, dont l'abbé primat des bénédictins, des évêques anglicans, des pasteurs luthériens et un représentant du patriarcat de Constantinople » .

 

Ainsi, avec le scandale d'Assise, se renouvelle aussi à Rome le mensonge panchrétien d'Assise ; mensonge qui, tandis qu'il abaisse la seule véritable Eglise du Christ au niveau des sectes hérétiques et schismatiques, élève les rameaux secs détachés de la Vigne à celui d'« instruments de salut ». Avec des dommages incalculables pour les âmes. Aussi semble-t-il nécessaire de reproposer ici l'exacte doctrine catholique à ce sujet, déjà rappelée dans le numéro du 15 janvier 1987.

 

L'« esprit d'Assise »

 

La Journée Mondiale de la Paix célébrée à Assise le 27 octobre de l'année dernière était à peine terminée qu'on parlait déjà de l'« esprit d'Assise » (interview du cardinal Etchegaray dans l'Avvenire du 2 novembre 1986), entendant ainsi placer la « réunion de prière » d'Assise comme point de référence obligatoire pour les futurs développements de l’œcuménisme. Il y a bien là de quoi s'alarmer: comme on l'a souligné, avec Assise on a atteint « un niveau que Vatican Il a rendu possible, mais que Paul VI n'avait jamais atteint » (La Républica, 29 octobre 1986).

 

Pratique et doctrine

 

Assise - a écrit le dominicain Chenu - « ne se place pas sur le terrain des discussions doctrinales, certainement valides mais abstraites et idéologiques ; une telle intervention pose un fait, donc sa pratique comporte une vérité concrète » (Jésus, octobre 1986, p.3).

 

Mais puisqu'il y a vingt ans qu'on impose aux catholiques des « vérités concrètes » qui, à la lumière de l'enseignement éternel de l'Eglise, se révèlent être des erreurs de fait, il est bon, il est même de notre devoir d'examiner quelles « vérités concrètes » comporte la « pratique » d'Assise.

 

Dans ce numéro nous examinerons un « fait », dont l'extrême gravité risque de passer presque inaperçue dans  la babel religieuse du 27 octobre dernier. Il semblerait presque que celle-ci ait été organisée afin que, au contact des religions les plus étranges et les plus étrangères, il se crée chez les catholiques la Pause impression de sentir « frères » (non plus « séparés ») les « représentants » des sectes qui se disent chrétiennes, mais qui en réalité se sont détachées par schisme et ou hérésie de l'unique véritable Eglise du Christ. Voilà ce que nous appelons le mensonge panchrétien d'Assise.

 

La pratique panchrétienne d'Assise

 

Le 27 octobre dernier à Assise, les catholiques n'ont pas prié, comme les « représentants des autres religions », pour leur propre compte selon leurs propres rites et dans la pleine « expression de leur propre foi », mais ils se sont réunis en une « prière oecuménique » avec « les représentants des confessions et des communautés chrétiennes » dans la cathédrale Saint-Rufin (cf. lOsservatore Romano, 27-28 oct. 1986).

 

Un pape « limité au rôle d'hôte invitant » (Avvenire, 28.10.86), qui s'est éloigné exprès du siège de Pierre, dépouillé de tout signe distinctif du Primat, a donné le départ, toujours en qualité d'« hôte invitant », à une célébration typiquement protestante

 

lecture de passages de la Bible, entrecoupée de chants, avec pour finir la « prière universelle » « de toutes les Eglises » (dixit l'Osservatore Romano, cit., p.3).

 

Le « salut » aux participants, lu par l'hôte invitant « Jean Paul Il » a bien parlé « de questions sérieuses qui nous divisent encore » [il y en aurait donc de déjà résolues ? Lesquelles ?], mais il a dit aussi que « notre degré actuel d'unité dans le Christ n'en est pas moins un signe pour le monde que Jésus-Christ est vraiment le Prince de la paix » et, pis encore, il a conclu que la prière pour la paix « doit nous faire croître dans le respect les uns des autres, comme êtres humains, comme Eglises et Communautés Ecclésiales » (ibid.).

 

Aucune autre distinction que celle justifiée par le rôle d'« hôte invitant » n'a été reconnue au Pape par le cérémonial « oecuménique » : le début de la prière publique finale des « panchrétiens » sur la Place de la Basilique Inférieure de Saint François a même été prononcé par une femme-pasteur, et le Pape n'a été que quatrième « parmi beaucoup».

