13. Sa filiation divine : sa prédestination

— Quand on parle d’adoption de la part de Dieu, que veut-on dire ?

— On veut dire que Dieu, dans la Trinité de ses personnes, a daigné, par un mouvement d’infinie bonté, admettre ses créatures raisonnables à participer [à] son héritage ou [à] ses propres richesses, qui ne sont pas autre chose que la gloire de sa propre béatitude ; de telle sorte que, ne pouvant être ses fils par nature, – car ceci n’appartient qu’au seul fils unique –, les anges et les hommes admis à cette gloire deviennent ses fils ou ses enfants d’adoption (q. 23, a. 1).

— Le Fils de Dieu incarné peut-il, en raison de sa nature humaine, être dit Fils de Dieu par adoption ?

— Non, il ne le peut pas, en aucune manière ; car, la filiation étant une propriété personnelle, où se trouve la filiation naturelle il n’y a plus place pour la filiation d’adoption qui n’en est qu’une similitude (q. 23, a. 4).

— Peut-on parler de prédestination, au sujet de Jésus-Christ ou du Fils de Dieu incarné ?

— Oui ; car la prédestination n’est pas autre chose que la préordination fixée par Dieu de toute éternité de ce qu’il devait accomplir dans le temps dans l’ordre de la grâce. Or, le fait d’un être humain étant Dieu en personne, et de Dieu étant homme, a été réalisé dans le temps par Dieu, et appartient au plus haut point à l’ordre de la grâce, dont il constitue le sommet. Il s’ensuit que c’est au plus haut point qu’on peut et qu’on doit parler de prédestination, au sujet du Fils de Dieu incarné (q. 24, a. 1).

— Cette prédestination, portant sur le fait qu’en raison de la nature humaine qui serait unie, dans le temps, d’une union hypostatique, au Fils unique de Dieu, un jour existerait un être humain qui serait le Fils de Dieu lui-même et que Dieu serait homme, est-elle le modèle ou l’exemplaire et la cause de notre propre prédestination ?

— Oui ; car la prédestination portant sur nous devait ordonner que nous serions par adoption ce que le Fils de Dieu incarné est par nature ; et elle devait ordonner aussi que notre salut s’accomplirait par Jésus-Christ lui-même qui en serait l’auteur (q. 24, a. 3, 4).