58. Préceptes relatifs à la tempérance et à ses parties

Y a-t-il, dans la loi divine, quelque précepte qui ait trait à la tempérance ?

— Oui, nous trouvons dans le Décalogue lui-même deux préceptes qui ont trait à la vertu de tempérance (q. 170).

Quels sont ces deux préceptes ?

— Ce sont le sixième et le neuvième préceptes : Tu ne commettras point d’adultère ; — tu ne convoiteras point la femme de ton prochain.

Pourquoi n’est-il parlé que de l’adultère ; et pourquoi, au sujet de l’adultère, y a-t-il deux préceptes distincts dans le Décalogue ?

— Parce que de tout ce qui a trait à la tempérance, l’adultère est ce qui intéresse le plus les rapports de l’homme avec le prochain, notamment du point de vue de la justice, qui est celui des préceptes du Décalogue ; et s’il est donné deux préceptes distincts à ce sujet, c’est en raison de l’importance qu’il y a à arrêter jusque dans sa première source le grand mal de l’adultère (q. 170, a. 1).

Y a-t-il, parmi les préceptes du Décalogue, quelque précepte qui ait trait aux parties de la tempérance ?

— Non, il n’y a pas de précepte qui ait trait directement à ces parties ; car elles n’intéressent point par elles-mêmes les rapports de l’homme à l’endroit de Dieu ou du prochain. Toutefois ces diverses parties sont touchées indirectement en raison de leurs effets, soit dans les préceptes de la première table, soit dans ceux de la seconde. C’est, en effet, en raison de l’orgueil que l’homme ne rend pas à Dieu ou au prochain les hommages ou le culte qu’il leur dit ; et c’est en raison de la colère, opposée à la mansuétude, que l’homme s’attaque à la personne du prochain jusqu’à attenter à sa vie, dans l’homicide (q. 170, a. 2).

Pour ce qui est du côté positif des préceptes relatifs soit à la tempérance, soit à ses parties, était-il à propos qu’on le trouve marqué dans le Décalogue ?

— Non ; parce que le Décalogue devait contenir seulement les premiers préceptes de la loi divine applicables à tous les hommes dans tous les temps ; et que ce qui a trait au côté positif de ces vertus, comme l’abstinence ou le mode extérieur de parler, d’agir, de se tenir, et le reste, peut varier beaucoup selon les divers hommes, dans les divers temps et dans les divers lieux (q. 170, a. 1, ad 3).

A qui appartient-il de déterminer ces choses, avec une autorité spéciale, dans la loi nouvelle ?

— C’est à l’Église qu’il appartient de fixer là-dessus, par des préceptes adaptés, la conduite des fidèles.

N’y a-t-il pas, dans les explications de la loi divine que contient l’Écriture sainte, une invite spéciale, sous forme de prière, à s’appuyer sur le don de crainte selon qu’il correspond à la tempérance ?

— Oui, c’est le beau texte du psaume 118, verset 120 : Confige timore tuo carnes meas ; Que votre crainte achève d’exterminer en moi les révoltes de ma chair.