51. La chasteté ; la virginité ; vice opposé : la luxure
— A côté de la vertu
d’abstinence et de sobriété, quelle est l’autre grande vertu qui constitue,
elle aussi, une espèce de la tempérance ?
— C’est la vertu de chasteté (q. 151).
— Qu’entendez-vous
par la vertu de chasteté ?
— J’entends cette perfection de la faculté affective
sensible, qui rend l’homme maître de tous les mouvements le portant aux choses
du mariage (q. 151, a. 1).
— Y a-t-il, dans cet
ordre de la chasteté, une vertu spéciale, qui en soit le couronnement et la
plus haute perfection ?
— Oui ; c’est la virginité (q. 152).
— Qu’entendez-vous
par la virginité ?
— J’entends le ferme et absolu propos, sanctifié par
un vœu, de renoncer à tout jamais aux plaisirs du mariage (q. 152, a. 1-3).
— Quel est le vice
opposé à la vertu de chasteté ?
— C’est la luxure (q. 153).
— En quoi consiste
le vice de la luxure ?
— Le vice de la luxure consiste à user en fait, ou
par désir, ou en pensée voulue et complaisante, des choses que la nature a ordonnées
à la conservation de l’espèce humaine, en vue de la jouissance qui s’y trouve
attachée, contrairement à l’ordre naturel ou honnête qui règle l’usage de ces
choses-là (q. 153, a. 1-3).
— Le vice de la luxure
a-t-il plusieurs espèces ?
— Oui, ce vice a autant d’espèces qu’il peut y avoir
de désordres distincts dans les choses de la luxure (q. 154).
— Quelles sont ces
espèces de désordre dans les choses de la luxure ?
— Ce sont : la simple fornication, qui est directement
opposée au bon ordre des choses du mariage en ce qui est de leur fin, savoir
le bien et la formation ou l’éducation des enfants à venir ; – ou,
chose de toutes la plus grave dans cet ordre-là, le vice contre nature, qui
s’oppose directement et totalement à la fin première et essentielle du mariage,
savoir la venue même de l’enfant ; – ou l’inceste, et l’adultère,
et le stupre, et le rapt, qui portent sur l’abus de personnes proches parentes,
ou mariées, ou sous la tutelle de leur père, que l’on trompe ou à qui l’on fait
violence ; – enfin, le sacrilège, qui est l’abus de personnes consacrées
à Dieu (q. 154, a. 1-2).
— Le vice de la luxure,
en ce qui constitue son fond essentiel, qui se retrouve en chacune de ses espèces,
et qui n’est pas autre chose que la jouissance indue des plaisirs attachés aux
choses du mariage, est-il un vice capital ?
— Oui, la luxure est un vice capital, en raison précisément
de ce qu’il y a de particulièrement véhément dans son objet, qui fait que les
hommes s’y trouvent extrêmement portés (q. 153, a. 4).
— Quelles sont les
filles de la luxure ?
— Ce sont : l’aveuglement de l’esprit ; la
précipitation ; l’inconsidération ; l’inconstance ; l’amour de
soi ; la haine de Dieu ; l’attachement à la vie présente ; l’horreur
du siècle à venir (q. 153, a. 5).
— Ces filles de la
luxure n’ont-elles pas toutes un caractère commun et particulièrement grave ?
— Oui, elles ont toutes, bien qu’à des degrés divers,
ceci de commun, qu’elles impliquent l’absorption de l’esprit par la chair ;
et c’est cela même qui fait la gravité spéciale de chacune d’elles, et de la
luxure qui en est la mère : savoir que l’homme déchoit de sa royauté pour
tomber au-dessous de la brute ou de l’animal sans raison (q. 153, a. 5,
6).