29. La religion : ses actes intérieurs : la dévotion ; — la prière : nature ; nécessité ; formule ; le Notre Père, ou l’oraison dominicale ; efficacité
— Quel est le premier
des actes de la religion ?
— Le premier des actes de la religion est l’acte intérieur
qui s’appelle du nom de dévotion (q. 82, a. 1, 2).
— Qu’entendez-vous
par la dévotion ?
— J’entends, par la dévotion, un certain mouvement
de la volonté, qui fait qu’elle se donne elle-même et qu’elle donne tout ce
qui dépend d’elle, dans l’homme, au service de Dieu, s’y portant toujours et
en tout, avec un saint empressement (q. 82, a. 1, 2).
— Quel est, après
la dévotion, le premier acte, dans l’homme, ainsi appliqué au service de Dieu ?
— C’est l’acte de la prière.
— Qu’est-ce que l’acte
de la prière ?
— L’acte de la prière, entendu dans son sens le plus
haut, et selon qu’il s’adresse à Dieu, est un acte de la raison pratique, par
lequel, sous forme de demande qui supplie, nous voulons amener Dieu à faire
ce que nous souhaitons (q. 83, a. 1).
— Mais est-ce là chose
raisonnable et possible ?
— Oui, certes ; et il n’est même rien, sur cette
terre, qui soit plus raisonnable ou plus en harmonie avec notre nature (q. 83,
a. 2).
— Comment montrez-vous
qu’il en est ainsi ?
— Par ces considérations : étant des êtres raisonnables
et conscients, nous avons besoin, au plus haut point, de prendre conscience
de ce qu’est Dieu et de ce que nous sommes. Or, nous ne sommes que misère ;
et lui est la source de tout bien. Plus, donc, nous aurons conscience de notre
misère, jusque dans le détail de ses besoins, et que c’est de Dieu seul que
nous viennent, comme de leur première source, les biens capables d’y remédier,
plus nous serons ce que nous devons être, c’est-à-dire ce que notre nature requiert.
Et l’acte de la prière est précisément cela même. Il est d’autant plus parfait
qu’il nous fait davantage prendre conscience de notre misère et de la bonté
de Dieu y remédiant. Aussi, est-ce bien pour cela que Dieu, dans sa miséricorde,
a voulu que nous priions, déterminant que certaines choses ne nous seraient
accordées qu’à la demande que nous lui en ferions (q. 83, a. 2).
— C’est donc, au plus
haut point, la volonté de Dieu que nous faisons, en voulant l’amener par notre
prière à faire ce que nous voulons ?
— Oui, c’est, au plus haut point, la volonté même de
Dieu que nous faisons en nous efforçant de l’amener, par notre prière, à accomplir
ce que nous souhaitons, toutes les fois que ce que nous souhaitons est pour
notre vrai bien.
— Dieu nous exauce-t-il
toujours alors ?
— Oui, Dieu nous exauce toujours, quand nous lui demandons,
sous l’action même de son Esprit-Saint, ce qui est pour notre vrai bien (q. 83,
a. 15).
— Y a-t-il une formule
de prière qui nous assure que nous demandons toujours notre vrai bien ?
— Oui, c’est la formule de la prière par excellence,
qui s’appelle le Notre Père, ou l’oraison dominicale (q. 83,
a. 9).
— Qu’entendez-vous
par ces mots : l’oraison dominicale ?
— J’entends la prière que nous a enseignée Notre Seigneur
Jésus-Christ dans l’Évangile.
— Pouvez-vous me dire
cette prière ?
— Oui, et la voici :
Notre Père, qui êtes aux cieux : que votre nom
soit sanctifié ; que votre royaume arrive ; que votre volonté soit
faite sur la terre comme au ciel ; donnez-nous aujourd’hui notre pain de
chaque jour ; pardonnez-nous nos offenses, comme nous pardonnons à ceux
qui nous ont offensés ; et ne nous laissez pas succomber à la tentation ;
mais délivrez-nous du mal. Ainsi soit-il.
— Cette prière contient-elle,
à elle seule, toutes les prières ou toutes les demandes que nous pouvons et
devons faire à Dieu ?
— Oui, cette prière contient, à elle seule, toutes
les prières ou toutes les demandes que nous pouvons et devons faire à Dieu ;
et tout ce que nous demanderons à Dieu se ramènera toujours, si nous demandons
ce qu’il faut, à l’une de ces demandes du Notre Père (q. 83, a. 9).
— Y a-t-il encore
une autre excellence de cette prière et qui lui appartienne tout à fait en propre ?
— Oui ; et cette excellence consiste en ce qu’elle
met sur nos lèvres, dans l’ordre même où ils doivent être dans notre cœur, tous
les désirs qui doivent être les nôtres (q. 83, a. 9).
— Pourriez-vous me
montrer cet ordre des demandes de l’oraison dominicale ?
— Le voici en quelques mots. De tous nos désirs, le
premier doit être que Dieu soit glorifié, puisque la gloire de Dieu est la fin
de toutes choses ; mais, tout de suite, et pour coopérer nous-mêmes, le
plus excellemment, à cette gloire, nous devons désirer d’être admis à la partager
un jour éternellement dans le ciel. Et tel est le sens des deux premières demandes
du Notre Père, quand nous disons : Que votre nom soit sanctifié ;
que votre royaume arrive. – Cette glorification de Dieu en lui-même
et de nous en lui sera le terme final de notre vie un jour. Sur cette terre
et durant la vie présente, nous devons travailler à mériter d’y être admis.
