21. Vices opposés à la justice distributive : l’acception des personnes ; — à la justice commutative : l’homicide ; la peine de mort ; la mutilation ; la verbération ; l’incarcération

— Parmi les vices opposés à la vertu de justice, en est-il quelqu’un qui s’oppose à la justice distributive ?

— Oui, c’est l’acception des personnes (q. 63).

— Qu’entendez-vous par l’acception des personnes ?

— J’entends le fait de donner ou de refuser quelque chose à quelqu’un, quand il s’agit de quelque bien, ou d’imposer quelque chose à quelqu’un, s’il s’agit de quelque chose de pénible ou d’onéreux, dans la société, en considérant, non pas ce qui peut le rendre digne ou susceptible d’un tel traitement, mais seulement en raison de ce qu’il est tel individu ou telle personne (q. 63, a. 1).

— Pourriez-vous me dire quels sont les vices opposés à la vertu de justice, considérée sous sa raison de justice commutative ?

— Ces vices-là sont nombreux et on les divise en deux groupes (q. 64-78).

— Quels sont ceux du premier groupe ?

— Ce sont ceux qui atteignent le prochain sans que sa volonté y ait aucune part (q. 64-76).

— Quel est le premier de ces péchés ?

— C’est l’homicide, qui atteint le prochain, par voie de fait, dans le principal de ses biens, en lui enlevant la vie (q. 64).

— L’homicide est-il un grand péché ?

— L’homicide est le plus grand des péchés contre le prochain.

— N’est-il jamais permis d’attenter à la vie du prochain ?

— Il n’est jamais permis d’attenter à la vie du prochain.

— La vie de l’homme est-elle un bien qu’il n’est jamais permis de lui ôter ?

— La vie de l’homme est un bien qu’il n’est jamais permis de lui ôter, à moins qu’il n’ait mérité, par quelque crime, d’en être privé (q. 64, a. 2, 6).

— Et qui a le droit d’enlever la vie à l’homme qui, par son crime, a mérité d’en être privé ?

— Seule l’autorité publique, dans la société, a le droit d’enlever la vie à l’homme qui, par son crime, a mérité d’en être privé (q. 64, a. 2).

— D’où vient ce droit à l’autorité publique ?

— Il lui vient du devoir qu’elle a de veiller au bien commun dans la société (q. 64, a. 2).

— Est-ce que le bien commun de la société parmi les hommes peut demander qu’un homme soit mis à mort ?

— Oui, le bien commun de la société parmi les hommes peut demander qu’un homme soit mis à mort : soit parce qu’il peut n’y avoir aucun autre moyen pleinement efficace d’arrêter les crimes au sein d’une société ; soit parce que la conscience publique peut exiger cette juste satisfaction, pour certains crimes plus particulièrement odieux et exécrables (q. 64, a. 2).

— N’est-ce que pour une raison de crime qu’un homme peut être mis à mort par l’autorité publique dans la société ?

— Oui, ce n’est que pour une raison de crime qu’un homme peut être mis à mort par l’autorité publique dans une société (q. 64, a. 6).

— Le bien ou l’intérêt public ne pourrait-il pas, quelquefois, justifier ou légitimer la mort, même d’un innocent ?

— Non, jamais le bien ou l’intérêt public ne peut justifier ou légitimer la mort d’un innocent, parce que le bien suprême, dans la société des hommes, est toujours le bien de la vertu (q. 64, a. 6).

— Et un particulier qui se défend ou qui défend son bien n’a-t-il pas le droit de donner la mort à celui qui s’attaque à lui ou à son bien ?

— Non, jamais un particulier n’a le droit de donner la mort à un autre qui l’attaque ou s’attaque à son bien, à moins qu’il s’agisse de sa propre vie ou de la vie des siens et qu’il n’y ait absolument aucun autre moyen de la défendre, en dehors de celui qui entraîne la mort de l’assaillant : encore faut-il que, même alors, celui qui se défend n’ait aucunement l’intention de donner la mort à l’autre, mais seulement de défendre sa propre vie ou celle des siens (q. 64, a. 7).

— Quels sont les autres péchés contre le prochain dans sa personne ?

— Ce sont : la mutilation, qui l’atteint dans son intégrité, la verbération, qui en trouble le repos ou le bien-être normal, l’incarcération, qui le prive du libre usage de sa personne (q. 65, a. 1-3).

— Quand est-ce que ces actes-là sont des péchés ?

— Toutes les fois qu’il sont accomplis par ceux qui n’ont pas autorité sur le patient, ou qui, ayant autorité sur lui, ne gardent pas la mesure voulue dans l’usage qu’ils en font (ibid.).