Le cardinal Barbarin interrogé par la revue "Gala" - mars04

 

 

Vous désirez  connaître le cardinal Barbarin, sa famille, son caractère, sa pensée sur les questions les plus chaudes de l’heure… Lisez cette interview intéressante, par sa vivacité, son franc-parler. Il ne se fait pas grande illusion sur la situation présente ni de l’Eglise ni sur la société présente. .. Peut-être encore sur le « Concile ». Mais jusqu’où faudra-t-il aller, quelle situation faudra-t-il connaître pour que l’on parle enfin un langage vrai sur cette œuvre « équivoque » ? 

 

 

 

 

Le 21 octobre dernier, le pape revêtait de la pourpre cardinalice Philippe Barbarin. l'Archevêque de Lyon est devenu en peu de temps l'une des figures marquantes de l'Eglise Catholique française. Avec son regard noir où alterne sans coup férir candeur et violence, son verbe déchaîné et son pas cadencé, le primat des Gaules n'est pas loin de ressembler à Saint Paul, pasteur véhément, chirurgien de l'âme, zélateur intarissable . Son Eminence chante à tue tête dans les couloirs de l'archevêché, ouvre les portes mais ne les referme pas, refuse de quitter son bureau avant des heures indues... Sa gouvernante se lamente et pense qu'il mène sa vie à un rythme inhumain. Tel est Philippe Barbarin. Mystérieux, ascétique et solaire.

 
A l'occasion du vingt-cinquième anniversaire de son pontificat, Jean-Paul II faisait de vous le plus jeune cardinal du monde. qu'avez-vous ressenti à ce moment là ?

 

 « Le Vatican a annoncé la liste des nouveaux cardinaux le jour où je courrais le semi-marathon de Lyon. En entendant les cloches de la ville carillonner, j'ai compris que Jean-Paul II m'avait désigné ! Par sa volonté, je suis archevêque de Lyon, primat des Gaules et cardinal de l'Eglise universelle. Mais les titres honorifiques ne me pèsent pas. Dans mon coeur et devant Dieu, je suis d'abord prêtre. Et ce à quoi je tiens le plus dans ma vie, c'est à mon baptême ! »

 

A quoi ressemble votre vie quotidienne ?

 

« Mon diocèse est une " grosse machine ", marquée par un passé prestigieux. Il n'est jamais facile de prendre la suite des martyrs... En fait, je suis plus proche des 70 heures hebdomadaires que des 35 h. Mais ne pensez pas que je travaille nuit et jour sur mes dossiers ! Je me déplace beaucoup sur le terrain, dans les paroisses et dans les écoles, en essayant d'être à l'écoute des gens. Les Lyonnais savent que chaque vendredi soir je me tiens à leurs dispositions au fond de la cathédrale. Ils peuvent me rencontrer pour me parler de ce qu'ils veulent. Le week-end, j'aime aller dîner dans les familles ou recevoir à l'archevêché. »

 

Quel genre d'homme êtes-vous ?

 

« Difficile de se juger soi-même ! Je sais que je suis impatient, mais j'espère rester simple. j'ai toujours beaucoup de projets et comme je ne suis pas un " rusé ", il m'arrive d'avoir peur de tomber dans des pièges... »

 

Sont-ce là les seules choses qui vous inquiètent dans l'exercice de votre fonction ?

 

« Oh non bien sûr ! Ma grande angoisse, c'est l'infidélité où pourrait tomber ceux dont j'ai la charge. Un prêtre du diocèse a récemment décidé d'abandonner sa mission. Il avait quarante ans. Je n'ai rien pu faire pour le retenir... La situation de certains couvents m'inquiète aussi beaucoup. Je dois aider des communautés qui ne rassemblent plus que trois ou quatre religieux souvent très âgés. Je veux qu'ils puissent mourir chrétiennement. »

 

Quelle jeunesse avez-vous eue ?

