31. Du sacrement de l’eucharistie
— Qu’entendez-vous par le sacrement
de l’eucharistie ?
— J’entends le repas mystérieux,
où, sous les espèces ou apparences et accidents du pain et du vin, le corps
de Jésus-Christ est donné à manger, et son sang à boire, après la consécration
qui a rendu Jésus-Christ réellement présent, dans le même état, sous forme sacramentelle,
de victime immolée, qui fut le sien sur le calvaire (q. 73-83).
— Ce sacrement est-il nécessaire
pour le salut ?
— Oui ; car il signifie
et réalise l’unité de l’Église, corps mystique de Jésus-Christ, à laquelle doit
nécessairement appartenir quiconque doit être sauvé. Toutefois, ce fruit du
sacrement de l’eucharistie peut être aperçu du simple fait qu’un sujet donné
est dans l’intention de recevoir le sacrement, qu’il ait lui-même personnellement
cette intention, ou que l’Église la lui communique par la réception du sacrement
de baptême, ainsi qu’il arrive pour les enfants (q. 73, a. 3).
— De quels noms s’appelle ce
sacrement ?
— Eu égard à la passion de
Jésus-Christ réalisée autrefois sur le calvaire, qui fut le sacrifice par excellence,
et dont ce sacrement est le mémorial, on l’appelle du nom de sacrifice.
Eu égard à l’unité de l’Église, corps mystique de Jésus-Christ, qu’il réalise
présentement, on l’appelle du nom de communion. Eu égard à la gloire
du bonheur futur qu’il préfigure, on l’appelle du nom de viatique. Et
on l’appelle purement et simplement du nom d’eucharistie ou de bonne
grâce, parce qu’il contient Jésus-Christ lui-même, qui est l’auteur de toute
grâce sur la terre et au ciel (q. 73, a. 4).
— Quand est-ce que ce sacrement
a été institué ?
— Ce sacrement a été institué
le soir du Jeudi Saint, à la veille de la passion, pour dédommager et consoler
les hommes du départ de Jésus-Christ, qui ne devait plus vivre de notre vie
de la terre après la passion ; pour marquer le rapport de ce sacrement
à la passion de Jésus-Christ, source unique de notre salut ; pour qu’en
raison de ces circonstances si émouvantes, le culte de ce sacrement fût toujours
exceptionnellement vivant parmi les hommes (q. 73, a. 5).
— Ce sacrement avait-il été
spécialement figuré dans l’ancienne loi ?
— Oui ; car sous sa raison
de pur signe extérieur, il avait été figuré par le pain et le vin qu’offrait
Melchisédech. Sous sa raison de sacrement contenant le vrai corps de Jésus-Christ
immolé, il avait été figuré par tous les sacrifices de l’ancien Testament,
et surtout par le sacrifice d’expiation, qui était le plus solennel. Et sous
sa raison d’aliment spirituel nourrissant nos âmes du pain le plus suave, il
avait été figuré par la manne, qui avait en elle toute saveur et toute suavité.
Mais, sous toutes ces raisons ensemble, il avait été figuré, à un titre exceptionnel,
par l’agneau pascal, que l’on mangeait avec du pain azyme, après qu’il avait
été immolé, et dont le sang détournait l’ange exterminateur (q. 73, a. 6).