Les Dominicains d’Avrillé et le père Berto

 

 

 

Les dominicains d’Avrillé, près d’Angers, en France ont fait «  fort » !

 

Ils ont publiés dans le numéro 43 de leur revue : le sel de la terre – sans l’autorisation des « ayants droits » les dominicaines de Pontcallec – un ensemble de lettres privées que  le père Berto – leur fondateur – leur adressait de Rome alors que se déroulaient les 2ème et 3ème sessions du Concile auxquelles il participait comme théologien privé de Mgr lefebvre.

 

Ces lettres sont forts intéressantes. Un délice pour l’esprit, une fraîcheur et une force dans l’expression des sentiments, de la foi un témoignage historique sur le déroulement du concile hors pair

 On a été heureux de les connaître.

 

Mais on comprend que les religieuses de Pontcallec aient réagi.

Elles  ont  réagi par la publication d’une petite plaquette de 12 pages sobrement intitulée :

« Réponse à la revue le sel de la terre  n 43 ».

 

« Elle a pour but – nous dit Présent sous la plume de Jean Madiran (vendredi 18 avril 2003) de rétablir ce que fut la pensée de l’abbé Berto pendant et après le Concile, en rectifiant les interprétations suscitées par sa correspondance dans l’état où elle a été publiée à ce jour ».

 

Cette réponse inspira à Madiran, dans le même numéro de Présent, trois notes importantes qu’il intitula :

« à propos de l’interprétation des lettres de l’abbé Berto »

 

Elles sont à lire

La troisième peut intéresser plus particulièrement les fidèles de la Tradition.

 

Voyez vous même !

 

 

III. – Les  Dominicains du Saint Esprit ont été fondées par l’abbé Berto et dirigées par lui jusqu’en 1968. Elles ont une formation, et pour les plus jeunes, une tradition d’une grande vigueur intellectuelle.

 

Leur brochure signale un point tout à fait essentielle de la crise  actuelle de l’Eglise (la crise qui se prolonge et se pétrifie depuis plus de 50 ans) : la pensée de l’abbe Berto n’est pas « dialectique » - le mot dialectique étant entendu non pas au sens dit aristotélicien (art de discuter), mais au sens moderne et marxiste, ou la pratique de la dialectique consiste à exploiter dans toute réalité une prétendue contradiction interne qui serait la clé de son évolution.

Dans le cas présent, Pontcallec rejette l’idée que l’abbé Berto aurait pu admettre une opposition dialectique entre  une « Eglise de toujours » et une « Eglise conciliaire »,  - j’ajouterai pour ma part qu’il n’y a pas d’Eglise conciliaire

 

L’Eglise conciliaire est une expression vicieuse ayant pour auteur le futur cardinal Benelli, alors substitut à la secrétairerie d’Etat., dont il était en somme le numéro 2, derrière le funeste  et suspect cardinal Jean Villot. Dans une lettre à Mgr Lefebvre, le 25 juin 1976, il lui parlait « de fidélité véritable à l’Eglise conciliaire », présentée comme l’équivalent, ou le signe, de la nécessaire « obéissance de l’Eglise ».

C’était une exigence à la fois arbitraire, exorbitante, fantaisiste et imprudente. Peut-être une simple maladresse d’expression. Mais, maladresse ou réelle astreinte, elle était scandaleuse.

Elle exprimait assez bien l’abus de pouvoir ecclésiastique qui avait trop souvent sous le cours pontificat de Paul VI. Cependant je n ‘ai pas souvenir que le parti de l’apostasie immanente ait beaucoup repris cette expression d’ « Eglise conciliaire » comme un slogan ou comme un programme explicite.

Je crois avoir, à l’époque, pas mal contribué à indigner le public catholique contre l’incroyable formule qu’avait osée le substitut Benelli. Mais par la suite cette formule d’ « Eglise conciliaire » fut surtout employée par des traditionalistes pour faire honte de ses desseins au parti dominant dans l’Eglise.

 

On est arrivé toutefois, par glissements successifs, à laisser entendre, ou à laisser plus ou moins dire, qu’il y aurait en présence deux Eglises, avec chacune sa hiérarchie propre :

D’une part une « Eglise conciliaire », qui apparemment serait celle du pape et des évêques

D’autre part une « Eglise de toujours », qui contredit les errements de l’ « Eglise conciliaire », lui fait sommation de se corriger et se donne la fonction d’estimer si la correction est suffisante.

 

Il est loisible cependant de parler d’Eglise conciliaire si l’on entend par là l’Eglise elle-même, mais atteinte dans son personnel d’une maladie, nommée «  conciliaire » parce que l’épidémie s’en est propagée « au nom du concile ».

On peut parler d’un parti « conciliaire », ainsi nommé parce qu’il impose sa domination en vertu d’un soi-disant « esprit du Concile » et qu’il anime une dénommée « évolution conciliaire » tyrannique, persécutrice et catastrophique. La maladie a plus ou moins atteint la quasi-totalité des détenteurs de la succession apostolique.

 

L’Eglise  militante n’en est pas moins, de fondation divine, structurée par la succession apostolique et la primauté du siège romain. Ce que cette succession, ce que cette primauté devraient faire mais ne font pas, ou font mal, personne d’autre ne peut le faire à leur place.

 

Mais, on peut, voire on doit le leur réclamer, même à haute voix, même publiquement.

Chacun, comme toujours, selon son état de vie, et sans sortir des limites de son devoir d’état :

C’est à dire notamment, en l’occurrence, face à la maladie conciliaire répandue parmi les détenteurs de la succession apostolique, en évitant d’y opposer la constitution imaginaire d’une autre Eglise, qui se serait retranchée à l’écart de l’épidémie et serait en quelque sorte la véritable Eglise.

 

 

Tout en reconnaissant la maladresse des Dominicains – mais je sais par expérience que les Dominicaines de Pontcallec sont au sujet des écrits du Père berto très chatouilleuses – j’ai été heureux de lire ces correspondances. Il est évident que pour une édition grand publique, le père Berto aurait modifié des passages comme en témoigne J. Madiran – mais la spontanéité évidente du père, amusante, sa familiarité, son feu intérieur son amour de Rome a quelque chose de très heureux – qu’une retouche aurait peut-être diminuée -  Un régal que ces lettres par leur esprit très français.

L’Eglise peut être fière d’avoir eu de tels prêtres.

A notre tour, leur ferons nous honneur ?