12. Des conséquences de l’incarnation du Fils de Dieu dans ses rapports avec son Père : sa sujétion à l’endroit du Père ; — sa prière ; — son sacerdoce
— Que s’en est-il
suivi de l’incarnation du Fils de Dieu, dans ses rapports avec son Père ou dans
les rapports du Père avec lui ?
— Il s’en est suivi que le Fils de Dieu incarné a été
soumis au Père ; qu’il l’a prié ; qu’il l’a servi par son sacerdoce ;
et que tout en restant le Fils par nature, non par adoption, il a pu cependant
et dû être prédestiné par le Père (q. 20-24).
— Qu’entendez-vous
quand vous dites que Jésus-Christ ou le Fils de Dieu incarné a été soumis au
Père ?
— J’entends qu’en raison de sa nature humaine, le Fils
de Dieu incarné n’avait qu’une bonté participée, tandis que le Père est la bonté
par essence ; que tout ce qui regardait sa vie humaine était réglé, disposé,
ordonné par son Père ; enfin, que dans sa nature humaine, il s’est, en
toutes choses, montré d’une obéissance parfaite et absolue à l’endroit du Père
(q. 20, a. 1).
— Ces mêmes titres
ne faisaient-ils pas que le Fils de Dieu incarné était également soumis à lui-même
en tant que Dieu ou en raison de sa nature divine ?
— Assurément ; car la nature divine, en raison
de laquelle le Père était supérieur au Fils dans son incarnation, est commune
au Père et au Fils (q. 20, a. 2).
— En quel sens peut-on
dire que Jésus-Christ ou le Fils de Dieu incarné pouvait ou peut encore prier ?
— En ce sens que sa volonté humaine n’ayant point,
par elle-même et indépendamment de la volonté divine, le pouvoir de réaliser
ce qu’elle souhaite ; en raison de cette volonté, le Fils de Dieu incarné
peut s’adresser au Père, afin qu’il accomplisse, par sa volonté toute-puissante,
qui est aussi la sienne, comme Dieu, ce que sa volonté humaine ne pourrait réaliser
par elle-même (q. 21, a. 1).
— Est-ce que Jésus-Christ
ou le Fils de Dieu incarné pouvait prier pour lui-même ?
— Oui ; même en ce sens qu’il pouvait demander
au Père les biens du corps ou sa glorification extérieure qu’il n’avait pas
encore tant qu’il vivait sur notre terre ; mais, à tout le moins, pour
remercier le Père et lui rendre grâces de tous les dons et privilèges accordés
à lui dans sa nature humaine ; et, sous cette forme, sa prière durera pendant
toute l’éternité (q. 21, a. 3).
— Peut-on dire que
la prière de Jésus-Christ ou du Fils de Dieu incarné a toujours été exaucée,
quand il était sur notre terre ?
— Oui ; à prendre la prière dans son sens parfait,
qui est la demande ferme d’une chose qu’on veut de volonté délibérée ;
car le Fils de Dieu incarné, qui connaissait excellemment la volonté du Père,
n’a jamais voulu, d’une volonté délibérée, que ce qu’il savait être de tout
point conforme à la volonté du Père, qui était aussi la sienne comme Dieu (q. 21,
a. 4).
— Quand on parle du
sacerdoce de Jésus-Christ, le Fils de Dieu incarné, que veut-on dire ?
— On veut dire que c’est à lui qu’il a appartenu et
qu’il appartient, par excellence, d’apporter aux hommes les dons de Dieu ;
et de se présenter devant Dieu, au nom des hommes, pour offrir à Dieu leurs
prières, et pour apaiser Dieu à leur endroit, les réconciliant tous avec lui
(q. 22, a. 1).
— Peut-on dire que
Jésus-Christ fut tout ensemble prêtre et victime ?
— Oui ; car c’est en acceptant d’être mis à mort
pour nous, qu’il a réalisé dans sa propre personne, en raison de sa nature humaine
ainsi immolée, la triple raison du sacrifice imposée dans l’ancienne loi, savoir :
la victime pour le péché ; la victime pacifique ; et l’holocauste.
Il a, en effet, satisfait pour nos péchés et les a effacés ; il nous a
valu la grâce de Dieu, qui est notre paix et notre salut ; et il nous a
ouvert la porte de la gloire, où nous devons être unis à Dieu totalement et
définitivement dans l’éternité (q. 22, a. 2).
— Est-ce aussi pour
lui-même, dans sa nature humaine, que Jésus-Christ ou le Fils de Dieu incarné
a été prêtre ?
— Non ; ce n’est point pour lui-même ; car
lui-même pouvait immédiatement approcher de Dieu, sans qu’il eût besoin d’un
médiateur ; et, de plus, n’ayant en lui que la similitude du péché, non
le péché lui-même, il n’avait pas à offrir pour lui de victime expiatrice, mais
seulement pour nous (q. 22, a. 4).
— Doit-on dire que
le sacerdoce de Jésus-Christ demeure éternellement ?
— Oui ; en ce sens que l’effet de son sacerdoce,
c’est-à-dire la consommation, dans la gloire, des saints, purifiés par la vertu
de son sacrifice, sera éternellement son œuvre, au ciel (q. 22, a. 5).
— Pourquoi dit-on
que Jésus-Christ est prêtre selon l’ordre de Melchisédech ?
— Pour marquer la supériorité du sacerdoce de Jésus-Christ
sur le sacerdoce lévitique de l’ancienne loi, qui n’en était que la figure (q. 22,
a. 6).