16. Des préceptes relatifs à la prudence

— La vertu de prudence a-t-elle quelque précepte qui lui corresponde parmi les préceptes du Décalogue ?

— Non, la vertu de prudence n’a pas de précepte qui lui corresponde parmi les préceptes du Décalogue ; parce que les préceptes du Décalogue, formulant ce qui appartient à la raison naturelle, devaient porter sur les fins de la vie humaine qui sont le propre des autres vertus, et non sur ce qui est ordonné à la fin, où s’exerce proprement la vertu de prudence. Mais, à la prudence se réfèrent tous les préceptes du Décalogue, selon qu’elle-même doit diriger tous les actes des vertus (q. 56, a. 1).

— Les préceptes ayant directement trait à la vertu de prudence sont donc des préceptes complémentaires et venus plus tard ?

— Oui, et on les trouve soit dans les autres textes des livres inspirés, même dans l’Ancien Testament, soit, plus excellemment encore, dans le Nouveau Testament (q. 56, a. 1).

— N’y a-t-il pas, même dans l’Ancien Testament, des préceptes particulièrement pressants pour défendre certains vices opposés à la vertu de prudence ?

— Oui ; ce sont les préceptes relatifs à l’astuce, au dol et à la fraude (q. 56, a. 2).

— Pourquoi ces vices ont-ils été spécialement prohibés ?

— Parce qu’ils ont surtout leur application extérieure dans les choses de la justice, qui est la vertu directement visée par tous les préceptes du Décalogue (q. 56, a. 2).