2. Convenance, nécessité, harmonie de l’incarnation

— Cette venue du Fils de Dieu sur notre terre, par son incarnation, est-elle en harmonie avec ce que nous savons de Dieu ?

— Oui ; rien ne pouvait être plus en harmonie avec ce que nous savons de Dieu que cette venue du Fils de Dieu sur notre terre par son incarnation. Car nous savons de Dieu qu’il est la bonté même ou le bien souverain. D’autre part, le propre du bien ou de la bonté est de se communiquer. Et Dieu ne pouvait se communiquer à la créature d’une façon plus merveilleuse que par le mystère de son incarnation (q. 1, a. 1).

— Cette incarnation du Fils de Dieu était-elle chose nécessaire ?

— Non ; considérée en elle-même, cette incarnation du Fils de Dieu n’était aucunement nécessaire ; mais, étant donnée la chute du genre humain par le premier péché du premier homme, si Dieu voulait relever le genre humain de la manière la plus parfaite et la plus harmonieuse, et surtout s’il voulait que satisfaction pleine et entière fût donnée pour ce péché, il fallait de toute nécessité qu’un Dieu-homme se chargeât de ce péché et fît réparation (q. 1, a. 2).

— C’est donc en raison du péché de l’homme et pour le réparer, que le Fils de Dieu s’est incarné ?

— Oui, c’est en raison du péché de l’homme et pour le réparer, que le Fils de Dieu s’est incarné (q. 1, a. 3, 4).

— Mais alors pourquoi le Fils de Dieu ne s’est-il pas incarné tout de suite après la chute du premier homme ?

— Parce qu’il fallait que le genre humain prît conscience de sa misère et du besoin qu’il avait d’un Dieu-Sauveur ; et aussi pour que ce Dieu-Sauveur pût être précédé d’une longue suite de prophètes annonçant et préparant sa venue (q. 1, a. 5, 6).

— En quoi consiste cette incarnation du Fils de Dieu considérée en elle-même ?

— Elle consiste en ce que la nature divine et la nature humaine, gardant chacune tout ce qui leur appartient en propre, ont été substantiellement et indissolublement unies dans l’unité d’une seule et même personne divine, qui est la personne du Fils de Dieu (q. 2, a. 1-6).

— Pourquoi est-ce dans la personne du Fils, plutôt que dans celle du Père ou de l’Esprit-Saint, que s’est accomplie l’union de l’incarnation ?

— Parce que les propriétés du Fils, en Dieu, qui a la raison de Verbe, et à qui convient par appropriation tout ce qui se rapporte à la sagesse, par qui Dieu avait créé toutes choses, faisaient qu’il était en particulière harmonie avec le mystère de la restauration du genre humain déchu ; et aussi parce que, venant du Père, il pouvait être envoyé par lui, et, ensuite, à son tour,  nous envoyer son Esprit, comme fruit de sa rédemption (q. 3, a. 8).