37. Le sacrement de pénitence : sa nature ; vertu qu’il implique
—
Qu’entendez-vous par le sacrement de pénitence ?
— J’entends celui des sept
rites sacrés que Jésus-Christ a institué pour rendre aux hommes la vie de sa
grâce qu’il leur avait donnée par le baptême, en leur communiquant à nouveau
le fruit de sa passion, quand ils ont eu le malheur de la perdre par le péché
(q. 84, a. 1).
—
En quoi consiste le sacrement de pénitence ?
— Le sacrement de pénitence
consiste en des actes et des paroles qui montrent, d’une part, que le pécheur
a laissé le péché, et, d’autre part, que Dieu remet ce péché par le ministère
du prêtre (q. 84, a. 2, 3).
—
Ce sacrement est-il chose particulièrement précieuse pour l’homme et dont l’homme
doive avoir une reconnaissance spéciale à Jésus-Christ qui l’a institué ?
— Oui, certes ; car étant
donné la fragilité de notre nature déchue, même après avoir, par la grâce du
baptême, recouvré la vie surnaturelle, il demeurait possible à l’homme de la
perdre ; et si Jésus-Christ n’avait pas institué le sacrement de pénitence,
l’homme tombé n’aurait eu aucun moyen extérieur sacramentel de se relever. Aussi
bien appelle-t-on ce sacrement la seconde planche de salut après le naufrage
(q. 84, a. 6).
—
Et si l’homme tombe encore après avoir reçu ce sacrement, peut-il y recourir
de nouveau pour se relever ?
— Oui ; car Jésus-Christ,
dans son infinie miséricorde à l’endroit du pécheur et de sa misère, n’a voulu
mettre aucune limite au nombre de fois dont on peut recevoir ce sacrement, qui
porte toujours avec lui son fruit de rémission et de pardon, à la seule condition
que l’homme soit loyal avec lui-même et véritablement repentant (q. 84,
a. 10).
—
Est-ce qu’il y a une vertu spéciale qui corresponde à ce sacrement et dont l’acte
s’impose quand on reçoit le sacrement lui-même ?
— Oui, c’est la vertu de pénitence
(q. 85).
—
En quoi consiste la vertu de pénitence ?
— La vertu de pénitence est
une qualité d’ordre surnaturel qui porte la volonté de l’homme, quand il a eu
le malheur d’offenser Dieu, à réparer cette offense, en s’employant lui-même,
spontanément et de son plein gré, à satisfaire à la justice de Dieu pour obtenir
de lui son pardon (q. 85, a. 1, 5).
—
Cette vertu de pénitence est-elle isolée dans son acte, ou suppose-t-elle, au
contraire, quand elle agit, le concours des autres vertus ?
— La vertu de pénitence a ceci
de très spécial, qu’elle implique, lorsqu’elle agit, le concours de toutes les
autres vertus. Elle implique, en effet, la foi à la passion de Jésus-Christ,
qui est la cause de la rémission des péchés ; elle implique aussi l’espérance
du pardon et la haine des vices ou des péchés en tant qu’ils s’opposent à l’amour
de Dieu, ce qui suppose la charité. Étant elle-même une vertu morale, elle suppose
la vertu de prudence, qui a pour rôle de diriger les vertus morales dans leurs
actes. D’autre part, comme espèce de la vertu de justice, qui a pour objet d’obtenir
le pardon de Dieu offensé en compensant l’offense par une satisfaction volontaire,
elle utilise la tempérance quand elle s’abstient de ce qui plaît, et la force
quand elle s’impose des choses dures et difficiles ou qu’elle les supporte (q. 85,
a. 3, ad 4).
—
A quoi vise la vertu de pénitence dans son acte de juste compensation ?
— Elle vise à apaiser le souverain
Seigneur et maître justement irrité ; à rentrer en grâce auprès du meilleur
des Pères gravement offensé ; à reconquérir le plus divin des Époux odieusement
trompé (q. 85, a. 3).
—
L’acte de la vertu de pénitence est donc quelque chose de bien grand et qu’on
ne saurait trop renouveler, quand on a eu le malheur d’offenser Dieu ?
— L’acte de la vertu de pénitence
devrait en quelque sorte être ininterrompu en ce qui est surtout de la douleur
intérieure d’avoir offensé Dieu ; et, pour ce qui est des actes extérieurs
satisfactoires, s’il est vrai qu’il y a une mesure au-delà de laquelle on n’est
plus tenu de satisfaire, comme nous pouvons toujours craindre que notre satisfaction
soit imparfaite, nous avons tout intérêt à ne nous tenir jamais pour entièrement
quittes envers Dieu, afin que nous le soyons plus sûrement quand nous aurons
à paraître devant lui ; avec ceci encore qu’en pratiquant la vertu de pénitence,
nous pratiquons excellemment l’acte de toutes les vertus chrétiennes (q. 84,
a. 8, 9).