 

L'« Eglise chrétienne »

 

Ce n'est pas par hasard que, le lendemain de la « réunion » d'Assise, le cardinal Etchegaray déclarait : « Pour moi la prière de l'Eglise chrétienne dans la cathédrale Saint-Rufin a été le moment, le temps fort de toute la journée [...]. La qualité et l'intensité de cette prière était telle que tous semblaient bouleversés comme par une nouvelle et commune effusion de l'Esprit-Saint » (Avvenire, 2.11.86).

 

« Esprit-Saint » à part (on ne lui a jamais attribué autant de sottises que ces vingt dernières années), on ne peut qu'admettre que dans la Babel d'Assise les Cardinaux et le Pontife romain lui-même ont, en fait, représenté non l'Eglise catholique mais, en commun avec les non-catholiques, l'« Eglise chrétienne ». Et de qui se composait cette « Eglise chrétienne » qui, le cardinal Etchegaray en est témoin, aurait eu à Assise sa Pentecôte ? Des « diverses Eglises et confessions qui ont le Christ pour fondement », nous apprend l'Osservatore romano du 27-28 octobre 1986, p.3. En pratique : de l'« Eglise » orthodoxe, des « Eglises » réformées et de l'Eglise catholique.

 

II est clair que cette « Eglise chrétienne » n'est pas l'Eglise catholique, mais une super-église qui transcende et inclut l'Eglise catholique elle-même, à égalité avec les autres soi-disant Eglises. Et en effet la prière de l'« Eglise chrétienne » à Assise n'a pas été la prière e l'Eglise catholique, dont la foi s'exprime pleinement dans la Sainte Messe, « véritable sacrifice » (Dz. 948), comme la définit solennellement le Concile de Trente précisément entre les pères de ces « confessions et communautés chrétiennes » réunies avec les catholiques à Saint-Rufin. La Sainte Messe, la Messe catholique, la Messe « papiste », si lieuse à Luther et à ses disciples, a déjà été partiellement immolée sur l'autel de oecuménisme panchrétien de Paul VI ; d'Assise on en a banni jusqu'à ce misérable reste qu'est le rite selon le Novus Ordo. Le 27 octobre dernier, Jean Paul II a célébré la messe de bon matin à Pérouse avant de se rendre à Assise, où le cérémonial l'a œcuméniquement enrégimenté parmi les « frères » séparés, pour prier oecuméniquement » avec eux et « sans triomphalisme », autrement dit dépouillé de la dignité de Vicaire du Christ oublieux que l'Eglise catholique ne fait qu'un avec le Christ que lui revient donc de droit divin ce triomphe total sur les fausses religions qui lui t aujourd'hui oecuméniquement refusé, mais qui lui sera quand même donné » : « Dixit Dominus Domino meo : Sede a dextris meis donec ponam inimicos tuos scabellum sedum tuorum » (Ps. 109). Au lieu de quoi, mais au dessous des fausses religions, soit-disant chrétiennes ou non. Il serait facile, en effet, de répondre au cardinal Etchegaray que le 27 octobre il a été permis à tous de « s'exprimer dans la plénitude de leur propre foi » (Actes du Saint Siège in La documentation Catholique, 7-21 septembre 1986), mais non aux catholiques ; qu'on a « respecté la prière de chacun (ibid.), mais non la prière des catholiques. Et quand, en donnant le départ du carrousel final sur la place de la Basilique Inférieure de Saint François, il a triomphalement déclaré « Nous nous sommes réunis en pleine fidélité à nos traditions religieuses, profondément conscients de l'identité de chacun de nos engagements de foi » (l'Osservatore Romano, cit. p.4), cela était vrai pour tous, mais pas pour les catholiques. Enfin, alors qu'on a veillé avec le plus grand soin à ce que les représentants des fausses religions soient, conformément à leur désir, « ensemble pour prier, mais non pas prier ensemble » (Radio Vatican), les représentants de la seule vraie religion ont prié avec les représentants des fausses religions soi-disant chrétiennes. La pratique panchrétienne d'Assise démontre bien, entre autres, que vingt années d'erreur oecuménique ont suffi pour que chez les catholiques, à partir de la hiérarchie, prenne pied l'indifférentisme panchrétien pour lequel aujourd'hui, si prier avec un bouddhiste fait encore quelque impression et prier avec un musulman ou avec un juif déjà un peu moins, prier avec un protestant ou un orthodoxe est considéré et donné comme une chose tout à fait normale.