 

« Je suis issu d'une famille catholique très croyante. Mes parents avaient une force et une énergie incroyable. Sur onze enfants, quatre sont consacrés au Seigneur, et les autres sont enracinés dans la foi. Je crois que notre force vient du climat dans lequel nous avons été élevés. Il n'y avait pas de télévision mais une atmosphère chrétienne et convaincue. Cette effervescence m'a sûrement donné le goût de l'action, l'envie de construire et de prendre des risques. j'aime les gens qui sont dévorés par un feu ardent et comme disait Jésus, je vomis les tièdes. »

 

Quand avez-vous compris que vous vouliez devenir prêtre ?

 

« J'ai su très jeune que Dieu m'appelait. Avec mes frères et soeurs, nous jouions à dire la messe et c'est moi qui faisait le prêtre ! Je pense que tout est clair en moi depuis l'école primaire. Ensuite, j'ai rencontré certaines difficultés, quand on tombe amoureux d'une fille, puis d'une autre, parfois de beaucoup... j'ai pris ma décision vers 20 ans. Le jour de mon ordination fut le moment le plus intense de ma vie : en un instant, je scellais tout le sens de mon existence sur terre. »

 

Vous n'avez jamais eu peur de vous engager ?

 

 « Non. Jamais. Comment avoir peur d'annoncer l'Evangile ? Ma vraie préoccupation venait des bouleversements issus de mai 1968. Les séminaires français explosaient et des milliers de prêtres ont quitté le sacerdoce ! j'étais préoccupé de la solidité de la formation que j'allais recevoir. Au séminaire de Paris, c'était le grand chambardement : flou doctrinal, chute des effectifs, des théologiens qui claquaient la porte, des religieux qui se mariaient... Ces événements m'ont rendu optimiste car j'ai constaté que l'Eglise pouvait traverser de grandes tempêtes, affronter des vents qui chahutent le navire, mais cependant le vaisseau tient bon et poursuit sa route. »

Quels souvenirs gardez-vous de votre premier ministère ?

 « j'ai été nommé à Créteil, un diocèse de banlieue réputé difficile ! Mais j'avais quand même le sentiment d'être un petit garçon qui entrait par la grande porte. Comme dit Newman: " Il faut fleurir là où on est planté ". La vie quotidienne d'un prêtre est difficile, fatigante, mais la richesse intérieure qu'elle apporte en retour vaut toutes les difficultés du monde. Je suis devenu successivement aumônier de lycée puis curé de paroisse. j'ai beaucoup aimé ma mission auprès des étudiants. Avec eux, je finissais par oublier que je n'étais plus si jeune ! En 1994, vous êtes parti pour Madagascar. Toujours sans crainte ? Pas vraiment ! Je suis parti en tremblant car Madagascar est à l'autre bout du monde et je quittais ma famille pour un long moment. Je ne connaissais rien de ce pays, rien de son histoire. Le jour de mon départ, mon évêque m'a dit : " Philippe, ce n'est pas parce que nous sommes pauvres qu'il ne faut pas donner ! " Là bas, j'ai traversé une grave crise spirituelle. Je me suis demandé si j'étais prêtre à cause de mes repères traditionnels, les aumôneries de lycées, les mariages, les confessions ou si j'étais vraiment attaché au Christ.

 

Comment l'Eglise informe t-elle ses prêtres qu'ils sont nommés évêque ?

 

« Je suis rentré de Madagascar le 5 août 1998. Le nonce apostolique m'a convoqué six jours plus tard pour me dire que le Saint-Père souhaitait que je devienne évêque de Moulins. Avec du recul, j'ai compris que tout avait été préparé avant mon retour. Je suis passé sans transition de l'océan indien à l'Allier ! »

 

Quel regard portez-vous sur la situation générale de la France ?

