5. La plénitude de la grâce qui fut dans la nature humaine du Fils de Dieu incarné
— Devenons-nous dire
que, dans la nature humaine que le Fils de Dieu s’est unie dans sa propre personne,
la grâce s’est trouvée selon toute sa plénitude ?
— Oui, dans la nature humaine que le Fils de Dieu s’est
unie dans sa propre personne, la grâce s’est trouvée dans toute sa plénitude :
en ce sens qu’il n’est rien qui se rapporte à l’ordre de la grâce qui ne s’y
soit trouvé ; et que tout cela s’y est trouvé au plus haut degré qui fût
possible, dans l’ordre actuel de la grâce (q. 7, a. 9).
— Cette plénitude
de grâce est-elle tout à fait propre à la nature humaine dans la personne du
Fils de Dieu ?
— Oui ; elle lui est tout à fait propre :
car elle vient de la proximité de cette nature à la nature divine, source de
la grâce, dans la même personne du Fils de Dieu, et du rôle que devait avoir
le Fils de Dieu vivant dans cette nature humaine, rôle qui consisterait à répandre
lui-même, en tous les hommes, le trop-plein de la grâce existant en lui (q. 7,
a. 10).
— Pouvons-nous dire
que la grâce conférée à la nature humaine unie au Fils de Dieu dans sa propre
personne, fut une grâce infinie ?
— Oui ; on peut le dire en un certain sens. Car
s’il s’agit de la grâce d’union, elle est infinie au sens pur et simple, n’étant
pas autre chose que le fait, pour cette nature humaine, d’être unie à la nature
divine elle-même dans l’unique personne du Fils de Dieu. Et s’il s’agit de la
grâce habituelle avec tout ce qui l’accompagne, elle n’a pas de limite dans
l’ordre actuel de la grâce, ou par rapport à tous les autres qui la participent,
bien qu’en elle-même elle soit quelque chose de créé, et, par suite, quelque
chose de fini (q. 7, a. 11).
— Cette grâce, ainsi
entendue, peut-elle être augmentée dans la nature humaine que le Fils de Dieu
s’est unie dans sa propre personne ?
— Cette grâce pourrait être augmentée, à ne considérer
que la puissance de Dieu qui est infinie ; mais, à considérer l’ordre actuel
de la grâce tel que Dieu l’a établi, cette grâce ne peut pas être augmentée
(q. 7, a. 12).
— Quels sont les rapports
de cette grâce à la grâce d’union ?
— Cette grâce, dans la nature humaine que le Fils de
Dieu s’est unie dans sa propre personne, est une suite de la grâce d’union,
et se proportionne à cette grâce d’union (q. 7, a. 13).
— De quel nom s’appelle
la grâce d’union, cause et principe de toute autre grâce dans la nature humaine
que le Fils de Dieu s’est unie dans sa propre personne ?
— On l’appelle grâce d’union hypostatique, d’un
mot grec, qui signifie personne, car elle est, nous l’avons dit, le fait
unique et incompréhensible pour nous, dû à l’action gratuite de la personne
du Fils de Dieu, de concert avec le Père et l’Esprit-Saint, amenant, pour cette
nature humaine qu’il s’est unie ainsi, cet excès de dignité et d’honneur qu’elle
est unie immédiatement à la nature divine dans la même et unique Personne du
Fils de Dieu.