16. De l’entrée du Fils de Dieu en ce monde lors de son incarnation : sa naissance de la bienheureuse Vierge Marie
— Comment le Fils de Dieu dans son incarnation est-il
venu et a-t-il fait son entrée en ce monde ?
— Le Fils de Dieu, dans son incarnation, est venu et
a fait son entrée en ce monde, en naissant de la glorieuse Vierge Marie, sa
Mère, de laquelle il avait été conçu par l’action toute surnaturelle de l’Esprit-Saint.
— La glorieuse Vierge Marie, que le Fils de Dieu, en
vue de son incarnation, s’était choisie pour Mère, avait-elle été gratifiée
de privilèges spéciaux en raison de cette maternité ?
— Oui ; et le plus merveilleux de tous ces privilèges
fut celui de l’Immaculée Conception (q. 27).
— Qu’entendez-vous par ce privilège de l’Immaculée
Conception ?
— J’entends le fait, qu’eu égard à sa dignité de créature
unique choisie pour être la Mère du Fils de Dieu incarné, la très sainte Vierge
Marie a été, par une grâce unique lui appliquant par avance les mérites de la
rédemption, préservée de la souillure du péché originel qu’elle aurait dû contracter
en raison de sa venue d’Adam pécheur par voie de conception naturelle ;
et que, dès le premier instant de sa création, son âme a été revêtue et ornée
de toute la plénitude des dons surnaturels de la grâce (Pie IX. – Définition
du dogme de l’Immaculée Conception).
— Qu’entendez-vous quand vous dites que le Fils de
Dieu incarné est né de la Vierge Marie ?
— J’entends que la Mère du Fils de Dieu, bien loin
de perdre sa virginité en raison de sa maternité, a vu, au contaire, consacrer
divinement cette virginité par sa maternité, de telle sorte que, vierge avant
la conception du Fils de Dieu, elle est demeurée vierge dans cette conception,
vierge quand elle lui a donné naissance, et vierge à tout jamais après cette
naissance (q. 28, a. 1, 2, 3).
— Ce fut donc d’une manière toute surnaturelle et miraculeuse
que la glorieuse Vierge Marie conçut en elle sous l’action de l’Esprit-Saint
le Fils de Dieu se revêtant de notre nature humaine dans son sein virginal ?
— Oui ; ce fut d’une manière toute surnaturelle
et miraculeuse que la glorieuse Vierge Marie conçut en elle, sous l’action de
l’Esprit-Saint, le Fils de Dieu se revêtant de notre nature humaine dans son
sein virginal ; avec ceci toutefois que dans cette conception la très sainte
Vierge eut toute la part qu’ont les autres mères dans la conception naturelle
de leur enfant (q. 31, a. 5 ; q. 31).
— Fut-ce tout de suite et instantanément que le Fils
de Dieu se trouva ainsi revêtu de notre nature humaine dans le sein virginal
de Marie, avec toutes les prérogatives de grâce que nous avons vu qu’il prit
dans cette nature humaine en se l’unissant hypostatiquement ?
— Oui ; ce fut instantanément et tout de suite,
dès que la Vierge Marie eut prononcé le fiat de son consentement au jour
de l’Annonciation, que se trouvèrent accomplies par l’action toute-puissante
de l’Esprit-Saint, dans son sein virginal, toutes les merveilles qui constituent
le mystère de l’incarnation (q. 33, 34).
— Doit-on dire que dès ce premier moment, le Fils de
Dieu incarné eut, dans sa nature humaine, l’usage du libre arbitre et qu’il
put commencer à mériter ?
— Oui ; dès ce premier moment, le Fils de Dieu
incarné eut, dans sa nature humaine, toutes les splendeurs de science béatifique
et infuse dont nous avons parlé plus haut, jouit pleinement de l’usage du libre
arbitre, et commença à mériter d’un mérite parfait (q. 34, a. 1-3).
— Quand nous disons que le Fils de Dieu est né de la
Vierge Marie, est-ce d’une vraie naissance affectant la personne du Fils de
Dieu que nous parlons ; et comment se distingue-t-elle de la naissance
par laquelle nous disons que le Fils est né du Père ?
— Quand nous disons que le Fils de Dieu est né de la
Vierge Marie, c’est d’une vraie naissance affectant la personne du Fils de Dieu
que nous parlons ; mais cette naissance se dit en raison de la nature humaine ;
tandis que lorsque nous parlons de la naissance du Fils de Dieu par rapport
à son Père, nous parlons de naissance en raison de la nature divine que le Fils
reçoit du Père de toute éternité (q. 35, a. 1, 2).
— En raison de sa naissance de la Vierge Marie, le
Fils de Dieu peut-il être dit Fils de la Vierge Marie et la Vierge Marie peut-elle
être dite sa mère ?
— Absolument ; car tout ce que donne une mère
à l’enfant qui est son fils, tout cela la Vierge Marie l’a donné au Fils de
Dieu (q. 35, a. 3).
— S’ensuit-il que la Vierge Marie soit Mère de Dieu ?
— Sans aucun doute, puisqu’elle est vraiment la mère,
selon la nature humaine prise par lui, du Fils de Dieu, qui est Dieu (q. 35,
a. 4).