 

« La France manifeste des signes très inquiétants : silence radio sur la vie spirituelle, obsession de l'argent, oubli de ceux qui sont sur le carreau, confusion morale... j'ai le sentiment que nous vivons une sorte de décadence. Certains groupes de pression agissent efficacement : le lobby pour la libre fabrication et l'utilisation des embryons congelés ou le lobby pro-euthanasie, pour prendre deux exemples d'actualité. Une société qui se construit sans Dieu finit par se construire contre l'homme ! Mais je sais que la parole du Christ finira par l'emporter. En tenant ce discours, croyez bien que je n'ai pas peur que l'Eglise soit en marge : cela fait vingt siècles que nous sommes objet de critiques ou de dérision ! En son temps, Jésus lui-même était isolé...

Il y a de nombreuses manifestations de générosité populaire. Le Téléthon ou le Sidaction...

On donne, mais c'est par téléphone ! c'est très bien d'offrir 50 euros pour la lutte contre le sida un samedi soir, confortablement assis dans son canapé. Mais il faut aussi descendre dans la rue et s'engager. Nos sociétés occidentales craignent ce qui n'est pas aseptisé. Depuis toujours, il y a des nantis et des sans-abri. Ignorer ou refuser d'aider la seconde catégorie procède d'une forme de négationnisme. c'est l'idéologie de la performance qui nous rend aveugle à la souffrance. La vie ne peut pas se réduire à une histoire de performance ! Les fruits à l'apparence merveilleuse ne sont pas forcément les plus délicieux. Une petite pomme ridée est souvent bien meilleure qu'une belle pomme calibrée »

 

Vous avez récemment publié un communiqué très critique sur la nouvelle loi de bioéthique. Pourriez-vous résumer votre point de vue en la matière ?

 

« Pour les chrétiens l'embryon humain n'est pas une chose... Mais je constate que le législateur le considère comme un matériel de laboratoire ! Il devient quasi impossible d'émettre la moindre critique puisque les généticiens nous disent qu'il s'agit de faire avancer la recherche. La science agit comme bon lui semble... En 1994, le législateur interdisait la constitution de stocks d'embryons. A cette date, il y en avait 60.000. En 2003, le stock est monté à 300.000 unités ! Le contrôle des recherches sur les animaux va finir par être plus sévère que pour les hommes. Merci Brigitte Bardot ! Une nouvelle loi est en lecture au parlement : pour moi, c'est une transgression sans précédent, un basculement de civilisation. Cela se passe dans la plus grande indifférence alors qu'on fait tout un tintamarre de la loi sur le voile ! »

 

Pourquoi l'Eglise s'oppose t-elle à l'avortement ?

 

« La loi française est censée garantir la protection de l'être humain dès le commencement de la vie. Or, depuis trente ans, le parlement s'applique à faire l'inverse. Pour l'Eglise, la vie est sacrée et elle ne nous appartient pas. Dans ma vie de prêtre, j'ai pu voir combien les drames consécutifs à un avortement étaient difficiles à apaiser. Le législateur édicte des règles sans se préoccuper des conséquences ! En autorisant l'avortement, il brise des existences entières. Sait-on que plus de la moitié des femmes qui séjournent en psychiatrie sont soignées pour des troubles consécutifs à un avortement ? » 

 

Approuvez-vous la pilule du lendemain ?

 

 « Non, bien sûr, car c'est un moyen abortif. j'espère qu'on donnera aux pharmaciens le droit à l'objection de conscience et la permission de ne pas vendre ce qui est contraire à leurs convictions sur le bien de l'homme. Les docteurs en pharmacie ne peuvent pas être considérés comme des épiciers de médicaments ! »

Ne craignez-vous pas que l'on vous reproche que vos positions sur ces questions s'apparentent à celles de l'extrême droite ?

