14. Des conséquences de l’incarnation du Fils de Dieudans ses rapports avec nous : que nous devons l’adorer ;— qu’il est le médiateur de Dieu et des hommes

— Que s’en est-il suivi, de l'incarnation du Fils de Dieu, dans ses rapports avec nous ?

— Il s’en est suivi que nous devons l’adorer, et qu’il est notre médiateur (q. 25, 26).

— Qu’est-ce à dire, que nous devons adorer Jésus-Christ ou le Fils de Dieu incarné ?

— Cela veut dire que nous devons rendre à la personne du Fils de Dieu, où qu’elle se trouve et sous quelle forme qu’elle nous apparaisse, soit comme étant Dieu, soit comme étant homme, le culte de latrie qui est le culte propre à Dieu ; bien que si nous considérions la nature humaine de Jésus-Christ, comme raison ou motif du culte que nous lui rendons à lui, elle ne motivât que le seul culte de dulie (q. 25, a. 1, 2).

— Est-ce pour la même raison que nous rendons au Cœur sacré de Jésus ou du Verbe incarné le culte de latrie ?

— Oui ; car le Cœur de Jésus fait partie de sa personne adorable ; et, de tout ce qui appartient à la personne adorable de Jésus-Christ dans sa nature humaine, le Cœur était de nature à recevoir plus spécialement ce culte de latrie, parce qu’il est le symbole par excellence de l’œuvre d’amour infini accomplie, pour notre salut, par le Verbe fait chair, dans les mystères de l’incarnation et de la rédemption : au point que le culte du Sacré-Cœur n’est rien de moins que le culte même de Jésus-Christ dans son amour.

— Faut-il adorer ou honorer du culte de latrie l’image de Jésus-Christ ?

— Oui ; parce que le mouvement dont on se porte vers l’image d’une chose en tant qu’image de cette chose est le même que celui dont on se porte vers la chose elle-même (q. 25, a. 3).

— Et la croix de Jésus-Christ, doit-elle être adorée ou honorée du culte de latrie ?

— Oui ; car elle nous représente Jésus-Christ étendu sur elle et mourant pour nous ; et, s’il s’agit de la croix même où Jésus-Christ fut attaché, nous l’adorons encore pour cette autre raison qu’elle a touché les membres de Jésus-Christ et qu’elle a été imprégnée de son sang (q. 25, a. 4).

— Devons-nous aussi l’adoration et le culte de latrie à la très sainte Vierge Marie, Mère de Jésus-Christ ?

— Non ; parce que ce n’est pas seulement en raison de Jésus-Christ que nous rendons un culte à sa Mère, mais aussi en raison d’elle-même : et, parce qu’elle n’est qu’une pure créature, nous ne l’honorons pas du culte de latrie, qui est exclusivement propre à Dieu. Nous lui rendons cependant un culte suréminent, dans l’ordre du culte de dulie appartenant aux créatures unies à Dieu ; car nulle autre ne lui a été unie comme elle : et c’est pourquoi nous l’honorons du culte d’hyperdulie (q. 25, a. 5).

— Devons-nous aussi, en raison de Jésus-Christ, rendre un culte aux reliques des saints, notamment à leurs corps ?

— Oui ; parce que les saints ont été et demeurent les membres de Jésus-Christ, les amis de Dieu et nos intercesseurs auprès de lui ; et que, par suite, tout ce qui a été en rapport avec eux mérite que nous l’honorions en raison d’eux-mêmes ; mais surtout leurs corps qui ont été les temples du Saint-Esprit, et qui doivent être configurés au corps de Jésus-Christ par la résurrection glorieuse (q. 25, a. 6).

— Quand nous disons que le Fils de Dieu incarné est le médiateur de Dieu et des hommes, que voulons-nous dire ?

— Nous voulons dire qu’en raison de la nature humaine qu’il s’est unie hypostatiquement, le Fils de Dieu incarné se trouve au milieu, entre Dieu, dont il est distant par cette nature humaine, et les hommes, dont il est distant par l’excellence de sa dignité ou des dons de grâce et de gloire qu’il possède en cette même nature humaine ; et qu’étant ainsi au milieu entre Dieu et les hommes, c’est à lui qu’il appartient en propre de communiquer aux hommes les préceptes et les dons de Dieu, et de se présenter devant Dieu, au nom des hommes, satisfaisant pour eux et intercédant pour eux (q. 26, a. 1, 2).