10. Des conséquences de l’incarnation du Fils de Dieu, selon que nous le considérons en lui-même, sous sa raison de Verbe incarné ; comment nous pouvons et devons nous exprimer à son sujet

— Que s’ensuit-il pour le Fils de Dieu incarné, considéré en lui-même et selon que nous pouvons et devons parler de lui, en raison de son incarnation ?

— Il s’ensuit que nous pouvons et devons dire en toute vérité, que Dieu est homme, car une personne qui est Dieu est homme aussi ; que l’homme est Dieu, car une personne qui est vraiment homme est une personne qui est Dieu ; que tout ce qui est propre à la nature humaine et lui convient peut être dit de Dieu, car tout cela convient à une personne qui est Dieu et tout ce qui est propre à la nature divine peut être dit de l’homme qu’est le Fils de Dieu incarné, car cet homme est une personne qui est Dieu ; mais nous ne pouvons pas dire de la divinité ce qui se dit de l’humanité, ou inversement, dans la personne du Fils de Dieu incarné, parce que les deux natures demeurent distinctes et gardent chacune leurs propriétés (q. 16, a. 1, 2).

— Peut-on dire que Dieu a été fait homme ?

— Oui, on peut dire que Dieu a été fait homme ; parce qu’une personne qui est Dieu a commencé d’être vraiment homme dans le temps, alors qu’auparavant elle ne l’était pas (q. 16, a. 6).

— Peut-on dire également que l’homme a été fait Dieu ?

— Non, on ne peut dire que l’homme a été fait Dieu ; car cela supposerait qu’une personne étant homme d’abord sans être Dieu, est ensuite devenue Dieu (q. 16, a. 7).

— Peut-on dire du Fils de Dieu incarné qu’il est une créature ?

— On ne peut pas le dire d’une façon pure et simple ; mais il faut avoir soin d’ajouter : en raison de la nature humaine qu’il s’est unie hypostatiquement, car il est vrai qu’en effet cette nature humaine est quelque chose de créé (q. 16, a. 8).

— Peut-on dire : cet homme, en montrant Jésus-Christ ou le Fils de Dieu incarné, a commencé d’être ?

— Non, on ne doit pas dire : cet homme, en montrant Jésus-Christ ou le Fils de Dieu incarné, a commencé d’être ; parce que cela s’entendrait de la personne du Fils de Dieu, qui n’a pas commencé d’être. On ne pourrait le dire qu’en ajoutant : selon qu’il est homme, ou en raison de sa nature humaine (q. 16, a. 9).