34. La réception du sacrement de l’eucharistie
— Y a-t-il plusieurs manières
de recevoir le sacrement de l’eucharistie ?
— Oui, on peut le recevoir
spirituellement ou ne le recevoir que sacramentellement (q. 80, a. 1).
— Quelle différence y a-t-il
entre ces deux manières de recevoir le sacrement de l’eucharistie ?
— Il y a cette différence,
que ceux qui ne reçoivent que sacramentellement le sacrement de l’eucharistie
n’en perçoivent pas les effets ; tandis que ceux qui le reçoivent spirituellement
en perçoivent les effets
[2]
, soit en raison du désir qui
les y ordonne, et c’est ce qu’on appelle proprement la communion spirituelle,
soit en raison de la réception même du sacrement, laquelle porte toujours avec
elle une plénitude d’effet que n’a pas le seul désir (q. 80, a. 1).
— N’y a-t-il que l’homme sur
cette terre qui puisse recevoir spirituellement le sacrement de l’eucharistie ?
— Oui, il n’y a que l’homme
sur cette terre qui puisse recevoir spirituellement le sacrement de l’eucharistie ;
parce qu’il n’y a que les hommes vivant sur cette terre qui puissent croire
à Jésus-Christ avec le désir de le recevoir selon qu’il est dans ce sacrement
(q. 80, a. 2).
— Ce sacrement peut-il être
reçu sacramentellement, même par les pécheurs ?
— Oui, les pécheurs qui ont
la foi ou tout au moins la connaissance de ce qu’est le sacrement de l’eucharistie
dans l’Église catholique, peuvent recevoir sacramentellement ce sacrement, s’ils
s’en approchent d’une manière consciente, quelque faute d’ailleurs qu’ils puissent
avoir sur leur conscience (q. 80, a. 3).
— Le pécheur qui reçoit ce
sacrement avec la conscience de son indignité commet-il une faute en recevant
sacramentellement l’eucharistie ?
— Oui ; il commet un sacrilège :
parce qu’en recevant ce sacrement qui contient Jésus-Christ lui-même et qui
signifie l’unité du corps mystique de Jésus-Christ qui n’existe que par la foi
et la charité, alors que lui-même n’a pas la charité qui unit à Jésus-Christ
et à ses membres, il fait injure au sacrement et le viole, établissant un désaccord
entre lui et le sacrement dont il fausse la signification (q. 80, a. 4).
— Ce péché est-il particulièrement
grave ?
— Oui, ce péché est particulièrement
grave, parce qu’il fait injure à l’humanité sainte de Jésus-Christ dans son
sacrement d’amour (q. 80, a. 5).
— Est-il aussi grave que le
serait celui de la profanation extérieure de ce sacrement ?
— Non ; car ce dernier
péché implique l’intention formelle de faire injure à Jésus-Christ dans son
sacrement, et ceci constitue un péché de beaucoup plus grave (q. 80, a. 5,
ad 3).
— Que faut-il pour recevoir,
comme il convient, sacramentellement, le sacrement de l’eucharistie ?
— Il faut d’abord l’usage de
la raison ; et, ensuite, avec l’état de grâce, le désir de recueillir les
fruits de vie attachés à la réception sacramentelle de ce sacrement (q. 80,
a. 9, 10).
— Peut-on se dispenser totalement
de recevoir sacramentellement le sacrement de l’eucharistie ?
— Non, à moins d’impossibilité
de le recevoir ; et cela, parce que nul ne peut être sauvé s’il n’a la
grâce de ce sacrement ; or, il ne peut avoir la grâce de ce sacrement que
s’il a au moins le désir de le recevoir sacramentellement quand pourra se présenter
l’occasion (q. 80, a. 11).
— Y a-t-il des époques ou des
moments déterminés par l’Église où l’on soit tenu de recevoir sacramentellement
le sacrement de l’eucharistie ?
— Oui ; et ces époques
ou ces moments sont : pour tout homme, dès qu’il parvient à l’âge de raison
et qu’il est suffisamment instruit de la nature de ce sacrement ; au cours
de la vie, chaque année, une fois, durant le temps pascal ; et, enfin,
quand on est en péril de mort, où l’on doit recevoir ce sacrement en forme de
viatique (Code, can. 854, 859, 864).
— Peut-on recevoir fréquemment
et même tous les jours, sacramentellement, le sacrement de l’eucharistie ?
— Oui, on le peut ; et
c’est même chose souverainement excellente, pourvu seulement qu’on soit dans
les conditions marquées pour le recevoir comme il convient (q. 80, a. 10).
— Est-on tenu de recevoir sacramentellement
le sacrement de l’eucharistie sous l’une et l’autre espèce du pain et du vin ?
— Il n’y a que les prêtres
à l’autel, dans la célébration du sacrement de l’eucharistie, qui soient tenus
de recevoir sacramentellement ce sacrement sous les deux espèces du pain et
du vin. Quant aux fidèles, ils doivent se conformer là-dessus à ce que l’Église
détermine ; et, en fait, dans l’Église latine, on ne reçoit l’eucharistie
que sous l’espèce du pain (q. 80, a. 12).
— Quel est le moment le plus
opportun, en temps ordinaire et selon qu’il est possible, pour recevoir sacramentellement
le sacrement de l’eucharistie ?
— Ce moment est celui de la
célébration même du sacrement, quand le prêtre est à l’autel et vient de le
recevoir lui-même ; parce que c’est le moment le plus en harmonie avec
l’état de Jésus-Christ immolé sacramentellement dans cette célébration du sacrement
de l’eucharistie, auquel nous participons en le recevant sacramentellement.
— Dans quelle disposition de
corps faut-il être pour recevoir sacramentellement le sacrement de l’eucharistie ?
— Il faut être à jeun depuis
minuit
[3]
(q. 80, a. 12).
— Ne peut-on jamais recevoir
sacramentellement le sacrement de l’eucharistie sans être à jeun ?
— On le pourrait, même au cours
de la vie, s’il y avait nécessité d’empêcher quelque irrévérence à l’endroit
du sacrement. Hors ce cas, on ne le peut qu’en danger de mort et quand on le
reçoit en forme de viatique. Toutefois, l’Église a déterminé que pour les malades
qui gardent le lit depuis déjà un mois et pour lesquels il n’y a pas d’espoir
certain qu’ils se rétablissent bientôt, sur le conseil prudent du confesseur,
la sainte eucharistie peut leur être apportée une fois ou deux dans la semaine,
quand bien même ils auraient pris auparavant quelque remède, ou quelque aliment,
par mode de boisson (Code, can. 858).