Rome : Crise au sein de la fraternité Saint-Pie X

 

Le Vatican rappelle que ses portes sont ouvertes

 

Rome, 13 septembre 2004 (Apic) Face a la grave crise qui agite la fraternité sacerdotale Saint-Pie X - séparée de Rome - le Saint-Siège affirme ne pas pouvoir faire de commentaires officiels, ni proposer d'aide légale en raison de l'absence de liens juridiques existant entre elle et la fraternité dirigée par Mgr Bernard Fellay. Consultés lundi par l'Apic, les milieux proches du dossier affirment cependant qu'il est toujours possible pour les prêtres qui le désiraient, d'intégrer l'unité de l'Eglise catholique.

 

Les autorités de la Fraternité Saint-Pie X ont rendu un jugement d'expulsion à l'encontre des abbés Laguérie, responsable de la paroisse de Saint-Eloi à Bordeaux (France), et Héry son "avocat", le 5 septembre 2004. L'abbé Laguérie avait écrit une lettre à une quarantaine de ses confrères, décrivant la situation catastrophique de certains séminaires de la fraternité, comme ceux d'Ecône ou de Zaitzkoffen. Concernant le séminaire d'Ecône, sur une promotion de 15 séminaristes, seul un prêtre devrait être ordonné en 2005.

 

Dans sa lettre, l'abbé Laguérie, prêtre de cette communauté depuis 25 ans, dénonce "une surenchère à la sévérité et à l'autorité qui pourrait mettre la fraternité dans une situation grave".

 

Mgr Bernard Fellay qui dirige la fraternité, au moins jusqu'aux prochaines élections prévues en 2006, a condamné cette remise en cause, et sanctionné l'abbé, lui proposant de s'exiler au Mexique. Ce que l'intéressé a refusé. En attendant, à Rome, on observe avec "tristesse" cette situation de crise interne et de scission. Dans les milieux proches du dossier, on explique que "cette petite Eglise indépendante se trouve devant un constat d'échec" et "devant une situation bloquée". On ajoute: "Il n'y a pas d'instance supérieure leur permettant de faire appel suite à cette décision d'expulsion", qui a été prise "à la manière militaire d'un autre siècle". Cette situation de dissidence est "relativement courante", affirme-t-on encore, "en particulier aux Etats-Unis où se forment ainsi des petites congrégations sans attaches".

 

Dialogue et souplesse

 

Au Vatican, on affirme aussi qu'il est "toujours possible de faire en sorte que les prêtres dits 'vagui' - c'est à dire sans mission canonique et sans incardination - soient intégrés dans l'unité de l'Eglise". On précise aussi que les prêtres séparés du Saint-Siège qui souhaitent entrer dans le giron de l'Eglise doivent prendre "une attitude filiale vis-à-vis du successeur de Pierre", et accepter "de dialoguer souplement avec les évêques". Inversement, on insiste aussi sur la souplesse du Saint-Siège et sur "le désir d'unité" qui doit primer. La création d'un oratoire de Saint-Philippe Néri en Allemagne est donnée en exemple. Créée au mois de mai 2004, cette institution a pu voir le jour avec la collaboration de la commission du Saint-Siège "Ecclesia Dei", et de l'archevêché de Berlin. Le prêtre, les diacres et les séminaristes qui composent cet institut viennent d'Ecône, l'un des séminaires de la Fraternité. On souligne encore que dans le diocèse de Campos, au Brésil, où la fraternité Saint-Jean-Marie-Vianney est revenue sous l'autorité de Rome en janvier 2002, "la situation est très bonne, la collaboration fonctionne bien dans le diocèse, et un évêque voisin lui demande même des prêtres et des collaborations".

 

Signalons enfin qu'un site Internet réalisé par des laïcs de la fraternité souhaitant défendre les abbés a été créé : http://www.crisefraternité.com.SR (apic/imedia/hy/pr)

 

13.09.2004 - apic