2. Nature et attributs

— Qu’est-ce que Dieu ?

— Dieu est un Esprit, en trois Personnes, Créateur et Souverain Maître de toutes choses.

— Que voulez-vous dire quand vous dites que Dieu est un Esprit ?

— Je veux dire qu’il n’a point de corps, comme nous, et qu’il est libre de toute matière, ou même de toute nature distincte de son être (q. 3, a. 1-4).

— Que s’ensuit-il de cela pour Dieu ?

— Il s’ensuit que Dieu n’est pas un être comme les autres êtres, qui ne sont que tels ou tels êtres particularisés ; mais qu’il est, au sens le plus vrai, le plus transcendant et le plus absolu, I’Être même (q. 3, a. 4).

— Dieu est-il parfait ?

— Oui, Dieu est parfait ; car il ne lui manque rien (q. 4, a. 1).

— Dieu est-il bon ?

— Oui, Dieu est la Bonté même ; car il est le principe et le terme de tout amour (q. 6).

— Dieu est-il infini ?

— Oui, Dieu est infini ; car il n’est limité par rien (q. 7, a. 1).

— Dieu est-il partout ?

— Oui, Dieu est partout; car tout ce qui est, est en lui et par lui (q. 8).

— Dieu est-il immuable ?

— Oui, Dieu est immuable ; car il n’a rien à acquérir (q. 9).

— Dieu est-il éternel ?

— Oui, Dieu est éternel ; car il n’y a pas de succession en lui (q. 10).

— Y a-t-il plusieurs Dieux ?

— Non, il n’y a qu’un seul Dieu (q. 11).

— Pourquoi affirmez-vous de Dieu ces divers attributs ?

— Parce que, s’il ne les avait pas, il ne serait plus lui-même.

— Comment montrez-vous que, si Dieu n’avait pas ces attributs, il ne serait plus lui-même ?

— Parce que Dieu ne serait plus lui-même s’il n’était pas celui qui existe par soi. Or celui qui existe par soi doit être parfait, car il a tout en lui-même ; et, s’il est parfait, il est nécessairement bon. Il doit être infini, sans quoi quelque chose aurait action sur lui pour le limiter ; et, s’il est infini, il faut qu’il soit partout. Il doit être immuable, sans quoi il serait à la recherche de quelque chose ; et, s’il est immuable, il est éternel, le temps étant une succession qui implique le changement. D’autre part, étant infiniment parfait, il ne peut être qu’un ; deux infiniment parfaits étant absolument impossibles, car l’un n’aurait rien par où il se distinguerait de l’autre (q. 3-11).

 

— Pouvons-nous voir Dieu sur cette terre ?

— Non, nous ne pouvons pas voir Dieu sur cette terre, notre corps mortel y faisant obstacle (q. 12, a. 11).

— Pourrons-nous voir Dieu au ciel ?

— Oui, nous pourrons voir Dieu au ciel, des yeux de l’âme glorifiée (q. 12, a. 1-10).

— Comment pouvons-nous connaître Dieu sur cette terre ?

— Nous pouvons connaître Dieu sur cette terre par la raison et par la foi (q. 12, a. 12-13).

— Qu’est-ce que connaître Dieu sur cette terre par la raison ?

— C’est connaître Dieu à l’aide des créatures qu’il a faites (q. 12, a. 12).

— Qu’est-ce que connaître Dieu sur cette terre par la foi ?

— C’est connaître Dieu par ce qu’il nous a dit lui-même de lui-même (q. 12, a. 13).

— De ces deux sortes de connaissances que nous pouvons avoir de Dieu, sur cette terre, quelle est la plus parfaite ?

— C’est, à n’en pas douter, la connaissance que nous avons de lui par la foi ; car elle nous fait atteindre Dieu sous un jour que la raison ne pouvait même pas soupçonner ; et, bien que ce jour soit encore pour nous mêlé d’ombre et d’obscurité impénétrable, il est cependant comme un commencement du jour de la vision au ciel dont la pleine clarté constituera notre bonheur pendant toute l’éternité (q. 12, a. 13).

 

— Quand nous parlons de Dieu ou que nous nous exprimons à son sujet, les mots ou les termes que nous employons ont-ils un sens précis et que nous puissions légitimer ?

— Assurément ; car ces termes, ou ces mots, bien qu’usités d’abord pour désigner les perfections de la créature, ont pu être transférés ensuite à désigner ce qui, en Dieu, correspond à ces mêmes perfections (q. 13, a. 1-4).

— Ces termes, ou ces mots, ont-ils le même sens quand nous les disons de Dieu et de la créature, ou ont-ils un sens tout à fait différent ?

— Ils ont le même sens ; mais avec une portée plus haute. Et cela veut dire qu’employés pour désigner les perfections des créatures, ils les désignent dans leur plénitude et en disant tout ce qu’elles sont ; tandis qu’employés pour désigner les perfections divines ou ce qui est en Dieu, si tout ce qu’ils disent de perfection est bien véritablement en Dieu, ils ne disent pas tout ce que sont en Dieu les perfections qu’ils expriment (q. 13,a. 5).

— Il est donc vrai que Dieu demeure pour nous ineffable, quoi que nous puissions dire de lui et quelque sublimes que puissent être nos expressions à son sujet ?

— Oui ; mais nous ne pouvons rien faire de mieux cependant, ni de plus vrai ou de plus parfait, que de parler de lui et de nous exprimer à son sujet, quelque imparfait que demeure sur cette terre tout ce que nous pouvons penser de lui ou dire de lui (q. 13, a. 6-12).