57. Du don qui correspond à la vertu de tempérance
— Parmi les dons du Saint-Esprit,
en est-il quelqu’un qui corresponde à la vertu de tempérance ?
— Oui, c’est le don de crainte
(q. 166, a. 1, ad 3).
— Mais n’a-t-il pas été
dit plus haut que le don de crainte correspond à la vertu théologale d’espérance ?
— Le don de crainte, en effet,
correspond tout ensemble à la vertu théologale d’espérance et à la vertu cardinale
de tempérance ; mais non sous le même aspect ou au même titre (ibid.).
— En quoi consiste cette
différence ?
— Elle consiste en ce que le
don de crainte correspond à la vertu théologale d’espérance, selon que l’homme
révère Dieu directement en raison de son infinie grandeur et évite de l’offenser ;
et il correspond à la vertu cardinale de tempérance, en ce que la révérence
ou le respect qu’il inspire à l’endroit de la grandeur de Dieu fait qu’on évite
ces choses-là qui portent le plus à offenser Dieu et qui sont les plaisirs des
sens (ibid.).
— Mais la vertu de tempérance
ne portait-elle pas déjà à éviter cela ?
— Oui, mais dans une mesure
sans comparaison moins parfaite : car elle ne porte à le laisser que dans
une mesure ou selon un mode qui est le fruit de l’homme agissant par lui-même
à la lumière de la raison ou de la foi, tandis que le don de crainte le fait
éviter dans la mesure ou selon le mode qui est le fruit de l’Esprit-Saint lui-même
personnellement, mouvant l’homme par son action toute-puissante, et l’amenant,
en raison du respect ou de la révérence que lui inspire la majesté divine, à
tenir pour du fumier les plaisirs des sens et tout ce qui s’y rattache.