7. Des mouvements affectifs qui sont dans l’homme et qu’on appelle du nom de passions
–
N’y a-t-il dans l’homme, en ce qui est d’actes affectifs pouvant contribuer
au prix de sa vie, que les actes de sa volonté ?
– Il y a encore d’autres actes affectifs dans l’homme.
– Quels sont ces autres
actes affectifs qui sont dans l’homme ?
– Ce sont les passions (q. 22 à 48).
– Qu’entendez-vous
par les passions ?
– J’entends, par les passions, des mouvements affectifs
de la partie sensible dans l’homme.
– N’y a-t-il que l’homme
à avoir ces mouvements affectifs de la partie sensible ?
– Non, ces mouvements affectifs de la partie sensible
se trouvent dans tous les animaux (q. 22, a. 1-2-3).
– Ces mouvements affectifs
de la partie sensible dans les autres animaux ont-ils une valeur morale ?
– Non, ces mouvements affectifs de la partie sensible
dans les autres animaux n’ont pas une valeur morale ; c’est seulement dans
l’homme qu’ils ont une valeur morale.
– Pourquoi est-ce
seulement dans l’homme que ces mouvements affectifs de la partie sensible ont
une valeur morale ?
– Parce que c’est seulement dans l’homme qu’ils sont
en rapport avec les actes supérieurs de la volonté libre et qu’ils sont soumis
à leur empire (q. 25, et 24, a. 1-4).
– Quels sont ces mouvements
affectifs de la partie sensible dans l’homme, qu’on appelle du nom de passions ?
– Ces mouvements affectifs de la partie sensible dans
l’homme, qu’on appelle du nom de passions, sont les mouvements du cœur, se portant
vers le bien ou s’éloignant du mal que les sens nous présentent (q. 23,
24 et 25).
– Combien y a-t-il
de ces sortes de mouvements du cœur ?
– Il y en a onze (q. 22, a. 4).
– De quels noms les
appelle-t-on ?
– On les appelle des noms : d’amour, de
désir, de plaisir ou de joie ; de haine, de
dégoût, de tristesse ; d’espoir, d’audace,
de crainte, de désespoir, de colère (q. 22, a. 4).
– Ces mouvements du
cœur occupent-ils une grande place dans la vie des hommes ?
– Oui, ces mouvements du cœur occupent une grande place
dans la vie des hommes.
– Et pourquoi ces
mouvements du cœur occupent-ils une si grande place dans la vie des hommes ?
– Parce que les hommes portent en eux une double nature :
raisonnable, et sensible ; et que la nature sensible est celle qui est
émue la première par l’action du monde sensible au milieu duquel nous vivons
et d’où nous tirons toutes les données mêmes de notre vie raisonnable.
– Les mouvements du
cœur ou les passions ne sont donc pas toujours et de soi chose mauvaise ?
– Non, les mouvements du cœur ou les passions ne sont
pas toujours et de soi chose mauvaise.
– Quand ces mouvements
du cœur ou ces passions sont-ils chose mauvaise ?
– Quand ils ne sont pas dans l’ordre voulu par la droite
raison.
– Et quand ne sont-ils
pas dans l’ordre voulu par la droite raison ?
– Quand ils se portent à un bien sensible ou qu’ils
s’éloignent d’un mal sensible en prévenant le jugement de la raison ou contrairement
à ce jugement (q. 25, et 24, a. 3).
– N’y a-t-il que dans
la partie sensible des mouvements d’amour, de désir, de joie, de haine, de dégoût,
de tristesse, d’espoir, d’audace, de crainte, de désespoir et de colère ?
– Ces mêmes mouvements se retrouvent aussi dans la
volonté (q. 26, a. 1).
– Quelle différence
y a-t-il entre ces mouvements selon qu’ils sont dans la partie sensible ou selon
qu’ils sont dans la volonté ?
– Il y a cette différence que, dans la partie sensible,
ils impliquent toujours une participation de l’organisme ou du corps, tandis
que, dans la volonté, ils sont purement spirituels (q. 31, a. 4).
– Quand on parle des
mouvements du cœur, de quels mouvements affectifs s’agit-il, de ceux de la partie
sensible ou de ceux de la volonté ?
– Il s’agit, au sens propre, des mouvements de la partie
sensible ; mais, dans un sens métaphorique, il s’agit aussi de ceux de
la volonté.
– Lors donc qu’on
parle du cœur de l’homme, peut-il s’agir de cette double sorte de mouvements ?
– Oui, lorsqu’on parle du cœur de l’homme, il peut
s’agir de cette double sorte de mouvements.
– Et lorsqu’on dit
d’un homme qu’il a du cœur, que veut-on dire par là ?
– Quand on dit d’un homme qu’il a du cœur, on veut
dire tantôt qu’il est affectueux et tendre, de quelque ordre d’affection qu’il
s’agisse, ou purement sensible, ou aussi d’ordre supérieur ; et, d’autres
fois, on veut dire qu’il a du courage, de l’énergie.
– Pourquoi dit-on
quelquefois qu’il faut veiller sur son cœur, et que veut-on dire par là ?
– Quand on dit qu’il faut veiller sur son cœur, on
veut dire qu’il faut prendre garde à ne pas suivre inconsidérément les premiers
mouvements affectifs, surtout d’ordre sensible, qui nous portent à rechercher
ce qui nous plaît ou à fuir ce qui nous déplaît.
– On parle aussi quelquefois
de la culture du cœur ; que veut-on dire par là ?
– On veut dire qu’il faut s’appliquer à n’avoir en
soi que de bons mouvements affectifs.
– Cette culture du
cœur ainsi entendue est-elle chose importante ?
– Cette culture du cœur ainsi entendue résume tout
l’exercice de l’homme dans l’acquisition de la vertu et dans la fuite du vice.