22. Parmi les anges : les hiérarchies et les ordres

– Est-ce que l’action des créatures les unes sur les autres existe dans le monde des purs esprits ou des anges ?

– Oui, dans le monde des purs esprits ou des anges existe l’action de ces esprits les uns sur les autres.

– De quel nom s’appelle l’action des purs esprits les uns sur les autres ?

– On l’appelle du nom d’illumination (q. 106, a. 1).

– Pourquoi appelez-vous du nom d’illumination l’action des purs esprits les uns sur les autres ?

– Parce que les purs esprits n’agissent les uns sur les autres que pour se transmettre la lumière qu’ils reçoivent de Dieu sur la conduite de son gouvernement (Ibid.).

– Est-ce d’une manière graduée et ordonnée que cette lumière de Dieu est communiquée aux purs esprits ?

– Oui, c’est d’une manière graduée et merveilleusement ordonnée que cette lumière de Dieu est communiquée aux purs esprits.

– Qu’entendez-vous quand vous dites que c’est d’une manière merveilleusement ordonnée que la lumière de Dieu est communiquée aux purs esprits ?

– J’entends que Dieu la communique d’abord à ceux qui sont le plus rapprochés de lui, et ceux-ci aux autres anges, par ordre, depuis les plus élevés jusqu’aux derniers, de telle sorte que l’action des premiers se communique aux derniers par l’action de ceux du milieu (q. 106, a. 2).

– Il y a donc des premiers, des seconds et des derniers dans cette subordination de l’action des purs esprits les uns sur les autres, pour se communiquer la lumière qui descend de Dieu sur eux ?

– Oui, il y a des premiers, des seconds et des derniers dans cette subordination de l’action des purs esprits les uns sur les autres pour se communiquer la lumière qui descend de Dieu sur eux (q. 108, a. 2).

– Pourriez-vous faire entendre par une comparaison ce qu’est cette subordination de l’action des purs esprits les uns sur les autres, pour se communiquer la lumière qui descend de Dieu sur eux ?

– On pourrait la comparer à un fleuve de lumière qui descendrait limpide de roche en roche, alimenté sans cesse par les eaux d’un beau lac au plus haut sommet de la montagne.

– Cette subordination des anges entre eux comprend-elle divers groupes ?

– Oui, cette subordination des anges entre eux comprend divers groupes (q. 108).

– De combien de sortes sont ces divers groupes ?

– Ces divers groupes sont de deux sortes.

– Comment appelez-vous ces deux sortes de groupes qui existent dans la subordination des anges entre eux ?

– On les appelle hiérarchies et ordres ou chœurs angéliques (q. 108).

– Qu’est-ce que vous entendez par le mot hiérarchie ?

– Le mot hiérarchie est un mot tiré du grec, qui signifie la « principauté sacrée ».

– Le mot de « principauté » comprend deux choses : le prince lui-même et la multitude ordonnée sous lui (q. 108, a. 1).

– Et quand on dit « principauté sacrée », que veut-on dire par là ?

– La « principauté sacrée », entendue dans son sens plein et parfait, désigne toute la multitude des créatures raisonnables appelées à participer aux choses saintes sous le gouvernement unique de Dieu, Prince suprême et Roi souverain de toute cette multitude (Ibid.).

– Il n’y aurait donc qu’une seule principauté sacrée et qu’une seule hiérarchie dans le monde gouverné par Dieu ?

– Oui, à considérer la principauté sacrée du côté de Dieu, Prince suprême et souverain Roi de toutes les créatures raisonnables gouvernées par lui, il n’y a qu’une seule principauté sacrée ou une seule hiérarchie qui comprend les anges et les hommes (q. 108, a. 1).

– Comment donc et en quel sens parle-t-on de hiérarchies au pluriel et même, d’une façon spéciale, dans le seul monde des purs esprits ou des anges ?

– Parce que, du côté de la multitude ordonnée sous le Prince, la principauté se diversifie selon que la multitude doit recevoir de diverses manières le gouvernement du Prince (q. 108, a. 1).

– Pourriez-vous me donner un exemple de cette diversité dans les choses humaines ?

– Oui, c’est ainsi que sous un même roi se trouvent des cités ou des provinces différentes qui sont régies par des lois diverses et des ministres divers (q. 108, a. 1).

– Y a-t-il une hiérarchie différente pour les hommes et pour les anges ?

– Oui, tant que les hommes sont sur la terre, il y a une hiérarchie différente pour les hommes et pour les anges (q. 108, a. 1).

– Pourquoi dites-vous : tant que les hommes sont sur la terre ?

– Parce qu’au ciel les hommes seront admis dans la hiérarchie des anges (q. 108, a. 8).

– Il y a donc plusieurs hiérarchies parmi les anges ?

– Oui, il y a plusieurs hiérarchies parmi les anges (q. 108, a. 1).

– Combien y a-t-il de hiérarchies parmi les anges ?

– Il y a trois hiérarchies parmi les anges (q. 108, a. 1).

– Pourriez-vous me dire comment se distinguent ces trois hiérarchies parmi les anges ?

– Ces trois hiérarchies parmi les anges se distinguent selon une triple manière de connaître les raisons des choses qui touchent au gouvernement divin (q. 108, a. 1).

– De quelle manière la première hiérarchie connaît-elle les raisons des choses qui touchent au gouvernement divin ?

– Elle les connaît selon que ces raisons procèdent du Premier Principe universel qui est Dieu (q. 108, a. 1).

