Rome
: Mgr Bernard Fellay tire à boulet rouge sur le pape
et "sa vision œcuménique"
Le cardinal Kasper qualifié de "sans doute pire que Luther"
Rome, 2 février
2004 (Apic) Le supérieur de la communauté Saint-Pie X, fidèle à feu Mgr Lefebvre, s’en prend
sévèrement à la vision oecuménique du pape Jean Paul II. Mgr Bernard Fellay écrit à l’ensemble des cardinaux du Saint-Siège, afin de "les faire réfléchir" sur le
fait que, durant ce pontificat, "l'oecuménisme à transformé la cité sainte
qui est l’Eglise, en une cité en ruine". Walter Kasper, président du Conseil pontifical pour l’unité des
chrétiens, est également pris à parti, jugé qu'il est par le supérieur de la
fraternité Saint Pie X de "sans doute pire que Luther lui-même".
"De
l’oecuménisme à l’apostasie silencieuse, 25 ans de pontificat". C’est le
titre d’un document d’une cinquantaine de pages, rédigé par la fraternité Saint
Pie X - fidèle à feu Mgr Marcel Lefebvre - qui a été envoyé à l’ensemble des
cardinaux du Saint-Siège, afin de "les faire
réfléchir".
Le 2 février 2004,
Mgr Bernard Fellay, supérieur de cette communauté,
est venu à Rome pour présenter ses positions à l’occasion d’une conférence de
presse. Selon lui, "humainement parlant, aucun rapprochement entre eux et
Rome ne semble possible avant la fin de ce pontificat".
"Aussi
attirant qu’il puisse apparaître à première vue, aussi spectaculaire puissent
sembler les cérémonies à la télévision, aussi nombreuses les foules
peuvent-elles être, la réalité est bien triste: l’oecuménisme a transformé la
cité sainte qui est l’Eglise en une cité en ruine,
est-il affirmé en conclusion des 50 pages de réflexion sur
l’"évolution" de l’oecuménisme depuis le Concile Vatican II.
Cette étude
décrite au cours de la conférence comme une "bombe à retardement",
souligne que, "suivant une utopie - l’unité du genre humain - ce pape ne
s’est pas rendu compte de combien était intrinsèquement et tristement
révolutionnaire l’oecuménisme qu’il a poursuivi: il renverse l’ordre voulu par
Dieu".
Unité est plus
importante que le salut de l’homme?
Dans la ligne de
mire de Mgr Fellay et des trois autres évêques
ordonnés de manière illicite en 1988 par Mgr Lefebvre, se trouve le cardinal
Walter Kasper, président du Conseil pontifical pour
l’unité des chrétiens, et jugé par le supérieur de la fraternité Saint Pie X de
"sans doute pire que Luther lui-même". Selon eux, tout découle d’une
vision erronée de la doctrine catholique, mise en place au cours du Concile
Vatican II et qui part du principe que "l’unité est plus importante que le
salut de l’homme".
Au cours de la
conférence de presse, très suivie par la presse italienne et organisée en face
des bureaux du cardinal Kasper, Mgr Fellay a insisté sur le fait que "l’Eglise est profondément blessée", qu’"elle
cherche à obtenir des résultats visibles sur Terre et, tout en mélangeant de
manière habile, des points de vérité et des points hérétiques, souhaite
dépasser tous les obstacles qui empêchent l’unité entre les chrétiens, quels
qu’ils soient". "Si le bateau coule, a-t-il donné en exemple, nous
pouvons certainement en imputer la faute à la tempête. Mais si nous observons
que la coque du bateau est percée, il est de notre devoir de le faire
remarquer".
Interrogé par la
presse, Mgr Fellay a cité des paroles prononcées
selon lui par le cardinal Dario Castrillon
Hoyos, préfet de la Congrégation pour le clergé, afin
de faire remarquer qu’ils ne sont "ni excommuniés, ni schismatiques".
Or, selon le Saint-Siège, Mgr Marcel Lefebvre a
commis un acte "de nature schismatique" en ordonnant sans mandat les
quatre évêques qui ont été, et sur le coup - latae sententiae - excommuniés. En revanche, la situation de ceux
qui les suivent n’est volontairement pas précisée, afin de ne pas les bloquer
dans une situation trop extrême.
Les
"samaritains"
Sans être en
dehors de l’Eglise, ils se reconnaissent une mission
"de samaritain" pour "sauver ce qui peut l’être".
Concernant les
discussions entreprises avec le Saint-Siège depuis
l’an 2000 afin de régulariser leur situation au sein de l’Eglise
par le biais, comme cela a été évoqué plusieurs fois, d’une structure proche
d’une administration apostolique, Mgr Fellay a
affirmé, "nous voulons construire un pont. Rome nous propose un plan de ce
pont, mais nous voulons tout d’abord construire les piliers de ce pont".
Selon lui, "nous sommes à la fin du pontificat, plus aucune décision
d’importance ne sera prise avant le décès de Jean Paul II et donc, humainement,
il ne nous semble pas que la situation puisse être régularisée d’ici-là".
La
"tyrannie" des évêques
Le supérieur de la
fraternité Saint Pie X a encore souligné que de nombreux cardinaux
"seraient favorables à ce que la messe selon le rite de Saint Pie V - une
de leur principale revendication (ndlr) - puisse être
célébrée par les prêtres qui le souhaitent, sans restriction". "Ce
sont les évêques qui s’opposent le plus à cette mesure", a-t-il assuré en
insistant sur les "persécutions subies" par les prêtres fidèles à la
liturgie pré-conciliare et la "tyrannie"
des évêques. (apic/imedia/pr)
02.02.2004
- APIC