23. Son ascension ; et son pouvoir d’autorité à la droite du Père

— Où se trouve maintenant le corps de Jésus-Christ ressuscité ?

— Le corps de Jésus-Christ ressuscité se trouve maintenant au ciel, où Jésus-Christ fit son ascension, quarante jours après sa résurrection, en présence de ses disciples, se séparant d’eux sur le mont des Oliviers (q. 57, a. 1).

— Pourquoi et en quel sens dit-on que Jésus-Christ ressuscité est monté au ciel et est assis à la droite du Père ?

— En ce sens qu’il demeure à tout jamais et sans aucun trouble possible dans l’éternel repos de la béatitude du Père à un degré d’excellence tout à fait à part, et qu’il a avec le Père un même pouvoir royal et judiciaire sur toutes choses ; privilège qui appartient à Jésus-Christ absolument en propre (q. 57, 58).

— Pourquoi, et en quel sens, la puissance judiciaire est-elle spécialement attribuée à Jésus-Christ ?

— Parce que Jésus-Christ, comme Dieu, est la sagesse du Père, et que l’acte de juger est, par excellence, un acte de sagesse et de vérité ; mais aussi, parce que, comme homme, Jésus-Christ est une personne divine ; qu’il a, dans sa nature humaine, la dignité de chef de toute l’Église, par conséquent de tous les hommes qui doivent être jugés ; qu’il a, dans toute sa plénitude, la grâce habituelle, qui rend l’homme spirituel et capable de juger ; enfin, qu’il était juste que celui qui a été jugé d’une manière injuste et parce qu’il vengeait les droits de la justice divine, soit lui-même constitué juge selon cette même justice (q. 59, a. 1-4).

— Ce pouvoir suprême de juger qui appartient à Jésus-Christ et qui est la prérogative par excellence de sa royauté, l’exerce-t-il dès maintenant, et toujours, depuis son ascension au ciel et sa prise de possession du trône qui est le sien à la droite du Père ?

— Oui ; et il n’est rien de ce qui se passe dans le monde, depuis le jour de son triomphe, qui ne soit l’effet du gouvernement royal de Notre-Seigneur Jésus-Christ assis à la droite du Père. C’est lui, non seulement comme Dieu et en raison de la Providence et du gouvernement divin, mais encore comme homme et en raison du pouvoir royal qui lui appartient parce qu’il est le Fils de Dieu en personne et parce qu’il l’a conquis par les mérites de sa passion et de sa mort, qui dispose tout, qui ordonne tout et à qui tout est soumis dans la marche de l’univers, qu’il s’agisse des choses humaines dans leur évolution totale, qu’il s’agisse même des créatures inanimées, ou encore du rôle que les anges bons ou mauvais peuvent avoir dans cette marche de l’univers (q. 49, a. 5).

— Ce jugement de tous les jours que Jésus-Christ exerce sur tous et sur tout depuis le jour de son Ascension, est-il sans préjudice du jugement final et suprême qui s’exercera au dernier jour ?

— Oui ; car ce n’est qu’alors que pourra s’exercer dans toute sa plénitude et dans toute sa perfection, le pouvoir suprême qui appartient à Jésus-Christ. Ce n’est qu’alors, en effet, que pourront être appréciées, dans toute leur suite, les actions des créatures soumises au pouvoir royal et judiciaire de Jésus-Christ ; et qu’il pourra être rendu pleinement, à chacun, selon ses mérites (q. 59, a. 5).

— Est-ce d’une même manière que Jésus-Christ exerce son pouvoir d’autorité sur les hommes et sur les anges ?

— Non ; ce n’est pas d’une même manière que Jésus-Christ exerce son pouvoir d’autorité sur les anges et sur les hommes. Car, si les anges, bons ou mauvais, tiennent du Fils de Dieu, selon qu’il est Dieu, la récompense essentielle de la béatitude éternelle ou la peine esentielle de la damnation éternelle, ni les uns ni les autres ne tiennent cette récompense ou cette peine du Fils de Dieu selon qu’il est homme. Tous les hommes, au contraire, ont reçu de lui, selon qu’il est homme, de parvenir à la béatitude éternelle du ciel ; et c’est aussi par le Fils de Dieu, selon qu’il est homme, que sera prononcée, au jugement dernier, la sentence définitive et complète envoyant les damnés aux supplices éternels. Mais les anges, bons ou mauvais, récompensés ou punis depuis le commencement, demeurent soumis à l’autorité souveraine du Fils de Dieu incarné, même selon qu’il est homme, depuis le jour de son incarnation et plus encore depuis le jour de son ascension et de son triomphe. Tout ce qu’ils font pour aider les hommes ou les tenter, demeure subordonné au pouvoir royal et judiciaire de Jésus-Christ ; et les bons anges tiendront de lui, même selon qu’il est homme, le supplément de récompense que méritent leurs bons offices, comme les mauvais anges, le supplément de châtiment dû à leur méchanceté (q. 59, a. 6).