21. L’action des créatures dans ce gouvernement : l’ordre de l’univers

– Est-ce que, pour les changements qui se produisent ou peuvent se produire dans les choses créées par Dieu, les créatures peuvent agir et agissent les unes sur les autres ?

– Oui ; et c’est même par cette action des créatures les unes sur les autres qu’est constitué proprement l’ordre de l’univers (q. 47, a. 3).

– Cette action des créatures les unes sur les autres est-elle soumise elle aussi à l’action du gouvernement divin ?

– Oui, cette action des créatures les unes sur les autres est soumise, elle aussi, au plus haut point, à l’action du gouvernement divin (q. 103, a. 6).

– Que voulez-vous dire quand vous dites que cette action des créatures les unes sur les autres est soumise au plus haut point à l’action du gouvernement divin ?

– Je veux dire que c’est par cette action même des créatures les unes sur les autres que Dieu conduit à la fin qu’il leur a marquée tout l’ensemble des créatures (Ibid).

– Dieu aurait-il pu, lui tout seul, par son action propre, conduire chacune de ses créatures à sa fin ?

– Il l’aurait pu, sans aucun doute ; mais c’était chose meilleure qu’il voulût se servir ainsi de l’action des créatures les unes sur les autres pour les conduire à leur fin ; car les créatures en sont plus parfaites et lui-même en apparaît plus grand.

– Comment dites-vous que les créatures en sont plus parfaites ?

– Parce qu’elles participent à l’action souveraine de Dieu agissant sur ses créatures pour les conduire à leur fin (q. 103, a. 6, ad 2).

– Comment dites-vous que Dieu en apparaît plus grand ?

– Parce que c’est une marque de grandeur et de puissance ou de majesté pour un souverain d’avoir à son service une multitude de ministres qui exécutent ses ordres absolus (q. 103, a. 6, ad 3).

– Ce sont donc les ordres absolus de Dieu qu’exécutent toutes les créatures, quand elles agissent les unes sur les autres ?

– Oui, ce sont les ordres absolus de Dieu qu’exécutent toutes les créatures quand elles agissent les unes sur les autres, leur action ne pouvant jamais échapper à la parfaite et souveraine ordination du gouvernement divin (q. 103, a. 3).

– Est-il tout à fait impossible qu’il y ait aucun désordre dans l’action des créatures les unes sur les autres, agissant comme instruments de Dieu dans son gouvernement du monde ?

– Oui ; car toujours leur action, quelle qu’elle soit, est amenée à concourir, sous l’action suprême de Dieu, au bien de l’univers (q. 103, a. 8, ad 1 & 3).

– Les créatures peuvent-elles, par leur action des unes sur les autres, être causes d’un mal particulier ?

– Oui, les créatures peuvent, par leur action des unes sur les autres, être causes d’un mal particulier, soit dans l’ordre physique, soit même dans l’ordre moral ; car elles peuvent troubler tel ou tel ordre subalterne parmi les créatures ou même parmi les diverses manifestations subordonnées des conseils et des vouloirs divins (q. 103, a. 8, ad 1).

– Ce mal particulier arrive-t-il contrairement à l’ordre du gouvernement divin ?

– Non, ce mal particulier n’arrive pas contrairement à l’ordre du gouvernement divin pris dans son ensemble.

– Pourquoi dites-vous que ce mal particulier n’arrive pas contrairement à l’ordre du gouvernement divin pris dans son ensemble ?

– Parce que Dieu est si souverainement puissant qu’il subordonne ce mal particulier à un ordre supérieur en vertu duquel il sert lui aussi au bien de l’ensemble.   (Ibid. ; q. 19, a. 6 ; q. 23, a. 5, ad 3)

– Tout est donc merveilleusement ordonné dans l’action des créatures les unes sur les autres sous l’action suprême et souveraine du gouvernement divin ?

– Oui, tout est merveilleusement ordonné dans l’action des créatures les unes sur les autres sous l’action suprême et souveraine du gouvernement divin ; car, même si une chose paraît désordonnée vue d’un plan subalterne, elle a toujours sa raison très sage et très profonde en quelque sphère plus élevée.

– Pouvons-nous sur cette terre comprendre cet ordre merveilleux du gouvernement divin dans le monde ?

– Nous ne le pouvons absolument pas ; car il faudrait, pour cela, connaître tout l’ensemble des créatures et des conseils divins.

– Où verrons-nous dans toute sa splendeur la beauté et l’harmonie du gouvernement de Dieu dans le monde ?

– Ce n’est qu’au ciel que nous verrons dans toute sa splendeur la beauté et l’harmonie du gouvernement de Dieu dans le monde.