14. Des péchés mortels et des péchés véniels
— Quels sont les péchés
au sujet desquels Dieu inflige des peines éternelles ?
— Ce sont les péchés mortels (q. 87, a. 3).
— Qu’entendez-vous
par les péchés mortels ?
— J’entends les péchés qui causent la mort de l’âme,
en lui faisant perdre la charité, qui est le principe de sa vie surnaturelle
(q. 88, a. 1).
— Pourquoi est-ce
au sujet de ces péchés que Dieu inflige des peines éternelles ?
— Parce que ces péchés, faisant perdre la vie de l’âme
que Dieu seul peut donner, ne permettent plus au pécheur de réparer son péché ;
et le péché demeurant toujours, il faut que la peine demeure de même (Ibid).
— Tous les péchés
que l’homme commet sont-ils des péchés mortels ?
— Non, tous les péchés que l’homme commet ne sont pas
des péchés mortels (q. 88, a. 1-2).
— Comment appelle-t-on
les péchés qui ne sont pas mortels ?
— On les appelle des péchés véniels (Ibid).
— Que signifie ce
mot péchés véniels ?
— Il signifie des péchés moins graves, qui n’enlèvent
point le principe de la vie surnaturelle qu’est la charité ou la grâce, et qui,
par suite, peuvent être réparés par un mouvement contraire du pécheur lui-même
sous l’action ordinaire de la grâce ; et, à ce titre, leur peine n’est
jamais que temporelle : c’est pour cela qu’on les dit véniels, ou
facilement pardonnables, du mot latin venia, qui signifie pardon
(q. 88, a. 1).
— Si cependant les
péchés véniels étaient commis par un homme en état de péché mortel et que cet
homme mourût dans cet état, ses péchés véniels seraient-ils punis d’une peine
éternelle ?
— Oui, en raison de son état et parce que, n’ayant
pas la charité, il n’aurait point pu réparer ses péchés qui, après la mort,
demeurent éternellement irréparables.
— D’où vient qu’il
y a des péchés qui sont mortels et qu’il y a d’autres péchés qui ne sont que
véniels ?
— Cela vient de la nature du désordre constitué par
ces divers péchés ; ou aussi du plus ou moins de liberté de la part du
sujet qui pèche (q. 88, a. 2).
— Qu’entendez-vous
lorsque vous dites que cela vient de la nature du désordre constitué par ces
divers péchés ?
— Cela veut dire qu’il y a des péchés qui, par eux-mêmes,
s’opposent directement à l’amour surnaturel de Dieu, principe de la vie de l’âme,
ou qu’ils sont incompatibles avec cet amour ; tandis que d’autres ne constituent
qu’un léger désordre accidentel, compatible avec l’amour surnaturel de Dieu
existant habituellement dans l’âme (Ibid).
— Quels sont les péchés
qui, par eux-mêmes, s’opposent directement à l’amour surnaturel de Dieu, principe
de la vie de l’âme, ou qui sont incompatibles avec cet amour ?
— Ce sont les péchés qui portent sur le refus de l’amour
surnaturel de Dieu, ou qui impliquent un mal et un désordre troublant essentiellement
l’ordre de l’homme à Dieu, ou l’ordre des hommes entre eux, ou l’ordre de l’homme
en lui-même.
— Pourriez-vous nommer
quelques-uns de ces péchés ?
— Oui ; tels sont les péchés du mépris de l’amour
surnaturel divin, ou le péché contre l’honneur de Dieu, ou les péchés de vol,
d’homicide, d’adultère, ou les péchés contre nature.
— Pour connaître ces
divers péchés et leur gravité, quel est le moyen le plus sûr et le plus complet ?
— C’est de les considérer dans leur rapport avec chacune
des vertus prises dans le détail de leurs espèces.
— Aurez-vous l’occasion
de montrer ce rapport des vices ou des péchés avec chacune des vertus considérées
dans le détail de leurs espèces ?
— Oui ; nous le ferons, quand nous aurons achevé
de voir, en général, ce qui est requis pour que l’homme puisse vivre de la vie
des vertus et éviter la vie contraire des péchés ou des vices.
— Que reste-t-il encore
à considérer pour avoir achevé de voir, en général, ce qui est requis afin que
l’homme puisse vivre de la vie des vertus et éviter la vie contraire des péchés
ou des vices ?
— Il reste à considérer les secours extérieurs nécessaires
à l’homme pour cette fin.
— Quels sont ces secours
extérieurs nécessaires à l’homme pour cette fin ?
— Ce sont : la loi qui le dirige ; et la
grâce qui aide sa marche (q. 90 et 94).