 

L'ecclésiologie panchrétienne d'Assise

 

La pratique panchrétienne d'Assise comporte une ecclésiologie panchrétienne, plus ou moins explicitement énoncée tant par l'Osservatore Romano que par le « salut » à la réunion panchrétienne à Saint-Rufin.

 

Les bases de cette ecclésiologie sont les suivantes

 

1) - II existe plusieurs « Eglises » et « confessions chrétiennes » qui toutes, absurdement, « ont le Christ pour fondement » (lOsservatore Romano, cit. p.3) ; toutes légitimes, donc, malgré leurs croyances opposées.

 

2) - Le successeur de Pierre au Siège de Rome est le Chef suprême de l'une de ces nombreuses Eglises, qui « ont le Christ pour fondement », mais il n'a aucune prééminence, aucune primauté sur cet agrégat de corps sans tête.

 

Le Christ n'aurait donc pas fondé une Eglise unique ou tout au moins il n'aurait pas réussi à la garder au cours des siècles « une par la foi, le gouvernement et la communion » (Dz. 1960 ; Vatican 1, Dz. 1821), il n'aurait pas non plus placé en Pierre et en ses successeurs « le principe et le fondement visible de l'unité (Vatican 1 Dz. 1821, cfr. 248 et 1&6P ss).

 

Mais pour accepter ces « vérités concrètes », ces « faits » posés par la pratique panchrétienne d'Assise, nous devrons

 

a - Supprimer du Symbole le Credo Unam Ecclesiam (Dz. 86) ou affirmer que pendant deux mille ans l'Eglise catholique s'est trompée sur la nature de cette unité ;

 

b - Extraire de l'Evangile tous les textes relatifs à la Primauté et ne faire aucun cas du témoignage unanime des Pères de l'Eglise, ou en faire la « relecture » avec les « frères » protestants, encourant avec eux le double anathème de Vatican I

 

- « Qui affirme que le Bienheureux Pierre apôtre ne fut pas constitué par le Christ Seigneur prince de tous les Apôtres et chef visible de toute l'Eglise militante [...], qu'il soit excommunié » (Dz. 1823) ;

 

- « Qui affirme que le Pontife romain n'est pas le successeur du bienheureux Pierre à la Primauté, qu'il soit excommunié » (Dz. 1825).

 

L'ecclésiologie panchrétienne d'Assise est manifestement la négation de l'ecclésiologie catholique.


Sarment secs ou instruments de salut ?

 

Et ce n'est pas tout. Ces diverses « Eglises et communautés ecclésiales qui ont le Christ pour fondement », nonobstant les « sérieuses questions » qui les divisent :  « encore », auraient néanmoins atteint à présent entre elles et, ce qui compte le plus, avec l'Eglise catholique, un certain degré d'« unité dans le Christ ». L'« encore » laisserait supposer qu'il y a des questions déjà résolues. Lesquelles ? De foi certainement pas ; de gouvernement non plus (et la « pratique » panchrétienne d'Assise le prouve).

 

Il ne reste que l'unité dans la « charité » ou unité de communion, qu'on se flatte d'avoir rétablie pour le moment, comme s'il était possible de construire un édifice en partant du toit, et, surtout, qu'on prétend capable de remplacer les unités fondamentales de foi et de gouvernement, sans lesquelles il ne peut exister non plus d'unité de communion. Cette communion hors de la foi, cette « charité dans foi » (Saint Pie X), est une erreur maintes fois condamnée par le Magistère. La Civiltà Cattolica, commentant Mortalium Animos, exposait ainsi le programme des oecuménistes non-catholiques

 

« Il faut [disent-ils] mettre de côté les vieilles controverses qui ne font que nous diviser ; se contenter de proposer seulement celles sur lesquelles toutes les Eglises particulières s'accordent [les « nouveautés » du pape Jean !] et par ce moyen en arriver à se sentir frères : ainsi seulement peut-on endiguer les progrès de l'impiété [...]. Mûs par cet esprit, ils fuient le centre et fondement même, placé par le Christ pour assurer l'unité Je son Eglise ; il est ainsi naturel d'en méconnaître la nature et, pour y substituer quelque apparence, il ne leur reste que d'insister sur la communion fraternelle des Fidèles dans le Christ (dite par les théologiens unité de communion, unité de charité et autres choses du même genre). Cette unité - corrige La Civiltà Cattolica - est sans doute extrêmement importante ; mais, même s'il n'arrive pas la violence du schisme, elle peut subir des dommages, quand bien même l'unité substantielle de la foi et du régime ne serait pas lésée » (« La véritable unité religieuse déclarée et inculquée dans la récente encyclique Mortalium animos », in La Civiltà Cattolica, 11 février 1928, pp. 211 et 212). Qui ne voit que, à partir de Jean XXIII, l'oecuménisme catholique s'est mis sic et simpliciter au pas avec l'oecuménisme non-catholique ?

