27. Vertus annexes de la justice : la religion ; la piété ; l’observance ; la gratitude ; le soin de la vengeance ; la vérité ; l’amitié ; la libéralité ; l’équité naturelle

— La vertu de justice a-t-elle aussi, dans sa dépendance, des vertus qui se rapportent à elle et qui soient, pour elle, comme des parties annexes ?

— Oui, la vertu de justice a de ces sortes de parties (q. 80, a. 1).

— Mais comment, ou en quoi, ces autres vertus se distinguent-elles de la justice proprement dite ?

— Elles s’en distinguent en cela, que la justice proprement dite a pour objet de rendre à autrui, en parfaite égalité, ce qui lui est rigoureusement dû, tandis que ces autres vertus, bien qu’elles se réfèrent à autrui comme la justice, en quoi elles conviennent avec elle, cependant ont leur acte qui aboutit : – ou bien à donner une chose qui n’est due à autrui que dans un sens large et non point en stricte rigueur, pouvant être exigée au nom du droit fixé par la loi, devant les tribunaux, – ou bien à ne donner que d’une manière nécessairement imparfaite, et en-deçà de l’égalité absolue, ce qui est dû rigoureusement (q. 80, a. 1).

— Combien y a-t-il de vertus qui se rattachent à la justice ; et quelles sont-elles ?

— Il y en a neuf, qui sont :

la religion, – la piété, – l’observance, – la gratitude, – le soin de la vengeance, – la vérité, – l’amitié, – la libéralité, – et l’équité naturelle (q. 80, a. 1).

— Pourriez-vous justifier l’ordre de ces vertus ?

— Oui, et le voici en peu de mots. – Les huit premières se rapportent à la justice particulière ; la neuvième, à la justice générale ou légale. – Et des huit premières il en est trois : la religion, la piété et l’observance, qui restent en-deçà de la justice au sens strict, non point par manque de rigueur dans la raison de dette, mais par l’impossibilité d’atteindre la raison d’égalité, dans l’acquittement de cette dette : la religion, par rapport à Dieu ; la piété, par rapport aux parents et à la patrie ; l’observance, par rapport aux hommes vertueux, ou à ceux qui sont élevés en dignité. – Les cinq autres sont en défaut du côté de la dette, car elles ne portent point sur quelque chose qui soit dû légalement et qui puisse être exigé en justice devant les tribunaux humains, comme étant déterminé par la loi, mais seulement sur ce qui est dû moralement et dont la détermination ou l’acquittement est laissé au mouvement vertueux d’un chacun : chose cependant qui est requise pour l’honnêteté de la vie humaine ou la bonne harmonie des rapports des hommes entre eux, soit d’une manière nécessaire, comme l’objet de la vérité, de la gratitude, du soin de la vengeance, soit à titre de perfection et de mieux, comme l’objet de l’amitié et de la libéralité (q. 80, a. 1).