17. La justice : sa nature ; le droit : droit naturel ;droit positif ; droit privé ; droit public ; droit national ; droit international ; droit civil ; droit ecclésiastique. Justice légale ; justice particulière. — Vice opposé

— La vertu de justice, que vous venez de nommer, est-elle, après la vertu de prudence, et en harmonie avec elle, comme, du reste, doivent l’être aussi toutes les autres vertus morales, la plus importante parmi les autres vertus ?

— Oui, après la vertu de prudence, qui occupe une place à part dans l’ordre des vertus morales, dont aucune ne peut exister sans elle, la plus importante, parmi toutes ces autres vertus, est la vertu de justice (q. 57-121).

— Qu’entendez-vous par la vertu de justice ?

— J’entends cette vertu qui a pour objet le droit ou le juste (q. 57, a. 1).

— Que voulez-vous dire quand vous dites que la justice a pour objet le droit ou le juste ?

— Je veux dire qu’elle a pour objet de faire régner, entre les divers hommes, l’harmonie des rapports fondés sur le respect de l’être et de l’avoir qui sont légitimement ceux d’un chacun (q. 57, a. 1).

— Et comment sait-on que l’être ou l’avoir d’un chacun, parmi les hommes, est tel ou doit être tel, légitimement ?

— On le sait par ce que dicte la raison naturelle de chaque homme et par ce qu’a pu déterminer, d’un commun accord, la raison des divers hommes ou la raison de ceux qui ont autorité pour régler les rapports des hommes entre eux (q. 57, a. 2-4).

— Comment appelle-t-on le droit ou le juste, fondé sur ce que dicte la raison naturelle de chaque homme ?

— On l’appelle le droit naturel (q. 57, a. 2).

— Et comment appelle-t-on le droit ou le juste, constitué par ce qu’a pu déterminer, d’un commun accord, la raison des divers hommes ou la raison de ceux qui ont autorité pour régler les rapports des hommes entre eux ?

— On l’appelle le droit positif, qui se divise en droit privé ou en droit public, lequel, à son tour, peut être national ou international, selon qu’il s’agit des conventions privées, ou des lois du pays, ou des lois convenues ou établies entre diverses nations (q. 57, a. 2).

— Ne parle-t-on pas aussi de droit civil et de droit ecclésiastique ?

— Oui, et ces droits se distinguent selon qu’il s’agit de rapports des hommes entre eux, déterminés par l’autorité civile, ou par l’autorité ecclésiastique.

— Le droit sur lequel porte la vertu de justice ne regarde-t-il que les rapports des particuliers entre eux dans la société ou regarde-t-il aussi les rapports des particuliers avec l’ensemble ?

— Il regarde l’une et l’autre de ces deux espèces de rapports (q. 58, a. 5-7).

— De quel nom appelle-t-on la vertu de justice qui porte sur le second droit ?

— On l’appelle justice légale (q. 58, a. 5).

— Et de quel nom appelle-t-on la vertu de justice qui porte sur le premier droit ?

— On l’appelle justice particulière (q. 58, a. 7).

— Voudriez-vous me dire maintenant, par une définition précise, ce que c’est que la vertu de justice ?

— La vertu de justice est cette perfection de la volonté de l’homme qui le porte à vouloir et à réaliser, en tout, spontanément, et sans se désister jamais, le bien de la société dont il fait partie sur cette terre et aussi tout ce à quoi peut avoir droit l’un quelconque des êtres humains qui sont en rapport avec lui (q. 58, a. 1).

— Comment s’appelle le vice opposé à cette vertu ?

— On l’appelle l’injustice : injustice qui, tantôt, s’oppose à la justice légale, méprisant le bien commun, que la justice légale recherche, et, tantôt, à la justice particulière, portant atteinte à l’égalité que la justice particulière a pour objet de maintenir parmi les divers hommes (q. 59).

— En quoi consiste proprement ce dernier péché d’injustice ?

— Il consiste en ce que, le sachant et le voulant, on porte atteinte au droit d’autrui ; c’est-à-dire qu’on empiète sur ce que sa volonté raisonnable doit naturellement vouloir, allant à l’encontre de cette volonté (q. 59, a. 3).