26. De ceux qui peuvent recevoir ce sacrement ; de sa nécessité pour tous

— Est-ce que tous les hommes sont tenus de recevoir le baptême ?

— Oui, tous les hommes sont tenus, de la façon la plus absolue, à recevoir le baptême ; de telle sorte, quand il s’agit des adultes, que, si, pouvant le recevoir, on ne le reçoit pas en effet, il est impossible d’être sauvé. Et cela, parce que c’est par le baptême que nous sommes incorporés à Jésus-Christ : or, depuis le péché d’Adam, nul, parmi les hommes, ne peut être sauvé que s’il est incorporé à Jésus-Christ (q. 68, a. 1, 2).

— Mais ne suffit-il pas de la foi et de la charité pour être incorporé à Jésus-Christ par la grâce, et, par suite, être sauvé ?

— Sans doute ; seulement, la foi ne peut être sincère et la charité ou la grâce ne peut se trouver dans l’âme, si on les sépare, par sa faute, du baptême, qui est le sacrement de la foi, et qui est destiné à produire dans l’âme la première grâce qui nous unit à Jésus-Christ (q. 68, a. 2).

— On peut donc recevoir le baptême quand on est encore dans l’état de péché, qu’il s’agisse du péché originel pour tous, ou même de péchés graves actuels pour les adultes ?

— Oui ; et c’est pour cela que la baptême est appelé sacrement des morts, ne supposant pas déjà la grâce dans l’âme, comme les sacrements des vivants ; mais ayant pour effet propre de l’apporter à ceux qui ne l’ont pas encore. Toutefois, s’il s’agit d’adultes qui auraient commis des péchés mortels, il faut, pour recevoir le baptême avec fruit, qu’ils aient renoncé à l’affection au péché (q. 68, a. 4).

— Faut-il aussi, quand il s’agit des adultes, qu’ils aient l’intention de recevoir le baptême ?

— Assurément ; et, sans cela, le sacrement serait nul (q. 68, a. 7).

— Faut-il encore qu’ils aient la vraie foi ?

— Il le faut pour recevoir la grâce du sacrement, mais non pour recevoir le sacrement lui-même et le caractère qu’il imprime (q. 68, a. 8).

— Et les enfants, qui ne peuvent avoir ni l’intention, ni la foi, peuvent-ils être baptisés ?

— Oui ; ils le peuvent : car ils bénéficient de l’intention et de la foi de l’Église ou de ceux qui, dans l’Église, les présentent au baptême (q. 68, a. 9).

— Peut-on ainsi présenter au baptême, dans l’Église, les enfants en bas âge, ou avant qu’ils aient l’âge de raison, contre la volonté de leurs parents, quand leurs parents sont juifs ou infidèles, et n’appartiennent en rien eux-mêmes à l’Église ?

— Non, on ne le peut pas ; et si on le fait, on pèche ; car on va contre le droit naturel, en vertu duquel l’enfant, jusqu’à ce qu’il puisse disposer de lui-même, est confié, par la nature elle-même, à ses parents. Toutefois, si l’enfant est baptisé, le baptême est valide ; et l’Église a sur cet enfant tous les droits d’ordre surnaturel qui sont la conséquence du baptême (q. 68, a. 10).

— Peut-on, dans un péril de mort, baptiser les enfants qui sont dans le sein de leur mère ?

— Non, même dans un péril de mort, on ne peut pas baptiser les enfants qui sont dans le sein de leur mère ; car jusqu’à ce qu’ils soient venus au jour, ils n’appartiennent pas à la société des hommes, de telle sorte qu’ils soient soumis à leur action pour la réception des sacrements en vue du salut ; et l’on doit, dans ce cas, s’en remettre à Dieu et au privilège de son action, selon qu’il peut lui plaire de l’exercer (q. 68, a. 11, ad 1).

— Les enfants venus au jour et qui meurent sans recevoir le sacrement de baptême, peuvent-ils être sauvés ?

— Non, les enfants venus au jour et qui meurent sans recevoir le sacrement de baptême ne peuvent pas être sauvés : car il n’y a pour eux, selon l’ordre établi par Dieu dans la société des hommes, que ce moyen d’être incorporés à Jésus-Christ et de recevoir sa grâce, sans laquelle il n’y a point de salut parmi les enfants d’Adam  [1] (q. 68, a. 3).

— S’il s’agissait d’adultes qui sont privés de l’usage de la raison, comme sont les idiots ou les fous, pourraient-ils être baptisés ?

— S’ils n’ont jamais eu l’usage de la raison, ils doivent être assimilés à des enfants, et, par suite, peuvent être baptisés comme eux. Mais s’ils ont eu l’usage de la raison, ils ne peuvent être baptisés dans l’état de démence, qu’à condition qu’ils auront manifesté autrefois quelque désir ou quelque volonté de recevoir le baptême (q. 68, a. 12).