20. Du principe extérieur qui aide l’homme dans la pratique des actes bons : ou de la grâce
— Suffit-il de la
direction donnée par la loi pour que l’homme vive de la vie de la vertu et laisse
de côté la vie contraire du péché ou du vice ?
— Non, il y faut encore le secours de la grâce (q. 109
et 94).
— Qu’est-ce que vous
entendez par la grâce ?
— J’entends, par la grâce, un secours spécial de Dieu,
qui aide l’homme à faire le bien et à fuir le mal.
— Ce secours spécial
de Dieu est-il toujours nécessaire à l’homme ?
— Oui, ce secours spécial de Dieu est toujours nécessaire
à l’homme.
— L’homme ne peut-il
donc jamais de lui-même faire aucun bien ou éviter aucun mal ?
— Oui, l’homme peut, de lui-même, c’est-à-dire avec
les principes de sa nature que Dieu lui a donnés, et les autres secours naturels
qu’il trouve autour de lui, accomplir certain bien et éviter certain mal, même
dans l’ordre moral ou de la vertu ; mais, si Dieu ne vient pas, par sa
grâce, guérir la nature humaine blessée par le péché, l’homme ne pourra pas
accomplir, même dans l’ordre de la vertu naturelle, tout le bien et éviter tout
le mal ; et, dans l’ordre de la vertu surnaturelle ou de la vie morale
en vue du ciel à conquérir, l’homme, par sa seule nature, sans la grâce, ne
peut absolument rien (q. 109, a. 1 et 10).
— Que comprend cette
grâce d’ordre surnaturel ?
— Cette grâce d’ordre surnaturel comprend deux choses :
un état habituel de l’homme ; et des motions surnaturelles de l’Esprit-Saint
lui-même (q. 109, a. 6).
— Qu’entendez-vous
par cet état habituel de l’homme ?
— J’entends, par cet état habituel, un ensemble de
qualités produites et conservées par Dieu lui-même dans l’âme, qui divinisent
l’homme dans son être et dans ses facultés (q. 110, a. 1 et 4).
— Comment s’appelle
la qualité foncière qui divinise l’être de l’homme ?
— Elle s’appelle la grâce habituelle ou sanctifiante
(q. 110, a. 1, 2 et 4).
— Et comment s’appellent
les autres qualités surnaturelles qui divinisent les facultés de l’homme ?
— Ce sont les vertus et les dons (q. 110, a. 3).
— Est-ce que les vertus
et les dons sont liés à la grâce habituelle ou sanctifiante ?
— Oui, les vertus et les dons sont liés à la grâce
habituelle ou sanctifiante, de telle sorte qu’ils dérivent de cette grâce et
qu’elle ne peut jamais exister dans l’âme sans qu’ils existent dans les facultés.
— Cette grâce et ces
vertus et ces dons qui divinisent l’âme et ses facultés, sont-ils quelque chose
de bien précieux et de bien grand ?
— Oui, car c’est ce qui fait l’homme enfant de Dieu
et lui donne le pouvoir d’agir comme tel.
— Un homme revêtu
et orné de la grâce avec les vertus et les dons l’emporte-t-il en perfection
sur tout le monde créé, dans l’ordre de la nature ?
— Oui, sans en excepter même les anges, considérés
dans leur nature seule (q. 113, a. 9, ad 2).
— Il n’y a donc rien
qui doive être davantage souhaité par l’homme, sur cette terre, que d’avoir
ainsi la grâce de Dieu avec les vertus et les dons ?
— Non, il n’y a rien que l’homme doive plus désirer,
sur cette terre, que de posséder et conserver, en y progressant tous les jours,
cette grâce de Dieu avec les vertus et les dons.
— Comment est-ce que
l’homme peut ainsi posséder et conserver, en y progressant tous les jours, sur
cette terre, la grâce de Dieu avec les vertus et les dons ?
— En correspondant fidèlement à l’action surnaturelle
de l’Esprit-Saint, qui le sollicite à se préparer à recevoir la grâce, s’il
ne l’a pas encore, ou à y progresser tous les jours, s’il la possède déjà (q. 112,
a. 3 ; q. 113, a. 3 et 5).
