13. De la diverse gravité des péchés et de la peine qui leur est due

— Tous les péchés ne sont donc pas également graves quand l’homme les commet ?

— Non, tous les péchés ne sont pas également graves quand l’homme les commet.

— D’où se tire le plus ou moins de gravité des péchés de l’homme quand il les commet ?

— Le plus ou moins de gravité des péchés de l’homme, quand il les commet, se tire du degré qu’occupe, dans l’échelle des biens à vouloir par la raison, celui qui est atteint par le péché ; et de la plus ou moins grande raison d’acte volontaire libre, qui se trouve dans ce péché (q. 73, a. 1-8).

— Tout péché, de soi, mérite-t-il d’être puni ?

— Oui, tout péché, de soi, mérite d’être puni (q. 87, a. 1).

— Pourquoi tout péché, de soi, mérite-t-il d’être puni ?

— Parce que tout péché, de soi, est un empiètement de la volonté libre sur un domaine qui n’est pas de son droit ; et que la peine est comme la restitution, faite par la volonté, de ce qu’elle avait pris contre son droit (q. 87, a. 1).

— La peine du péché est donc une question de rigoureuse justice ?

— Oui, la peine du péché est une question de rigoureuse justice.

— Et qui est-ce donc qui inflige la peine due au péché ?

— C’est l’une des trois raisons qui peuvent intervenir dans l’ordre que lèse le péché (q. 87, a. 1).

— Quelles sont ces trois raisons qui peuvent intervenir dans l’ordre que lèse le péché ?

— C’est la raison divine toujours ; la raison de l’autorité humaine pour les choses qui dépendent d’elle ; et la raison du pécheur lui-même, selon le degré de responsabilité qu’il a dans le péché (q. 87, a. 1).

— Comment peut intervenir cette raison du pécheur lui-même dans la peine infligée pour le péché ?

— La raison du pécheur lui-même dans la peine infligée pour le péché peut intervenir de deux manières : par le remords ; et par la pénitence volontaire (q. 87, a. 1).

— Comment intervient la raison de l’autorité humaine dans la peine qui peut ou doit être infligée pour le péché ?

— La raison de l’autorité humaine intervient dans la peine qui peut ou doit être infligée pour le péché, par mode de châtiment (q. 87, a. 1).

— Et comment intervient la raison divine dans la peine qui peut ou doit être infligée pour le péché ?

— La raison divine intervient dans la peine qui peut ou doit être infligée pour le péché, de deux manières : médiatement et immédiatement (q. 87, a. 1).

— Qu’entendez-vous quand vous dites que la raison divine intervient médiatement dans la peine qui peut ou doit être infligée pour le péché ?

— J’entends qu’elle intervient par l’entremise même de la raison du pécheur et de la raison de l’autorité humaine (q. 87, a. 1).

— Pourquoi dites-vous que la raison divine intervient par l’entremise de la raison du pécheur lui-même et de la raison de l’autorité humaine dans la peine qui peut ou doit être infligée pour le péché ?

— Parce que la raison du pécheur et la raison de l’autorité humaine agissent en dépendance de la raison divine et sont en quelque sorte ses instruments (q. 87, a. 1).

— N’y a-t-il pas encore une autre manière dont la raison divine peut intervenir quasi médiatement dans la peine qui peut ou doit être infligée pour le péché ?

— Oui, c’est par l’entremise des créatures elles-mêmes ou de l’ordre des choses que le pécheur trouble par son péché (q. 87, a. 1).

— Est-ce dans ce sens qu’on peut parler d’une certaine justice immanente ?

— Oui ; on peut, dans ce sens, parler d’une certaine justice immanente, qui fait que les choses elles-mêmes, instruments de la justice divine, vengent, par les contrariétés que le pécheur y rencontre et qui sont la suite de son péché, le péché commis par lui (q. 87, a. 1).

— Qu’entendez-vous lorsque vous dites que la raison divine intervient immédiatement dans la peine qui peut et doit être infligée pour le péché ?

— J’entends l’intervention spéciale et d’ordre surnaturel par laquelle Dieu lui-même venge les infractions faites par le pécheur à l’ordre surnaturel établi par lui (q. 87, a. 3-5).

— Que comporte de particulièrement spécial l’intervention d’ordre surnaturel par laquelle Dieu venge lui-même les infractions faites par le pécheur à l’ordre surnaturel établi par lui ?

— Elle comporte, au sujet de certains péchés, des peines qui seront éternelles (q. 87, a. 3-5).