On me demande ce que
je pense du film « La Passion du Christ » de Mel
Gibson.
Je suis allé le voir le
jour de sa parution en France, le mercredi
31 mars 2004, je crois.
J’en pense du bien.Et
j’encourage les « fidèles » de
la « Paroisse virtuelle Saint Michel » d’aller aussi le voir. S’ils
n’y vont pas cependant ils ne manqueront
pas « l’événement du siècle ». Je ne suis pas connaisseur, du tout, du tout…, de l’art cinématographique. Cela fait bien
plus de trente ans que je n’ai mis les
pieds dans une salle de cinéma. C’est vous dire que je n’ai aucune culture de
ce nouvel « art ».
Toutefois, je pense,
que c’est un bon film, assez respectueux
de l’histoire. C’est une bonne
chose. C’est heureux. Pour une fois que l’art cinématographique respecte nos très beaux mystères chrétiens. On peut s’en réjouir. J’y suis sensible et le note très volontiers. Si je voyais Mel Gibson, je l’en féliciterais.
La théologie est aussi bien
respectée. Mel Gibson a bien montré que la Passion du
Christ est un vrai sacrifice. Un vrai
sacrifice « propitiatoire », une vraie « rançon ». Quelle rançon ! Que de souffrances a
coûté le salut de mon âme. Que la justice de Dieu fut exigeante. Que l’amour du
Christ fut immense. Subir tout cela pour « moi ». Que le péché est
une grave chose. On le boit pourtant dans ce siècle à pleines gorgées. Le Christ est vraiment la victime de ce
sacrifice de la Croix. Il est le prêtre
qui s’offre en rançon à son Père pour la rédemption de nos âmes. Un « holocauste » libre, souverain
et combien douloureux Que la miséricorde
de Dieu est grande en ce mystère. Tout cela est bien exprimé dans le film. J’ai
été un peu dérouté par quelques scènes. Je ne suis pas très imaginatif… et j’ai
mis un certain temps à comprendre
quelques scènes. Je n’ai pas tellement apprécié la scène de l’agonie. J’ai
trouvé que toute cette passion s’est déployée au milieu de beaucoup de cris, de
vociférations, de sang, de haine. Mais ce fut « comme cela », a dit
le Pape. Sensible, je n’ai pu regarder toutes les scènes.
Au milieu de cette violence,
je dois dire que j’ai apprécié, très fort, le visage de notre Dame, son
silence, sa tenue. Elle est vraiment l’Immaculé,
la Co-Rédemptrice. Elle donne à ces scènes bouleversantes, un peu de paix, de
tranquillité, un peu de lumière, un peu de fraîcheur, un peu de tendresse. J’ai aussi, en conséquence, été sensible à ces
divers « flashs » évangéliques qui illustrent bien – a contrario - la Passion.
Par exemple, le « flash » sur la sermon sur la Montagne : le Maître
accomplissant là, dans sa Passion, ce qu’Il avait
enseigné sur la Montagne. J’ai trouvé que c’était très fort. Ces retours
sur l’Institution de la Sainte Eucharistie sont aussi très bons. Après avoir vu ce film, il est
difficile de dire que la célébration de La Sainte Eucharistie soit une réunion « festive ». C’est tout,
sauf çà.
Voilà quelques impressions.
Certains critiquent ce
film… Ils doivent avoir de « mauvais » préjugés… Ils doivent manquer
de liberté, de la vraie liberté des « enfants de Dieu ». Leurs critiques ne m’intéressent pas. Je ne
vois pas, du reste, pourquoi mes
confrères, dans la présentation de ce film (DICI du 3 avril) y insistent
tellement. J’ai l’impression qu’on ne peut plus rien penser, dans la FSSPX,
sans esprit « dialectique », de critique. C’en est lassant. Qu’ils
laissent un peu leurs « ennemis » en paix. Bref…
Mais je dois dire
franchement qu’à toute présentation « artistique » de la Passion, quelle qu’elle soit, du reste, même les
meilleures, même les plus belles, même la « Piéta », je préfère lire
un bel exposé doctrinal sur le même sujet. Je préfère, sans comparaison
possible, lire un beau chapitre de Louis Chardon de sa « Croix de
Jésus » que de voir la « Passion » de Mel
Gibson. Je préfère les beaux chapitres du Père Hugon dans son beau livre « le mystère de la
Rédemption » que toutes les représentations sensibles. Connaître, dans la
foi, les belles explications que me donne la théologie sur les notions de
satisfaction, de satisfaction vicaire…de sacrifice, de sacerdoce, de victime…
m’apporte davantage. Savoir « la malice quasi infinie du péché » qui
m’a valu « un tel rédempteur » est plus profitable à mon âme que « cette présentation »
« sanglante » de la Passion dans ce film. Je préfère, Ô combien, chanter
le beau chant de « l’Exultet » en la veillée pascale que d’entendre la
musique de ce film. Les quelques notes de « O felix
culpa » font plus de charme sur mon âme que toute autre chose. Lire le
beau poème du « Serviteur Souffrant »
en Isaïe (chapitre 53) m’apporte plus
que la vision du film de Gibson.
C’est ce que j’ai voulu
un peu dit dans ma « Paroisse Saint
Michel ». Je préfère lire la « Grande Semaine » de l’abbé Fouard que de voir « la Passion du Christ » de Mel Gibson. C’est pourquoi je l’ai mise sur le site ITEM.
Pour moi la « phrase »
dit plus de chose que la « vue ». Je trouve qu’il y a plus de
richesses, plus de distinctions, de nuances
exprimées dans une phrase que dans une vue. J’aime le « mot ».
j’aime le « son » qui accompagne le
« mot ». Je le préfère à la
« vue ». Je préfère lire la
trahison de Saint Pierre dans l’explication qu’en donne un Louis Chardon que de
la voir sur l’écran de Mel Gibson.
Ceci dit, j’ai aimé le
film. Mais je préfère « mes textes » sur la Paroisse Saint Michel.
Abbé Paul Aulagnier