— Comment s’appelle
cette action de l’Esprit-Saint ?
— Cette action de l’Esprit-Saint porte le nom de grâce
actuelle (q. 109, a. 6 ; q. 112, a. 3).
— C’est donc avec
le secours ou sous l’action de la grâce actuelle que nous nous disposons à recevoir
la grâce habituelle ou sanctifiante, si nous ne l’avons pas encore, ou à y progresser,
si nous l’avons déjà ?
— Oui, c’est avec le secours ou sous l’action de la
grâce actuelle que nous nous disposons à recevoir la grâce habituelle ou sanctifiante,
si nous ne l’avons pas encore, ou à y progresser, si nous l’avons déjà.
— Cette grâce actuelle
peut-elle produire son plein effet en nous, sans nous, et malgré nous ?
— Non, cette grâce actuelle ne peut pas produire son
plein effet en nous, sans nous et malgré nous (q. 113, a. 3).
— Il faut donc que
notre libre arbitre coopère à l’action de la grâce actuelle ?
— Oui, il faut que notre libre arbitre coopère à cette
action de la grâce actuelle.
— Comment s’appelle
cette coopération de notre libre arbitre à l’action de la grâce actuelle ?
— Elle s’appelle la correspondance à la grâce.
— Quel caractère revêt
l’acte de notre libre arbitre, quand il correspond ainsi à l’action de la grâce
actuelle et que la grâce habituelle est dans l’âme ?
— Il revêt toujours le caractère d’acte méritoire (q. 114,
a. 1 et 2).
— Y a-t-il plusieurs
sortes de mérites, pour notre acte méritoire ?
— Oui, il y a le mérite condigne et le mérite de convenance
(q. 114, a. 2).
— Qu’entendez-vous
par le mérite condigne ?
— J’entends le mérite qui donne un droit strict et
de justice à recevoir la récompense (q. 114, a. 2).
— Que faut-il pour
que l’acte de l’homme soit méritoire du mérite condigne ?
— Il faut que cet acte soit fait sous la motion de
la grâce actuelle ; qu’il émane de la grâce sanctifiante par la vertu de
charité ; et qu’il tende à l’acquisition de la vie éternelle pour soi,
ou encore à l’augmentation en soi de la grâce et des vertus (q. 114, a. 2
et 4).
— Ne peut-on pas mériter
pour les autres la vie éternelle, ou la grâce sanctifiante, ou l’augmentation
de cette grâce, d’un mérite condigne ?
— Non, on ne peut mériter ces sortes de biens, pour
les autres, que d’un mérite de convenance, le mérite condigne pour les autres
étant le propre de Jésus-Christ, comme chef et tête de l’Église (q. 114,
a. 5 et 8).
— Qu’entendez-vous par
le mérite de convenance ?
— J’entends le mérite qui fait que Dieu, en raison
de l’amitié qui l’unit aux justes, estime à propos et en harmonie avec ce qui
leur convient de répondre au plaisir qu’ils s’appliquent à lui faire par leurs
bonnes œuvres, en leur faisant lui-même plaisir par la concession de ce qu’ils
lui demandent ou de ce qu’ils désirent (q. 114, a. 6).
— C’est donc toujours
dans l’intimité de Dieu avec les justes, ou dans la vie de la grâce et des vertus
sous l’action de l’Esprit-Saint, que consiste toute la raison de mérite pour
l’homme ?
— Oui, c’est toujours dans l’intimité de Dieu avec
les justes, ou dans la vie de la grâce et des vertus sous l’action de l’Esprit-Saint,
que consiste toute la raison de mérite pour l’homme ; et tout ce qu’il
fait, hors de ce cadre, même si ce n’est pas mauvais en soi, est chose absolument
vaine, ou qui ne lui servira de rien au jour des suprêmes rétributions (q. 114,
a. 6).
— Pourriez-vous m’expliquer
le détail de cette vie de la grâce et des vertus sous l’action de l’Esprit-Saint,
qui doit constituer le tout de la vie de l’homme sur cette terre ?
— Oui, et ce sera l’objet de tout ce qui nous reste
à dire dans l’étude de la marche ou du retour de l’homme vers Dieu par ses actes
moraux.