Communiqué de l’abbé
Paul Aulagnier
J’ai été peiné d’apprendre
qu’une lettre circulaire du 14 octobre, adressée aux prêtres du district de
France de la Fraternité Saint-Pie-X, leur notifiait
que j’étais « exclu » de la Fraternité. Je suis donc tenu de faire
connaître publiquement ce qu’il en est.
Le supérieur général de
la Fraternité, manifestement circonvenu, vient de me faire connaître qu’il
« constatait » que je m’étais mis de moi-même hors de la Fraternité Saint-Pie-X. Or, il faut savoir qu’aux termes du droit de
l’Eglise, la décision d’exclure le membre d’un institut, la plus dure peine que
l’on puisse prononcer contre un membre, ne peut concerner que des fautes d’une
extrême gravité. La « désobéissance » que l’on m’impute, qui de
toutes les façons n’a pas cette importance, est en réalité une protestation de
ma part contre des sanctions de silence que l’on m’a imposées en une matière
libre. En toute hypothèse, aux termes du droit canonique ancien comme nouveau,
la procédure d’exclusion exige des dispositions précises – un véritable
jugement – conformes à l’équité, qui en l’espèce ont été totalement ignorées,
sans parler des voies de recours (suspensives) prévues par le droit. J’ajoute
que mon « renvoi » s’accompagne d’une injonction d’avoir sur le champ
à quitter le prieuré canadien où je suis exilé (je fus informé par fax le 13
octobre, j’ai à déguerpir le 15). Je ne me plains pas de recevoir des
coups : ce ne sont ni les premiers, ni les derniers. Mais tout cela est
trop énormément injuste pour être sérieux et ne peut s’expliquer que par un
climat qui n’est pas très sain. Cette « décision », si elle était
confirmée, serait en fait le signe d’une grande faiblesse, de la peur d’une
saine discussion et, ceci dit sans majorer mon cas personnel, serait la
manifestation d’un repli plus que dommageable, en même temps que le symptôme de
l’idéologisation d’une œuvre d’Eglise.
Membre de la Fraternité
Saint-Pie-X depuis l’origine, tout le monde sait
quelle part j’ai prise, en vertu des responsabilités que m’a confiées Mgr
Lefebvre, à son édification, à son extension et à son organisation, comme à
celles du réseau de lieux de culte, centres, prieurés, écoles, églises,
manifestations, revues, organisations de tous ordres du monde traditionnel dans
son ensemble, spécialement en France. Dans l’exercice de ces responsabilités, je
pense n’avoir montré de dureté envers personne. On peut, je crois, me rendre
cette justice qu’au sein du climat très difficile qui est celui de la vie
d’Eglise de chrétiens marginalisés, j’ai toujours agi
avec humanité. Sans doute ai-je commis des erreurs, montré peut-être des
naïvetés, mais j’ai toujours essayé d’œuvrer selon le sens de l’Eglise, dans
l’esprit de Mgr Lefebvre. C’est dans ces sentiments, sentiments filiaux
vis-à-vis de l’Eglise et vis-à-vis de notre fondateur que, sans polémique
acrimonieuse, j’ai défendu clairement et distinctement mes idées, hier en
faveur des consécrations épiscopales, aujourd’hui en faveur d’une collaboration
avec les hommes de l’Eglise romaine qui sont en train de se rendre compte des
dégâts du Concile. Ces idées dont je revendique le caractère respectable, elles
peuvent certes être discutées, ou plutôt elles doivent être discutées, faire
l’objet d’une discussion sérieuse et responsable. Je les ai professées et je les
professe comme fils de l’Eglise, dans la considération respectueuse des
personnes et dans la seule vue du service de notre Mère et de la FSSPX.
Je regrette vivement que
cette affaire de « renvoi » ait été publiée avant que j’ai pu faire
des propositions responsables à Mgr Fellay pour régler au mieux ce différend en
prenant les choses par le haut. Les régler au mieux, c’est-à-dire, non pas en
considération de mon sort personnel, mais pour établir des solutions
constructives, destinées à poser des jalons pour l’avenir. J’affirme donc très
simplement, mais avec la plus grande force, que je reste membre de la
Fraternité sacerdotale Saint-Pie-X et que je reste
par elle prêtre de l’Eglise catholique.