47. Du don de la force, qui correspond à la vertu de force

— Y a-t-il un don du Saint-Esprit qui corresponde à la vertu de force ?

— Oui, c’est le don qui porte le même nom et qui s’appelle le don de force (q. 139).

— Pourriez-vous m’expliquer en quoi le don de force diffère de la vertu qui porte le même nom ?

— Oui, et le voici en quelques mots : — Comme la vertu, ce don regarde la crainte et en quelque sorte l’audace. Mais, tandis que la crainte et l’audace que modère la vertu de force, ne regardent que les périls qu’il est au pouvoir de l’homme de surmonter ou de subir, la crainte et la confiance que domine ou qu’excite le don de force regardent des périls ou des maux qu’il n’est absolument pas au pouvoir de l’homme de surmonter : c’est la séparation même que fait la mort d’avec tous les biens de la vie présente, sans donner par elle-même le seul bien supérieur qui les compense et les supplée à l’infini, apportant tout bien et excluant tout mal, savoir, l’obtention effective de la vie éternelle. Cette substitution effective de la vie éternelle à toutes les misères de la vie présente, malgré toutes les difficultés ou tous les périls qui peuvent se mettre en travers du bien de l’homme, y compris la mort elle-même qui les résume tous, est l’œuvre exclusive de l’action propre de l’Esprit-Saint. C’est pourquoi aussi, il n’appartient qu’à lui de mouvoir effectivement l’âme de l’homme vers cette substitution, de telle sorte que l’homme possède en lui la confiance ferme et positive qui lui fait mépriser la plus souveraine de toutes les craintes et s’attaquer en quelque sorte à la mort elle-même, non pour succomber cette fois, mais pour en triompher. Et c’est selon le don de force que l’homme est ainsi mû par l’Esprit-Saint. Si bien qu’on pourrait assigner comme objet propre de ce don : la victoire sur la mort (q. 139, a. 1).