 

« Soyons clair là-dessus : je m'oppose fondamentalement aux idéologies de l'extrême quelles qu'elles soient. Je suis un homme d'Eglise et je ne parle pas pour faire plaisir aux uns ou aux autres. En France, les médias ont pris l'habitude de diviser l'Eglise entre gauche et droite. d'un côté, l'intérêt pour le Tiers-monde et la juste répartition des richesses appartiendrait aux catholiques de gauche... De l'autre, la lutte pour la famille ou contre l'avortement qui serait l'apanage des catholiques de droite. l'Eglise n'est ni de droite ni de gauche : elle est des deux côtés puisqu'elle se bat sur tous les fronts où la dignité et le respect de l'homme lui semblent en danger. Je me battrai donc, à temps ou à contretemps, pour le respect de la vie de son commencement jusqu'à sa fin. Ce combat difficile ne m'empêche pas de dire que l'action de la France contre la misère est insuffisante. j'ai honte de constater que depuis trente ans, nous prétendons donner 0.7 % de notre PNB aux pays pauvres, et nous en offrons tout juste la moitié ! Nous sommes pingres, mais nous pourrions au moins tenir nos promesses ! Les français sont préoccupés par leurs comptes en banque, le cours du CAC 40 et leurs régimes alimentaires. Quand on pense que la moitié de la planète suit des régimes amaigrissants pendant que l'autre meurt de faim, c'est terrifiant !

L'aide aux pays sous-développés semble pourtant faire partie des préoccupations actuelles ?

L'action des organisations humanitaires est exemplaire. Ce travail restera comme une goutte d'eau dans l'océan s'il n'est pas relayé par les pouvoirs publics. La situation dans laquelle les pays riches abandonnent les pays pauvres ressemble à un génocide. Je n'ose penser à ce crime que le Seigneur nous reprochera le jour du jugement... Au moment de la crise de la vache folle, les Malgaches qui n'ont jamais une tranche de boeuf dans leurs assiettes étaient sidérés de voir que nous abattions des troupeaux entiers pour... quasiment rien ! »

 

La mort de Vincent Humbert a replacé l'euthanasie au coeur de l'actualité. La position de l'Eglise sur cette question pourrait-elle évoluer ?

 

« c'est un compromis impossible. On ne peut pas décider du moment de la mort d'un homme. Le progrès dans l'usage de la morphine permet de soulager la douleur, ce qui est notre mission première auprès de ceux qui souffrent. Si nous suivons les recommandations des mouvements pro-euthanasie, nous arriverons dans un système où il sera possible d'acheter sans trop de difficultés une pilule euthanasique. j'espère que Jean-Pierre Raffarin ne cédera pas aux chantages de ceux qui exploitent sans vergogne notre compassion. « 

 

Que pensez-vous de la mise en examen de Mme Humbert et du Dr Chaussoy, le réanimateur de l'hôpital de Berk-sur-Mer ?

 

 « C'est l'histoire effrayante d'une mère qui prétend, parce qu'elle a donné la vie à son fils, qu'elle peut aussi lui donner la mort. Les médecins ont tout fait pour aider Vincent à vivre, mais l'entourage avait décidé qu'il devait mourir. Derrière cette histoire, il y a l'action des militants de l'euthanasie qui ont fini par décourager l'équipe médicale qui s'occupait de Vincent. Ces groupes essaient de nous faire croire que les médecins sont favorables à l'euthanasie. c'est faux ! j'aimerais que les médias parlent un peu plus des médecins et des infirmières qui déploient chaque jour une énergie incroyable. Il faut rendre hommage aux parents qui choisissent, contre l'avis de tous, de garder un enfant handicapé. Si nous entrons dans un monde où l'homme s'arroge le droit de disposer de la vie d'autrui, je ne donne pas cher de notre avenir. Battons-nous pour la vie ! »

 

Vous-même, comment aimeriez-vous mourir ?

 

« Moi, en état de grâce, tout simplement. j'ai déjà échappé deux fois à la mort. Dans un accident de voiture et surtout à Madagascar, en me baignant dans des eaux où se trouvaient des crocodiles. Quelques secondes de plus et .... »

 

Comme votre héros préféré, Tintin, dans le Voyage au Congo ?