– Que s’ensuit-il de là pour les anges de cette première hiérarchie ?

– Il s’ensuit de là, pour les anges de la première hiérarchie, qu’ils sont dits se tenir près de Dieu, de telle sorte que tous les ordres de cette hiérarchie tireront leurs noms de quelque office ayant pour objet Dieu lui-même (q. 108, a. 1 & 6).

– De quelle manière la seconde hiérarchie connaît-elle les raisons des choses qui touchent au gouvernement divin ?

– Elle les connaît selon que ces sortes de raisons dépendent des causes universelles créées (q. 108, a. 1).

– Que s’ensuit-il de là pour les anges de cette seconde hiérarchie ?

– Il s’ensuit de là, pour les anges de cette seconde hiérarchie, qu’ils reçoivent leur illumination de la première hiérarchie, et que leurs ordres tirent leurs noms de quelque office ayant trait à l’universalité des créatures gouvernées par Dieu (q. 108, a. 1 & 6).

– De quelle manière la troisième hiérarchie connaît-elle les raisons des choses qui touchent au gouvernement divin ?

– Elle les connaît selon qu’elles s’appliquent aux choses particulières et selon qu’elles dépendent de leurs causes propres (q. 108, a. 1).

– Que s’ensuit-il de là pour les anges de cette troisième hiérarchie ?

– Il s’ensuit de là, pour les anges de cette troisième hiérarchie, qu’ils reçoivent la lumière divine selon des formes particulières qui leur permettent de se communiquer à nos intelligences sur cette terre, et que leurs ordres tirent leurs noms d’actes limités à un homme, tels que les anges gardiens, ou à une province, tels que les Principautés (q. 108, a. 1 & 6).

– Trouverait-on un exemple de cette triple sorte de hiérarchie dans les choses de la terre ?

– Oui, on pourrait trouver un exemple de cette triple sorte de hiérarchie dans les choses de la terre ; et c’est ainsi que, parmi les officiers du roi, il y a les chambellans, les conseillers, les assesseurs, qui sont toujours auprès de la personne du Prince ; puis les officiers de la curie royale, auxquels ressortissent les affaires de tout le royaume en général ; et enfin les officiers qui sont préposés à telle partie déterminée dans le royaume (q. 108, a. 6).

– Est-ce que les ordres sont distincts des hiérarchies parmi les anges ?

– Oui, les ordres sont distincts des hiérarchies parmi les anges (q. 108, a. 2).

– En quoi consiste cette distinction des ordres et des hiérarchies parmi les anges ?

– Elle consiste en ce que les hiérarchies constituent diverses multitudes d’anges formant des principautés diverses sous le même gouvernement divin ; tandis que les ordres constituent diverses classes dans chacune des multitudes qui forment une hiérarchie (q. 108, a. 2).

– Combien y a-t-il d’ordres dans chaque hiérarchie ?

– Il y a trois ordres dans chaque hiérarchie (q. 108, a. 2).

– Pourquoi dites-vous qu’il y a trois ordres dans chaque hiérarchie ?

– Parce que, même chez nous, toutes les diverses classes qui distinguent les hommes dans une même cité se ramènent à trois classes principales, qui sont les notables, la bourgeoisie et le petit peuple (q. 108, a. 2).

– Il y a donc, dans chaque hiérarchie, des anges supérieurs, des anges du milieu et des anges inférieurs ?

– Oui, et c’est là ce qu’on appelle les trois ordres dans chaque hiérarchie (q. 108, a. 2).

– C’est donc en tout neuf ordres angéliques qu’il faut distinguer ?

– Oui, il y a en tout neuf principaux ordres angéliques (q. 108, a. 5 & 6).

– Pourquoi dites-vous : principaux ?

– Parce que, dans chaque ordre, il y a encore d’autres subordinations presque à l’infini, chaque ange ayant sa place distincte et son office particulier ; mais il ne nous appartient pas de les connaître sur cette terre (q. 108, a. 3).

– Les neuf ordres sont-ils la même chose que les neuf chœurs des anges ?

– Oui, les neuf ordres sont la même chose que les neuf chœurs des anges.

– Pourquoi a-t-on donné le nom de chœurs aux ordres angéliques ?

– Parce que les divers ordres, en remplissant leurs offices en vue du gouvernement divin, constituent, chacun, des groupements pleins d’harmonie, qui font éclater merveilleusement la gloire de Dieu dans son œuvre.

– Pourriez-vous me dire quels sont les noms des neuf chœurs des anges ?

– Oui, ce sont, par ordre descendant, les séraphins, les chérubins, les trônes, les dominations, les vertus, les puissances, les principautés, les archanges et les anges (q. 108, a. 5).

– Les ordres sont-ils demeurés parmi les démons ?

– Oui, les ordres sont demeurés parmi les démons ; car ils sont proportionnés à la nature des anges, et la nature est restée la même dans les démons.

– Les démons sont donc subordonnés entre eux, comme ils l’étaient avant leur chute ?

– Oui, les démons demeurent subordonnés entre eux, comme ils l’étaient avant leur chute (q. 109, a. 1 & 2).

– Cet ordre parmi eux s’exerce-t-il jamais en vue du bien ?

– Non, cet ordre parmi eux ne s’exerce jamais qu’en vue du mal (q. 109, a. 3).

– Il n’y a donc pas d’illumination parmi les démons ?

– Parmi les démons il n’y a que les ténèbres du mal ; et c’est pourquoi leur empire est appelé l’empire des ténèbres (Ibid.).