17. La loi naturelle

— La loi éternelle se trouve-t-elle aussi participée dans l’homme ?

— Oui, la loi éternelle est aussi participée dans l’homme (q. 93, a. 6).

— Comment s’appelle la manifestation ou la participation de la loi éternelle dans l’homme ?

— Elle s’appelle la loi naturelle (q. 94, a. 1).

— Qu’entendez-vous par la loi naturelle ?

— J’entends cette lumière innée de la raison pratique, dans l’homme, qui est appelée à faire que l’homme se dirige lui-même et produise sciemment des actions, qui seront, par voie d’action consciente, l’exécution de la loi éternelle, comme les actions naturelles, produites par les agents naturels en vertu de leur inclination naturelle, sont l’exécution de cette même loi, par mode d’action inconsciente (q. 94, a. 1).

— Y a-t-il un premier principe de cette raison pratique ou un premier précepte de cette loi naturelle dans l’homme ?

— Oui, c’est celui qui repose sur la raison même de bien, au sens métaphysique de ce mot, comme le premier principe de la raison spéculative repose sur la raison d’être (q. 94, a. 2).

— En quoi consiste ce premier principe de la raison pratique ou ce premier précepte de la loi naturelle dans l’homme ?

— Il consiste à proclamer que ce qui est bon doit être pris par l’homme et que ce qui n’est pas bon doit être laissé par lui (q. 94, a. 2).

— Ce premier principe ou ce premier précepte porte-t-il tous les autres ?

— Oui, ce premier principe ou ce premier précepte porte tous les autres ; et les autres n’en sont que des applications plus ou moins immédiates (q. 94, a. 2).

— Pourriez-vous me dire quelles sont les premières applications qui en sont faites dans l’homme ?

— Ces premières applications qui en sont faites dans l’homme sont la proclamation par sa raison du triple bien superposé qui convient à sa nature (q. 94, a. 2).

— Quelle est cette proclamation faite par la raison de l’homme, en vertu du premier principe de la loi naturelle, du triple bien superposé qui convient à sa nature ?

— C’est que : cela est bon, pour lui, ce qui conserve sa vie physique ou la perfectionne ; et aussi ce qui conserve cette vie dans l’espèce humaine ; et aussi tout ce qui convient à sa vie d’être raisonnable (q. 94, a. 2).

— Que s’ensuit-il de cette triple proclamation de la raison pratique dans l’homme ?

— Il s’ensuit que tout ce qui sera essentiel à la conservation de cette triple vie ou qui pourra concourir à son perfectionnement sera proclamé chose bonne par la raison pratique de tout homme, d’une façon subordonnée cependant, de telle sorte que, par ordre de dignité, viendra d’abord le bien de la raison, puis le bien de l’espèce, puis le bien de l’individu (q. 94, a. 2).

— Pourriez-vous me dire ce que proclame d’essentiel le premier principe de la loi naturelle qui regarde le bien de l’individu ?

— Ce principe proclame que l’homme doit se nourrir et ne peut jamais attenter à sa vie (q. 94, a. 2).

— Que proclame d’essentiel le premier principe de la loi naturelle qui regarde le bien de l’espèce ?

— Ce principe proclame qu’il doit y avoir des hommes qui vaquent à la conservation de l’espèce en acceptant les charges et aussi les joies de la paternité et de la maternité ; et qu’il n’est jamais permis de rien faire qui aille directement contre la fin de la paternité et de la maternité (q. 94, a. 2).

— Que proclame d’essentiel le premier principe de la loi naturelle qui regarde le bien de la raison ?

— Ce principe proclame que l’homme, étant l’œuvre de Dieu de qui il a tout reçu, et, comme être doué de raison, étant fait pour vivre en société avec les autres hommes, doit honorer Dieu comme son souverain seigneur et maître, et traiter avec les autres hommes selon que le demande la nature des rapports qu’il peut avoir avec eux (q. 94, a. 2).

— Est-ce de ces trois premiers principes et de leur subordination que viennent, par voie de conséquence, toutes les autres prescriptions de la raison pratique dans l’homme ?

— Oui, c’est de ces trois premiers principes et de leur subordination que viennent, par voie de conséquence plus ou moins éloignée, toutes les autres prescriptions ou déterminations de la raison pratique affirmant que telle chose est ou n’est point bonne pour tel homme et lui faisant un devoir de s’y tenir ou de la laisser (q. 94, a. 2).

— Ces autres prescriptions ou déterminations de la raison pratique, qui viennent, par voie de conséquence plus ou moins éloignée, des trois premiers principes de la loi naturelle, sont-elles identiques chez tous les hommes ?

— Non, ces autres prescriptions ou déterminations ne sont pas les mêmes pour tous ; car, à mesure qu’on s’éloigne des premiers principes ou des choses qui regardent pour tous essentiellement le bien de l’individu le bien de l’espèce et le bien de la raison, on pénètre dans la zone des déterminations positives, pouvant varier à l’infini selon la diversité des conditions particulières des divers hommes (q. 94, a. 4).

— Comment se font ces autres déterminations qui peuvent varier à l’infini, selon la diversité des conditions particulières des divers hommes ?

— Elles se font par la raison particulière de chaque individu humain ou par la raison des autorités compétentes en chacun des divers groupements humains vivant d’une vie de société déterminée.