 

 « Oui, j'ai un peu vécu la même chose ! Et c'est vrai que j'aime beaucoup le travail d'Hergé. A l'archevêché, j'ai fait aménager une chambre d'amis entièrement décorée comme un " musée Tintin ". »

 

Certains disent que le pape aimerait mourir au cours d'un dernier voyage ?

 

« Je suis très impressionné par le courage du Saint-Père. Jean-Paul II dit souvent qu'il faut consacrer toutes ses forces à sa tâche puisque nous aurons toute l'éternité pour nous en reposer. Lors de mon dernier séjour à Rome, le pape était très fatigué, le corps brisé par la souffrance. Néanmoins, j'ai l'impression que son esprit n'a jamais été aussi présent. Jean-Paul II a été un pape d'une santé insolente et il vit maintenant une passion qui est un message pour le monde entier. Il continue d'accomplir sa mission, de prendre des initiatives qui renouvellent l'Eglise !

 

Le décès du Saint-Père vous fait-il peur ?

 

« Quand Pie XII est mort, tout le monde pensait que sa succession serait très difficile. Puis Jean XXIII fut élu et la vie de l'Eglise a connu le souffle extraordinaire de Vatican II. Il n'y a que le Christ qui soit irremplaçable ! Qui sait si l'influence du prochain pape ne sera pas encore plus forte que celle de Jean-Paul II... »
Comme cardinal, vous êtes électeur...

 

« Je vais peut-être vous surprendre, mais cette perspective ne m'effraie pas ! Jean-Paul II m'a donné cette responsabilité, je l'assumerai quand l'heure viendra. Je sais pour qui je vais voter... mais c'est l'Esprit-Saint qui conduit l'Eglise. » 

 

Et si le conclave se prononçait en faveur d'un jeune cardinal venu de France...

 

« Le conclave ne fera pas cette erreur ! »

 

Comment réagissez-vous aux scandales des prêtres pédophiles ?

 

« Je peux comprendre que des prêtres commettent des fautes, ce sont des hommes. Mais dans le cas des affaires de pédophilie, je suis profondément révolté. Ces histoires sont monstrueuses, elles blessent et détruisent parfois des vies pour toujours. Non, l'Eglise de France n'est pas restée muette sur les graves dérives de certains prêtres. Les drames liés à la pédophilie ne concernent pas seulement les prêtres. Est-ce que l'éducation nationale et les autres corps de la société touchés par ce mal ont parlé aussi clairement que l'Eglise ? »

 

Etes-vous favorable au maintien du célibat ?

 

« c'est une exigence déraisonnable, une sorte de folie. Mais l'Eglise pense d'abord que c'est un témoignage, et aussi une grâce immense qui nous permet d'être attaché entièrement et librement à Dieu. En s'engageant au célibat, les jeunes doivent réfléchir plus que jamais à ce que la chasteté va représenter dans leur vie. Il est normal d'avoir peur d'engager aussi ardemment son existence. Je pense toujours à cette phrase de Gandhi : " Ce que le catholicisme a gardé de plus pur, c'est le célibat des prêtres " ! »

 

L'Eglise pourrait-elle autoriser un jour des femmes à devenir prêtre ?

