Les
couleurs liturgiques
- La gloire et la beauté
de l'Église consistent surtout dans son intérieur, c'est-à-dire dans sa foi,
sa charité et son espérance. Elle aime cependant à varier les couleurs dont
elle se pare aux yeux de l'Époux. Les couleurs liturgiques doivent donc nous
aider à faire concorder nos sentiments avec ceux de l'office, pour en recevoir
toutes les grâces.
« Les ornements de l'autel,
du célébrant et des ministres, nous disent les rubriques, doivent être de
la couleur qui convient à l'office et à la messe du jour, ou à une autre messe
à célébrer, selon l'usage de l'Église romaine qui emploie cinq couleurs: le
blanc, le rouge, le vert, le violet et le noir. »
Dans les premiers siècles,
à Rome, les ornements étaient principalement blancs pour symboliser, dit-on,
la pureté de l'Agneau sans tache, comme celle des saints et des anges qui
l'entourent (Ap 9, 13-14). Quelquefois, ils étaient rouges pour rappeler son
sacrifice et l'effusion de son sang (cf Is 63, 2-3). L'usage de célébrer la
liturgie sans endosser un vêtement nouveau a dû avoir pour résultat une sorte
d'uniformité. La mode masculine changeait peu au début de notre ère et c'est
ce qui expliquerait l'opinion que le blanc fut la première couleur liturgique.
L'usage courant était en effet favorable au port de vêtements blanchis naturellement
sous l'effet du lavage et de l'action du soleil.
Les Grecs n'avaient aussi
que ces deux couleurs jusqu'au IIIe siècle, mais le rouge ou la couleur pourpre
était une marque de deuil et servait aux jours de jeûne comme aux obsèques
des morts.
Dans les siècles qui suivirent,
le nombre des couleurs augmenta sans qu'il y eût de véritable règles d'utilisation.
C'est environ au XIIIe
siècle qu'est réglé l'emploi de couleurs déterminées à des fêtes ou à des
occasions bien définies, et ce, principalement, pour des motifs d'ordre symbolique.
Innocent III (t 1216) ne mentionne cependant que quatre couleurs : le blanc,
le rouge, le noir et le vert. Le violet est néanmoins déjà utilisé pour les
saints Innocents et le dimanche de Laetare.
Avant
d'examiner les cinq couleurs liturgiques actuelles, notons les exceptions
suivantes :
* Le drap d'or peut remplacer,
en raison de sa richesse, le blanc, le rouge et le vert.
* Le drap d'argent est
autorisé mais il ne peut remplacer que le blanc.
* Le bleu est concédé à
l'Espagne et à l'Amérique latine pour l'office et la messe de l'Immaculée
Conception.
Dans le rit lyonnais, pendant
l'Avent et le Carême, le gris cendré remplace le violet.
Voyons maintenant les couleurs
ordinaires :
-Le
blanc-
Il signifie la joie, la
pureté, la candeur, la simplicité, la gloire. On utilise le blanc à l'office
et à la messe du temps :
a) de la fête de la Nativité
du Seigneur jusqu'à la fin du temps de l'Épiphanie ;
b) de la messe de la vigile
pascale jusqu'à la messe de la vigile de Pentecôte exclusivement.
On emploie la couleur blanche
à l'office et à la messe des fêtes
a) du Seigneur, exceptées
les fêtes des mystères et des emblèmes de la Passion;
b) de la bienheureuse Vierge
Marie, même à la bénédiction et à la procession des cierges le 2 février ;
c) des saints anges ;
d) de la Toussaint (1e=
novembre) ;
e) des saints non martyrs
(vierges, confesseurs) ;
f)de saint Jean apôtre
et évangéliste (27 décembre) ; de la Chaire de saint Pierre (22 février);
de la conversion de saint Paul (25 janvier) ; de la nativité de saint Jean-Baptiste
(24 juin).
La couleur blanche est
requise pour les messes votives :
a) qui répondent aux fêtes
énumérées dans le paragraphe précédent ;
b) de Notre Seigneur Jésus-Christ,
souverain et éternel prêtre ;
c) du couronnement du souverain
pontife, et des anniversaires du souverain pontife et de l'évêque diocésain
; d) « pour les époux ».
Enfin, on emploie la couleur
blanche le Jeudi saint à la messe chrismale et à la messe de la Cène du Seigneur
; elle est également employée par le diacre pour le chant de l'annonce pascale
(Exsultet) et par le célébrant pour la rénovation des promesses du baptême
pendant la vigile pascale ; aux funérailles des enfants baptisés morts avant
l'âge de raison.
-Le
rouge-
Il symbolise principalement la charité, l'amour
ou le don de soi jusqu'à l'effusion de son sang si nécessaire : le sang très
précieux de Notre Seigneur Jésus-Christ qui « a réalisé la paix au prix du
sang de sa croix », nous dit saint Paul (Col 1, 20) ; le sang versé par les
martyrs, ceux qui ont répondu à l'appel du Maître et ont suivi sa voie : «
Il n'y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux que l'on aime
» (Jn 15, 13) ; le feu du Saint-Esprit, l'Esprit d'amour, à la Pentecôte.
