11. Préceptes relatifs à la charité
— Y a-t-il quelque
précepte qui regarde la vertu de charité dans la loi de Dieu ?
— Oui, il y a une précepte qui regarde la vertu de
charité dans la loi de Dieu (q. 44, a. 1).
— Ce précepte, quel
est-il ?
— Ce précepte est le suivant : Tu aimeras ton
Dieu de tout ton cœur, et de tout ton esprit, et de toute ton âme, et de toutes
tes forces (q. 44, a. 4).
— Que veulent dire
exactement ces paroles ?
— Elles veulent dire que toute notre intention, dans
nos actions, doit se porter vers Dieu ; que toutes nos pensées doivent
lui être soumises ; que toutes nos affections sensibles doivent être réglées
selon lui ; que tous nos actes extérieurs doivent être l’accomplissement
de sa volonté (q. 44, a. 4, 5).
— Ce précepte de la
charité est-il un grand précepte ?
— Ce précepte est le plus grand de tous les préceptes,
qui contient virtuellement tous les autres et auquel tous les autres sont ordonnés
(q. 43, a. 1-3).
— Ce précepte de la
charité est-il unique et simple ; ou en comprend-il plusieurs, même comme
précepte direct de la charité ?
— Ce précepte de la charité est tout ensemble un et
multiple, même comme précepte de la charité ; et cela veut dire que, bien
compris, il suffirait à lui seul, dans l’ordre de la charité ; car on ne
peut aimer Dieu, sans aimer le prochain, que nous devons aimer pour Dieu lui-même ;
mais, afin qu’il soit compris de tous, il est ajouté, au premier précepte, ce
second précepte, qui ne fait qu’un avec lui : Tu aimeras ton
prochain comme toi-même (q. 44, a. 2, 3, 7).
— Ces préceptes de
la charité sont-ils compris au nombre des préceptes du Décalogue ?
— Non, ces préceptes de la charité ne sont pas compris
au nombre des préceptes du Décalogue. Ils les précèdent et les dominent ;
car les préceptes du Décalogue ne sont que pour assurer l’accomplissement des
préceptes de la charité (q. 44, a. 1, ad 3).
— Ces préceptes de
la charité sont-ils manifestes par eux-mêmes, dans l’ordre surnaturel, sans
qu’il soit besoin qu’on les proclame ?
— Oui, ces préceptes de la charité sont manifestes
par eux-mêmes, dans l’ordre surnaturel, sans qu’il soit besoin qu’on les proclame ;
car, de même que c’est une loi de la nature, innée dans tous les cœurs, que,
dans l’ordre naturel, Dieu doit être aimé par-dessus tout, et tout le reste
en vue de lui ; de même, c’est une loi essentielle à l’ordre surnaturel
que Dieu, principe de tout dans cet ordre, soit aimé, d’un amour surnaturel,
par-dessus tout, et que tout le reste soit aimé pour lui.
— C’est donc aller
contre ce qu’il y a de plus essentiel dans l’ordre des affections, que de ne
pas aimer Dieu par-dessus tout, et le prochain comme soi-même ?
— Oui, c’est aller contre ce qu’il y a de plus essentiel
dans l’ordre des affections, que de ne pas aimer Dieu par-dessus tout et le
prochain comme soi-même.