 

« La seule chose qui compte dans l'église, ce ne sont pas les prêtres et les évêques, c'est la sainteté. Voilà la vraie hiérarchie. Nous oublions les noms des prêtres ou des papes pour ne retenir que les noms des saints, qu'ils soient hommes ou femmes. Des millions de français connaissent sainte Bernadette de Lourdes, sainte Thérèse de Lisieux, et ignorent les noms des papes ou des évêques qui ont vécu à leurs époques. c'est un fait, et c'est bien. Je rentre d'un colloque international merveilleux, à New-York, avec de grands rabbins, et sans que je l'aie fait exprès, les exemples que j'ai utilisés dans ma conférence étaient des visages de femmes qui illuminent l'histoire de notre Eglise. Certains détracteurs nous reprochent d'occulter l'existence de la moitié de l'humanité. Alors je leur demande comment Mère Térésa ou Soeur Emmanuelle font pour être plus connues que tous les cardinaux du monde ? Je suis pour que les femmes prennent toute leur place dans la vie de l'Eglise et je constate qu'elles le font ! Mais pour l'ordination, je pense que l'Eglise continuera de suivre l'exemple du Christ qui, parmi ses milliers de disciples, a choisi douze hommes comme Apôtres. Il me semble que la pression sociale actuelle pour la parité homme/femme n'a aucun poids devant ce qu'a voulu et fait Jésus ! »

 

Avez-vous une recette miracle pour faire remonter le chiffre des ordinations ?

 

« Devenir prêtre dans le contexte actuel, on comprend que cela fasse peur ! Il faut appeler les jeunes, et les convaincre d'une chose très simple : être prêtre c'est exercer le plus beau métier du monde. Quand j'étais évêque de Moulins, le nombre des séminaristes n'a pas diminué, au contraire. Je veux donner aux jeunes la conviction que les séminaires sont susceptibles de leur offrir une formation sérieuse et profonde. La prêtrise et le bonheur ne sont pas incompatibles ! La pénurie de prêtres est une grave épreuve mais si la crise perdurait, la communauté chrétienne saurait se prendre seule en charge. Certains pays ont vécu sans prêtre pendant cinquante ou cent ans, et la foi ne s'y est pas éteinte pour autant. Mais enfin, j'aimerais bien que la France connaisse un vrai réveil spirituel et missionnaire. »

 

Soutenez-vous le projet de loi sur la laïcité ?

 

« Dans l'état actuel, le projet de loi sur l'interdiction des signes religieux dans les établissements scolaires publiques ne me plaît pas ! Cette loi est perçue comme raciste par certains milieux musulmans. De fait, dans sa formulation, elle est imprécise. Que veut dire exactement l'adjectif " ostensible " ? Son application risque d'être violente et de donner du grain à moudre aux extrémistes ! Pour autant, si cette loi est votée, nous la respecterons. l'enjeu fondamental reste celui d'une conception ouverte de la laïcité. Dans son discours du 17 décembre, Jacques Chirac a bien distingué laïcisme et laïcité. La laïcité à la française respecte les cultes et leurs libres exercices. La France, dont les racines sont chrétiennes, peut montrer qu'elle sait faire place au culte musulman. »

 

A l'instar du Cardinal Lustiger, pensez-vous que l'islam risque de devenir en France une " religion d'Etat " ?

 

« Il faut poser certains problèmes avant que la situation ne s'envenime. Le christianisme a toujours distingué le spirituel du politique : " Rendez à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu ". A contrario, l'union entre le pouvoir et la religion est inscrite dans le Coran, ce qui pose une vraie question. Il y a un danger de la part des islamistes. Je reçois personnellement de nombreuses lettres de musulmanes qui demandent le sacrement du baptême mais qui ont peur. Les médias ne parlent pas assez des jeunes femmes menacées de mort parce qu'elles veulent se convertir au christianisme. Chaque semaine, certaines églises de la banlieue lyonnaise sont l'objet de dégradations. Est-ce que Nicolas Sarkozy le sait, est-ce qu'il en parle ? »

 

Vous avez le sentiment que les catholiques sont devenus les parents pauvres de la France ?

