52. Le supplice éternel
— La sentence du souverain
juge à l’endroit des damnés sera-t-elle exécutée par l’entremise des démons ?
— Oui ; à peine la sentence
du souverain juge sera-t-elle prononcée, que, par la vertu même de cette sentence,
les damnés seront abandonnés à l’action des démons, qui leur étant supérieurs
par nature, et s’étant fait obéir d’eux, pour le mal, sur la terre, continueront,
pendant toute l’éternité, à exercer sur eux, comme juste châtiment, l’affreux
empire de leur méchanceté (q. 89, a. 4).
— Le fait d’avoir retrouvé
leur corps et d’être désormais en enfer avec leur corps et leur âme, sera-t-il
pour les damnés une nouvelle cause de tourments ?
— Oui ; assurément, car
désormais, ils souffriront, non seulement dans leur âme, comme auparavant, mais
aussi dans leur corps (q. 97).
— Cette torture qu’ils subiront
dans leur corps sera-t-elle universelle et intense ?
— Oui ; car il ne sera
rien, dans le lieu de tourment où ils seront, qui ne soit pour eux, dans la
perception même de leurs sens, une cause d’atroce torture. Toutefois, ces tortures
ne seront point les mêmes pour tous ; parce qu’elles seront porportionnées
au nombre et à la gravité des fautes commises par chacun (q. 97, a. 1 ;
a. 5, ad 3).
— N’y aura-t-il jamais aucun
adoucissement à ces tortures des damnés ?
— Non, il n’y aura jamais aucun
adoucissement à ces tortures des damnés ; parce que leur volonté étant
obstinée dans le mal, ils se trouveront toujours dans le même état de perversité
qui aura fixé leur sort au moment de leur mort et du jugement (q. 98, a. 1,
2 ; q. 99, a. 1).
— Cette volonté des damnés
obstinés dans le mal, impliquera-t-elle une haine universelle de tous et de
tout ?
— Oui, cette volonté des damnés,
obstinés dans le mal, impliquera une haine universelle de tous et de tout :
de telle sorte qu’ils ne penseront à rien, ni à personne, qu’il s’agisse des
créatures, ou qu’il s’agisse de Dieu, sans éprouver aussitôt une haine affreuse
qui leur fera souhaiter le mal de tous et de tout, au point que, s’il se pouvait,
ils voudraient voir Dieu lui-même et tous ses bienheureux, dans l’enfer où ils
se trouvent, et que, dans la rage de leur désespoir, ils n’auront d’autre ressource
que d’aspirer à se voir anéantir, sans que d’ailleurs ils puissent jamais espérer
que le néant leur réponde, sachant, à n’en pouvoir douter, qu’ils sont pour
jamais chargés de la malédiction divine et condamnés sans possibilité de rémission,
au supplice éternel (q. 98, a. 3, 4, 5).