Le 15 octobre 2003

 

« Je reste membre de la Fraternité Saint-Pie-X »

Communiqué de l’abbé Paul Aulagnier

 

J’ai été peiné d’apprendre qu’une lettre circulaire du 14 octobre, adressée aux prêtres du district de France de la Fraternité Saint-Pie-X, leur notifiait que j’étais « exclu » de la Fraternité. Je suis donc tenu de faire connaître publiquement ce qu’il en est.

Le supérieur général de la Fraternité, manifestement circonvenu, vient de me faire connaître qu’il « constatait » que je m’étais mis de moi-même hors de la Fraternité Saint-Pie-X. Or, il faut savoir qu’aux termes du droit de l’Eglise, la décision d’exclure le membre d’un institut, la plus dure peine que l’on puisse prononcer contre un membre, ne peut concerner que des fautes d’une extrême gravité. La « désobéissance » que l’on m’impute, qui de toutes les façons n’a pas cette importance, est en réalité une protestation de ma part contre des sanctions de silence que l’on m’a imposées en une matière libre. En toute hypothèse, aux termes du droit canonique ancien comme nouveau, la procédure d’exclusion exige des dispositions précises – un véritable jugement – conformes à l’équité, qui en l’espèce ont été totalement ignorées, sans parler des voies de recours (suspensives) prévues par le droit. J’ajoute que mon « renvoi » s’accompagne d’une injonction d’avoir sur le champ à quitter le prieuré canadien où je suis exilé (je fus informé par fax le 13 octobre, j’ai à déguerpir le 15). Je ne me plains pas de recevoir des coups : ce ne sont ni les premiers, ni les derniers. Mais tout cela est trop énormément injuste pour être sérieux et ne peut s’expliquer que par un climat qui n’est pas très sain. Cette « décision », si elle était confirmée, serait en fait le signe d’une grande faiblesse, de la peur d’une saine discussion et, ceci dit sans majorer mon cas personnel, serait la manifestation d’un repli plus que dommageable, en même temps que le symptôme de l’idéologisation d’une œuvre d’Eglise.

Membre de la Fraternité Saint-Pie-X depuis l’origine, tout le monde sait quelle part j’ai prise, en vertu des responsabilités que m’a confiées Mgr Lefebvre, à son édification, à son extension et à son organisation, comme à celles du réseau de lieux de culte, centres, prieurés, écoles, églises, manifestations, revues, organisations de tous ordres du monde traditionnel dans son ensemble, spécialement en France. Dans l’exercice de ces responsabilités, je pense n’avoir montré de dureté envers personne. On peut, je crois, me rendre cette justice qu’au sein du climat très difficile qui est celui de la vie d’Eglise de chrétiens marginalisés, j’ai toujours agi avec humanité. Sans doute ai-je commis des erreurs, montré peut-être des naïvetés, mais j’ai toujours essayé d’œuvrer selon le sens de l’Eglise, dans l’esprit de Mgr Lefebvre. C’est dans ces sentiments, sentiments filiaux vis-à-vis de l’Eglise et vis-à-vis de notre fondateur que, sans polémique acrimonieuse, j’ai défendu clairement et distinctement mes idées, hier en faveur des consécrations épiscopales, aujourd’hui en faveur d’une collaboration avec les hommes de l’Eglise romaine qui sont en train de se rendre compte des dégâts du Concile. Ces idées dont je revendique le caractère respectable, elles peuvent certes être discutées, ou plutôt elles doivent être discutées, faire l’objet d’une discussion sérieuse et responsable. Je les ai professées et je les professe comme fils de l’Eglise, dans la considération respectueuse des personnes et dans la seule vue du service de notre Mère et de la FSSPX.

Je regrette vivement que cette affaire de « renvoi » ait été publiée avant que j’ai pu faire des propositions responsables à Mgr Fellay pour régler au mieux ce différend en prenant les choses par le haut. Les régler au mieux, c’est-à-dire, non pas en considération de mon sort personnel, mais pour établir des solutions constructives, destinées à poser des jalons pour l’avenir. J’affirme donc très simplement, mais avec la plus grande force, que je reste membre de la Fraternité sacerdotale Saint-Pie-X et que je reste par elle prêtre de l’Eglise catholique.