 

« On a l'impression que toutes les critiques et les moqueries contre nous sont permises ! Comme s'il fallait régler ses comptes à l'Eglise ! Ce n'est ni étonnant ni grave. l'Eglise n'a pas besoin que l'on parle d'elle ! Cela lui fait même du bien qu'on l'oublie un peu ! Elle est faite pour servir, pour annoncer l'Evangile et pour dire aux hommes qu'ils sont aimés. »

 

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Bernard Antony présentant  ce projet de loi,  écrit : « Lorsque la France aura retrouvé le sens des valeurs chrétiennes et même tout simplement humaines, au premier rang desquelles le respect de la vie, le respect des enfants, le soutien à la famille, ce projet de loi constituera pour ses députés un document de référence, à proposer tel quel ou avec les adjonctions qu’ils estimeront nécessaires »

 

Et Maitre Georges-Paul Wagner lui-même, ce grand juriste respecté, écrit en présentation du document sous le titre  « une loi pour la vie » :

 

« Le reproche habituellement fait à ceux qui mènent croisade contre la loi Veil et veulent son abolition, c’est de vouloir » revenir au Moyen-Age », à un temps d’anathèmes, de sanctions et de punitions, sans tenir compte de l’évolution de la société vers de « nouvelles mœurs », en tout cas vers le compréhension et l’indulgence, et, en somme, d’être toujours répressifs sans être jamais constructifs.

Voulez-vous, leur dit-on, reconduire en prison des femmes malheureuses, qui ont eu l’avortement pour unique recours ?

 

La proposition de loi, que nous vous présentons, fournit une réponse complète et mesurée à cette question. Elle établit un juste équilibre entre la législation du passé, que la loi Veil a abolie, et une vision législative qui, sans méconnaître l’état actuel des mœurs, n’oublie pas cependant que l’avortement a gardé sa perversité de faute contre la loi surnaturelle comme naturelle, et qu’il est, dans l’esprit de ceux qui y voient un « droit » de la femme, un élément actif de leur politique de mort.

 

Un e politique de vie, dans une France menacée de mort par la dénatalité et l’amoralisme, doit être tournée vers l’accueil de l’enfant à naître et étendre la protection de la loi sur celui-ci, dès le début de la conception. En le faisant, cette politique se soucie du sort des futures mères et des enfants de demain, qui, les uns comme les autres, doivent être accueillis et aidés, quand il le faut.

 

Mais cette politique tient compte aussi des récentes découvertes d’une science, mieux à même aujourd’hui de voir et de savoir ce qu’est l’embryon humain et comment il annonce, prépare, accomplit, sans solution de continuité, l’être qui sera pleinement une personne humaine au jour de sa naissance.

 

La politique que cette proposition de loi préconise est donc une politique morale et sociale et, en même temps, une politique moderne, puis qu’elle tient compte à la fois des règles qui s’imposent à une société qui veut vivre et se poursuivre, et du nouveau regard que la science permet sur toutes les étapes de l’humain ».

 

 

Je serais Directeur de Séminaire ou Supérieur de District, ou même Supérieur Général, ou encore Directeur d’établissement secondaire, j’encouragerais absolument l’étude et la diffusion de ce document. Il me paraît majeur. Il développe une doctrine politique « familiale », « sociale », « matrimoniale », « patrimoniale » « éducative »  fondée sur les meilleurs principes, raisonnables et justes, des principes  de bon sens,  Cette « politique » ne pourrait qu’être bénéfique au Bien Commun de notre pays. Cette loi adoptée aurait même des conséquences économiques importantes.

 

Aussi, dans le cadre de mes présentes responsabilités, comme « aumônier » de la « Paroisse Virtuelle Saint Michel », j’encourage vivement tous mes paroissiens et à travers eux, tous les « internautes »,  - ils sont des milliards -, à s’intéresser à ce texte, à l’étudier,  -  ils le trouveront bientôt sur le site ITEM dans la rubrique « Doctrine Politique »  - et en attendant que je sois opérationnel, en le commandant aux  centres Henri et André Charlier à l’adresse suivante : 70 Bd Saint Germain 75005 Paris . tel °1 40 51 74 07.  fax 01 40 46 96 47.