56. La modestie extérieure

— Quelle est la dernière des vertus annexes qui se rattachent à la tempérance, sous le nom général de modestie ?

— C’est la vertu spéciale de modestie, qui s’appelle de ce nom, dans son sens strict (q. 167-170).

— Qu’entendez-vous par cette vertu ?

— J’entends ce fini de perfection dans les dispositions affectives du sujet, qui fait que tout, dans son extérieur, qu’il s’agisse de ses mouvements ou de ses gestes, de ses paroles, du ton de la voix, de sa tenue ou de son attidude ou de son maintien, est ce que tout cela doit être selon qu’il convient à la personne, au milieu, à l’état, à l’action qui se fait, de telle sorte que rien ne détonne ou ne heurte et que tout, dans cet extérieur du sujet, apparaisse d’une souveraine et parfaite harmonie : auquel titre la vertu de modestie se rattache à l’affabilité ou à l’amitié et à la vérité (q. 168, a. 1).

— Faut-il attribuer à la vertu de modestie ce qui peut avoir trait au jeu ou au divertissement et à la récréation dans l’économie de la vie humaine ?

— Oui ; et cette vertu prend même, alors, un nom spécial, qui est celui d’eutrapélie, ou de vertu qui fait qu’on joue ou qu’on se divertit ou qu’on se récrée comme il convient, évitant, d’une part, l’excès, et, de l’autre, le défaut contraire (q. 168, a. 2-4).

— La modestie comprend-elle aussi ce qui a trait à la mise extérieure ou au vêtement ?

— Oui ; la modestie s’étend aussi à ce qui touche au vêtement ou à la mise extérieure ; et c’est même alors qu’elle prend, dans son sens tout à fait strict, le nom de modestie (q. 169).

— Et que fait la vertu de modestie à ce sujet ?

— Elle fait que le mouvement affectif intérieur est ce qu’il doit être à l’endroit de la mise extérieure ou du vêtement ; et qu’on y garde cette mesure parfaite, qui exclut tout ensemble la recherche outrée et la négligence déplacée (q. 169, a. 1).

Est-ce contre cette vertu de modestie que pèchent tout spécialement les personnes du monde qui ne gardent aucune mesure dans les excès de ce qu’on appelle la mode, et qui peuvent devenir par là une occasion de péché autour d’elles ?

— Oui ; c’est tout spécialement contre la vertu de modestie, en même temps d’ailleurs que contre la chasteté, que pèchent ces sortes de personnes ; et l’on ne saurait trop blâmer les excès qui se commettent dans ce sens (q. 169, a. 2).