Il nous prêche la générosité, la force et le courage. On doit employer la
couleur rouge depuis la messe de la vigile de Pentecôte, jusqu'à none du samedi
suivant, hors les messes des saints. De même on emploie la couleur rouge à
l'office et à la messe des fêtes :
a) des mystères et des
emblèmes de la Passion du Seigneur ;
b) des saints apôtres et
évangélistes à leur jour natal, sauf la fête de saint Jean (27 décembre) ;
c) de la commémoraison
de saint Paul apôtre (30 juin);
d) de la commémoraison
de tous les saints souverains pontifes ;
e) des saints martyrs,
que l'on célèbre leur martyre, la découverte de leur corps ou sa translation
;
f) des saintes reliques.
La couleur rouge est requise pour les messes
votives :
a) des mystères et des
saints énumérés au paragraphe précédent;
b) de la Passion;
c) du Saint-Esprit;
d) pour l'élection du souverain
pontife.
Enfin, on emploie la couleur
rouge le deuxième dimanche de la Passion, ou dimanche des Rameaux, mais uniquement
pour la bénédiction des rameaux, la messe qui suit devant être dite en violet.
Le vert. Il symbolise l'espérance
matérialisée par le rameau d'olivier que la colombe de Noé tenait dans son
bec (Gn 8, 11), la poussée des feuilles, la croissance, la vie, la promesse
des fruits et des récompenses. II nous incite à cultiver le jardin de nos
âmes, à extirper les ronces et les épines, afin que croissent les bonnes oeuvres,
présage d'une abondante moisson.
On utilise le vert à l'office
et à la messe du temps :
a) du 14 janvier au samedi
avant la septuagésime ;
b) du lundi qui suit le
premier dimanche après la Pentecôte jusqu'au samedi qui précède l'Avent.
-Le
violet-
Il symbolise le repentir
et la pénitence. Il s'apparente au deuil (noir).
Couleur de la chair meurtrie,
il nous invite à la mortification, à la tristesse. Il nous faut macérer notre
chair pour qu'elle devienne livide à l'imitation de Notre-Seigneur dans sa
Passion, qui nous a sauvés par ses blessures. Nous savons, en effet, que ce
n'est que par la pénitence et la souffrance que nous pourrons entrer dans
la gloire qui nous est promise.
On utilise le violet à
l'office et à la messe du temps :
a) du premier dimanche
de l'Avent jusqu'à la vigile de Noël inclusivement;
b) du dimanche de la septuagésime
jusqu'à la vigile pascale, excepté à la bénédiction et procession des Rameaux
le deuxième dimanche de la Passion, à la messe chrismale et à la messe de
la Cène du Seigneur le Jeudi saint, à l'action liturgique du Vendredi saint,
jusqu'à la communion exclusivement, et aussi à la vigile pascale(pour le chant
de l'annonce pascale, en ce qui concerne le diacre, et pour la rénovation
des promesses du baptême, en ce qui concerne le célébrant) ;
c) aux féries des quatre-temps,
sauf de ceux de la Pentecôte .
La couleur violette est
requise pour les messes votives :
a) pour la propagation
de la foi ;
b) pour la défense de l'Église;
c) pour l'unité de l'Église;
d) en temps de guerre;
e) pour la paix;
f) en temps d'épidémie;
g) pour la rémission des
péchés ;
h) pour les pèlerins et
les voyageurs ;
i) pour les malades ;
j) pour demander la grâce
de bien mourir;
k) pour toute nécessité.
On emploie la couleur violette
en outre
l) pour la procession et
la messe des Litanies majeures et mineures ; m) pour la bénédiction des Cendres
;
n) pour la communion dans
l'action liturgique du Vendredi saint;
o) aux messes de la commémoraison
de tous les fidèles défunts qui se célèbrent pendant l'exposition du Saint-Sacrement
pour la prière des quarante-heures.
Les
ornements de couleur rose (qui n'est qu'une variante du violet) peuvent être
employés le troisième dimanche de l'Avent (Gaudete) et le quatrième dimanche
de Carême (Laetare), mais seulement à l'office et à la messe du dimanche proprement
dit. Le rose, nous dit le cérémonial des évêques, signifie comme un soulagement
au milieu des rigueurs de la pénitence.
-Le
noir-
Il est la couleur du deuil
et de la tristesse.
Il n'apparaît véritablement
qu'à la fin du XIIe siècle. Le cérémonial des évêques interdit comme décor
des vêtements noirs certains emblèmes funèbres comme les crânes, les tibias,
les larmes, les faux, les torches éteintes et les colonnes brisées : symboles
qui s'accordent mal avec la foi en la résurrection future.
On doit employer la couleur
noire :
a) dans l'action liturgique
du Vendredi saint, jusqu'à la communion exclusivement;
b) aux offices et messes
des défunts, excepté les cas mentionnés plus haut.
Lorsque les ornements sont
noirs, le conopée, ou voile qui recouvre le tabernacle, doit obligatoirement
être violet et non noir, pour manifester que Dieu présent au tabernacle est
toujours vivant.
La
messe expliquée aux fidèles
Abbé Daniel Joly