20. La sortie de Jésus-Christ de ce monde : sa passion et sa mort ; sa sépulture
— Que comprend cette « sortie de Jésus »
de ce monde, qu’il devait accomplir à Jérusalem ?
— Elle comprend quatre choses : la passion, la
mort, la sépulture et la descente aux enfers (q. 46-52).
— Pourquoi Jésus-Christ a-t-il voulu souffrir tout
ce qu’il a souffert au cours de sa passion devant aboutir jusqu’à la mort sur
la croix ?
— Jésus-Christ a voulu souffrir tout cela, d’abord
pour obéir à son Père qui l’avait ainsi déterminé dans ses conseils éternels ;
et parce que, pleinement instruit de ces divins conseils, il savait que cette
passion devait être le chef-d’œuvre de la sagesse et de l’amour de Dieu, réalisant
par ce moyen le salut du monde de façon à confondre son mortel ennemi, le démon,
et à donner aux hommes le témoignage suprême de son amour (q. 46, a. 1).
— Ce que Jésus-Christ a ainsi souffert au cours de
sa passion dépasse-t-il tout ce qu’il sera jamais possible de trouver comme
somme de souffrance ?
— Oui ; parce que, d’une part, la sensibilité
de Jésus-Christ était la plus parfaite qui fut jamais, soumise à un ensemble
de causes de souffrance qui ne se retrouvera jamais semblable, sans que des
sommets de son âme jouissant de la parfaite vision béatifique, aucun rayon de
consolation descende pour venir adoucir les souffrances de sa partie sensible ;
et que, d’autre part, Jésus-Christ, portant en lui la responsabilité de tous
les péchés du monde qu’il venait effacer par sa passion, a voulu prendre une
somme de souffrance qui fût proportionnée à une telle fin (q. 46, a. 5,
6).
— En quel mode la passion de Jésus-Christ a-t-elle
réalisé l’œuvre de notre salut ?
— La passion de Jésus-Christ, considérée dans son rapport
d’action avec la divinité et selon qu’elle en était l’instrument, a opéré notre
salut par mode de cause efficiente, accomplissant elle-même cette
œuvre de notre salut ; considérée comme acceptée par sa volonté humaine,
elle a réalisé notre salut par mode de mérite ; considérée sous
sa raison propre de passion et de souffrance dans la chair de Jésus-Christ ou
dans sa partie sensible, elle a réalisé l’œuvre de notre salut : par mode
de satisfaction, en tant qu’elle nous a délivrés de l’obligation à la
peine qu’avaient méritée nos péchés ; par mode de rédemption, ou
de rachat, en tant qu’elle nous a délivrés de l’esclavage du péché et du démon ;
par mode de sacrifice, en tant que par elle nous rentrons en grâce auprès
de Dieu, réconciliés avec lui (q. 48, a. 1-4).
— Faut-il dire que d’être rédempteur du genre humain
est le propre de Jésus-Christ ?
— Oui ; car le prix de cette rédemption ou de
ce rachat n’est pas autre que le sang et la vie de Jésus-Christ que lui-même
a offerts à Dieu son Père et à toute l’auguste Trinité, pour que fût brisée
la chaîne qui nous liait au péché et au démon. Toutefois, comme c’est de l’auguste
Trinité que l’humanité du Sauveur tenait son sang et sa vie, et que le mouvement
par lequel le Fils de Dieu incarné se portait, dans son humanité, à offrir ainsi
le prix de notre rédemption venait, dans cette humanité, en première origine,
de la divinité, cause première de tout bien, il s’ensuit que l’œuvre de la rédemption
s’attribue principalement à l’auguste Trinité tout entière comme à la cause
première, bien qu’elle soit le propre du Fils de Dieu comme homme, en tant que
cause immédiate (q. 48, a. 5).
— Est-ce à un titre spécial que la passion de Jésus-Christ
nous a délivrés de l’esclavage du démon en nous arrachant à sa puissance ?
— Oui ; car elle a détruit le péché, par lequel
l’homme cédant à la suggestion du démon, avait mérité de tomber sous sa puissance ;
elle nous a réconciliés avec Dieu que nous avions offensé et dont la justice
avait livré l’homme à la puissance du démon ; enfin, elle a usé le pouvoir
tyrannique du démon, en lui permettant de se livrer sur le Fils de Dieu à l’abus
de pouvoir qu’il a commis, le faisant mettre à mort, alors qu’il était innocent
(q. 49, a. 1-4).
— Doit-on dire que l’effet très spécial de la passion
de Jésus-Christ a été de nous ouvrir la porte du ciel ?
— Oui ; car ce qui fermait pour tout le genre
humain la porte du ciel était le double obstacle des péchés personnels à chaque
homme et du péché de nature commun à tous les hommes, en vertu de leur naissance
d’Adam pécheur. Or, ce double obstacle a été entièrement enlevé par la passion
de Jésus-Christ (q. 49, a. 5).
— Fallait-il que dans sa passion Jésus-Christ allât
jusqu’à mourir comme il l’a fait ?
— Oui ; rien n’était plus en harmonie avec la
sagesse des conseils divins et son amour. Car, de la sorte, nous étions nous-mêmes
libérés de la mort spirituelle du péché et de la mort qui nous est infligée
comme peine du péché. C’est, en effet, en mourant pour nous que Jésus-Christ
a vaincu la mort dans sa personne et qu’il nous a valu de pouvoir en triompher
nous-mêmes, soit en ne la craignant plus, sachant que nous ne mourons pas pour
toujours, soit en nous assurant notre victoire sur elle par notre incorporation
à sa propre mort (q. 50, a. 1).