43. Vertus annexes, la magnanimité ; — vices opposés : la présomption ; — l’ambition ; la vaine gloire ; — la pusillanimité

— Y a-t-il des vertus qui se rattachent à la vertu de force comme imitant son acte ou son mode d’agir, mais en une matière moins difficile ?

— Oui, ce sont : d’une part, la magnanimité et la magnificence ; et, de l’autre, la patience et la persévérance (q. 128).

— En quoi se distinguent ces deux genres de vertus ?

— En ce que les deux premières se rattachent à la force en raison de celui de ses actes qui est de s’attaquer à ce qu’il y a de plus difficile ou de plus ardu ; tandis que les deux autres se rattachent à elle en raison de celui de ses actes qui est de tenir contre les plus grandes craintes (q. 128).

Quel est l’objet propre de la magnanimité ?

— C’est d’affermir le mouvement de l’espoir à l’endroit des grandes actions à accomplir selon qu’il en résulte de grands honneurs ou une grande gloire (q. 129, a. 1 ; a. 2).

— Tout est donc grand dans la magnanimité ?

— Oui, tout est grand dans cette vertu ; et elle est par excellence le propre des grands cœurs.

— Peut-il y avoir quelque vice qui s’oppose à elle ?

— Oui, il y a de nombreux vices qui s’opposent à elle, ou par excès ou par défaut.

— Quels sont les vices qui s’opposent à elle par excès ?

— Ce sont : la présomption ; l’ambition ; et la vaine gloire (q. 130-132).

— Comment se distinguent entre eux ces divers vices ?

— Ils se distinguent en ce que la présomption porte à faire des actions trop grandes pour ses forces ou sa vertu ; l’ambition vise à des honneurs plus grands que ne le comportent son état ou ses mérites ; et la vaine gloire recherche une gloire qui est sans objet, ou qui n’a pas de valeur, ou qui n’est pas ordonnée à sa véritable fin, savoir la gloire de Dieu et le bien des hommes (Ibid.).

— La vaine gloire est-elle un vice capital ?

— Oui, la vaine gloire est un vice capital ; parce qu’elle implique la manifestation de sa propre excellence, que les hommes recherchent en tout et qui peut les porter à beaucoup de fautes (q. 132, a. 4).

— Quelles sont les filles de la vaine gloire ?

— Ce sont : la jactance ; l’hypocrisie ; la pertinacité ; la discorde ; la contention ; la désobéissance (q. 132, a. 5).

— Quel est le vice qui s’oppose à la magnanimité par défaut ?

— C’est la pusillanimité (q. 133).

— Pourquoi la pusillanimité est-elle un péché ?

— Parce qu’elle est contraire à la loi naturelle, qui porte tout être à agir selon que sa vertu ou ses moyens l’en rendent capable (q. 133, a. 1).

— C’est donc une chose réellement blâmable de ne pas mettre en œuvre les vertus ou les moyens d’action qu’on a reçus de Dieu, par défiance de soi-même ou par attitude indue à l’endroit des honneurs et de la gloire ?

— Oui, c’est là chose réellement blâmable et qu’il faut bien se garder de confondre avec la véritable humilité, dont nous aurons à parler bientôt (Ibid.).