 

Mais il y a pis. Pendant deux mille ans l'Eglise catholique, des Pères de l'Eglise à Vatican II, a enseigné que les communautés séparées par schisme et ou par hérésie de l'unique Eglise du Christ sont des sarments détachés de la vigne, qui ont perdu toute vitalité et ne peuvent produire des fruits de salut, comme s'exprime Pie XII dans Cupimum imprimis. Saint Cyprien les appelle « adultères » et il ajoute :

 

« Tout ce qui se sépare du centre de la vie ne peut plus avoir ni esprit ni vie » (De catholica Ecclesiae unitate). Et saint Augustin explique :

 

« Est-ce que l'âme suit le membre coupé ? Quand il était uni au corps, il vivait. Tranché, il perd la vie » (Sermon 367, n.4). Et ainsi de suite jusqu'à Pie IX (Iam vos omnes et Syllabus n,57), Léon XIII (Quartus supra vigesimum et Satis cognitum), Pie XI (Mortalium animos), Pie XII (Cupinum imprimis). Avec Vatican II, au contraire, à ces sarments détachés de la vigne on a attribué, comme par miracle, la vitalité et la capacité de produire des fruits de salut : les « Eglises et communautés séparées » - lit-on textuellement au n°3 de Unitatis Redintegratio - « dans le mystère du salut ne sont pas du tout dépouillées de sens et de poids. Puisque l'Esprit du Christ ne refuse pas de se servir d'elles comme instrument de salut ». Le contraste avec la doctrine traditionnelle est manifeste.

 

Il est indéniable que la « réunion » panchrétienne d'Assise est parfaitement dans la ligne de cette déclaration de Vatican II, mais tout aussi indéniable qu'elle est hors du sillon de la Tradition catholique.

 

Une vieille erreur

 

Et en effet l'« Eglise chrétienne » sur laquelle divague le cardinal Etchegaray n'est pas une nouveauté : elle n'est autre que la « mensongère notion d'Eglise » soutenue contre « l'évidence des faits les plus clairs, des notions les plus élémentaires du catéchisme » par le mouvement panchrétien, selon lequel l'« Eglise » orthodoxe, quoique née du schisme de Photius et de Michel Cérulaire, les « Eglises » réformées, quoique nées de la réforme luthérienne et portant dans leur nom même « la marque de leur origine illégitime », et l'Eglise catholique, seraient des « branches historiques » de l'unique Eglise du Christ.

 

l' « Eglise chrétienne universelle » (cf. La Civiltà cattolica, 18 août 1928 : « L'Eglise catholique et le mouvement panchrétien », pp.329 ss).

 

Le 16 septembre 1864 le Saint-Office, par la lettre apostolicae Sedi à l'Episcopat d'Angleterre, interdisait l'adhésion des catholiques à l'Association pour l'unité de la Chrétienté, fondée à Londres (1857) par des anglicans. Raison principale de l'interdiction : la conception erronée de l'unité « telle qu'elle bouleverse de fond en comble la constitution divine de l'Eglise », supposant « que la véritable Eglise de JésusChrist se compose en partie de l'Eglise romaine [...], en partie du schisme de Photius et en partie de l'hérésie anglicane ». Le 6 janvier 1928 Pie XI, par l'encyclique Mortalium animos, condamnait de nouveau et plus en détail les erreurs de « ceux qui s'appellent panchrétiens ». Le 29 juin 1943, enfin, Pie XII, dans l'encyclique Mystici Corporis, affirmait que l'Eglise est un Corps unique, indivisé, visible, et, faisant allusion à la fausse notion d'unité des panchrétiens, il continuait : « C'est pourquoi ils s'éloignent de la vérité

 

divine, ceux qui s'imaginent l'Eglise comme une chose « pneumatique » (comme ils disent) pour laquelle de nombreuses communautés de chrétiens, bien que séparées les unes des autres par la foi, seraient cependant jointes entre elles par un lien invisible ». Mais Vatican II, qui semble s'être donné pour tâche de repêcher dans la poubelle de l'Eglise toutes les erreurs et toutes les hérésies, ne pouvait manquer d'exhumer aussi la vieille, la centenaire « nouveauté » du panchristianisme.

 

H.M.

Fideliter n°61