Pour cela, nous n’avons qu’une seule chose à faire : accomplir en tout,
aussi parfaitement que possible, la volonté de Dieu. C’est ce que nous demandons
quand nous disons : Que votre volonté soit faite sur la terre comme
au ciel. – Mais, pour accomplir cette volonté d’une manière parfaite,
nous avons besoin du secours de Dieu qui soutienne notre faiblesse, soit dans
l’ordre des nécessités temporelles, soit dans l’ordre des nécessités spirituelles.
Nous demandons ce secours, quand nous disons : Donnez-nous aujourd’hui
notre pain de chaque jour. – Et cela suffirait, si nous n’avions à
nous débarrasser du mal qui peut être un obstacle, soit à l’acquisition du royaume
de Dieu, soit à l’accomplissement de la volonté de Dieu, soit à la suffisance
des choses dont nous avons besoin dans la vie présente. Contre ce triple mal,
nous disons à Dieu : Pardonnez-nous nos offenses, comme nous pardonnons,
nous, à ceux qui nous ont offensés ; et ne nous laissez point succomber
à la tentation ; mais délivrez-nous du mal (q. 83, a. 9).
— Pourquoi disons-nous
au début de cette prière : Notre
Père qui êtes aux cieux ?
— Pour nous exciter à une confiance sans bornes, puisque
celui à qui nous nous adressons est un Père, et qu’il règne dans les cieux,
ayant tout en son pouvoir (q. 83, a. 9, ad 5).
— Faut-il réciter
souvent cette prière du Notre Père ?
— Il faut vivre continuellement dans son esprit et
la dire aussi de temps en temps, le plus souvent même, selon que les conditions
de notre vie nous le permettent (q. 83, a. 14).
— Est-ce le moins
qu’il soit convenable de faire, en quelque condition qu’on se trouve, de ne
point laisser passer un seul jour sans dire cette prière ?
— Oui, c’est le moins qu’il soit convenable de faire,
en quelque condition qu’on se trouve, de ne point laisser passer un seul jour
sans dire cette prière.
— Est-ce à Dieu seul
que nous devons adresser nos prières ?
— Oui, c’est à Dieu seul que nous devons adresser nos
prières, comme à celui de qui nous attendons tous nos biens ; mais nous
pouvons nous adresser à certaines créatures pour les prier d’intercéder en notre
faveur auprès de Dieu (q. 83, a. 4).
— Quelles sont ces
créatures à qui nous pouvons nous adresser pour les prier d’intercéder en notre
faveur auprès de Dieu ?
— Ce sont les anges ou les saints qui sont dans le
ciel et les justes qui vivent sur la terre (q. 83, a. 11).
— Est-il bon de se
recommander ainsi aux âmes saintes et de solliciter leurs prières ?
— Oui, c’est chose excellente de se recommander à la
pieuse intercession des âmes saintes et de solliciter leurs prières auprès de
Dieu.
— Parmi toutes les
créatures, en est-il quelqu’une qui doive, à un titre tout spécial, être ainsi
sollicitée par nous dans nos prières ?
— Oui, c’est la glorieuse Vierge Marie, la Mère du
Fils de Dieu incarné, Notre Seigneur Jésus-Christ.
— De quel nom a-t-on
appelé la très sainte Vierge Marie en raison de cette mission spéciale qu’elle
a d’intercéder pour nous ?
— On l’a appelée la toute-puissance d’intercession.
— Et qu’a-t-on voulu
signifier par ces mots ?
— On a voulu signifier par là que tous ceux pour qui
elle intercède auprès de Dieu, sont exaucés de lui dans leurs prières.
— Est-il une formule
de prière plus particulièrement excellente pour solliciter ainsi l’intercession
de la très sainte Vierge Marie auprès de Dieu ?
— Oui, c’est la prière de l’Ave Maria ou du :
Je vous salue.
— Pourriez-vous me
dire cette prière ?
— Oui ; et la voici : Je vous salue, Marie,
pleine de grâce, le Seigneur est avec vous, vous êtes bénie entre toutes les
femmes, et Jésus, le fruit de vos entrailles, est béni. Sainte Marie, Mère de
Dieu, priez pour nous, pauvres pécheurs, maintenant et à l’heure de notre mort.
Ainsi soit-il.
— Quand est-ce qu’il
est bon de réciter cette prière ?
— Il est bon de la réciter le plus souvent possible ;
et, tout spécialement, à la suite du Notre Père, quand on le récite en
particulier.
— Y a-t-il un mode
particulièrement excellent de joindre ensemble ces deux prières pour en assurer
l’efficacité ?
— Oui, c’est le Rosaire.
— Qu’entendez-vous par
le Rosaire ?
— J’entends un mode de prière qui consiste à rappeler
les quinze principaux mystères de notre rédemption, et à réciter, en présence
du souvenir de chacun d’eux, une fois le Notre Père, qu’on fait suivre
du Je vous salue, répété dix fois, après quoi on ajoute : Gloire
soit au Père et au Fils et au Saint-Esprit, comme il était au commencement et
maintenant et toujours et dans tous les siècles des siècles. Ainsi soit-il.