7. La science prise par le Fils de Dieu dans la nature humaine qu’il s’est unie : science béatifique ; science infuse ; science expérimentale
— Outre la grâce dont
nous avons parlé et qui est propre à la nature humaine que le Fils de Dieu s’est
unie dans sa propre personne, n’y a-t-il pas encore d’autres prérogatives qui
sont l’apanage de cette nature ?
— Oui ; et ce sont d’abord les prérogatives qui
ont trait à la science (III, q. 9-12).
— Quelle sorte de
science fut prise par le Fils de Dieu incarné dans la nature humaine qu’il s’unissait
de l’union hypostatique ?
— Trois sortes de sciences furent prises par le Fils
de Dieu incarné dans la nature humaine qu’il s’unissait hypostatiquement ;
savoir : la science, qui fait les bienheureux dans le ciel, par la vision
de l’essence divine ; la science infuse ou innée, qui donne à l’âme, d’un
seul coup, et par une effusion directe du Verbe, toutes les notions ou toutes
les idées qui la mettent à même de tout connaître par mode de science connaturelle ;
enfin, la science expérimentale, ou acquise, qui est due au jeu normal et ordinaire
de nos facultés humaines puisant dans le monde extérieur à l’aide des sens (q. 9,
a. 2, 3, 4).
— La science qui fait
les bienheureux dans le ciel par la vision de l’essence divine, fut-elle prise
par le Fils de Dieu incarné dans la nature humaine qu’il s’unissait hypostatiquement,
avec un degré particulier de perfection ?
— Oui ; elle fut prise avec un degré de perfection
qui dépasse, sans proportion aucune, celle de tous les autres esprits bienheureux,
anges et hommes, à quelque degré de perfection qu’ils soient élevés dans cette
science ; et, dès le premier instant, le Fils de Dieu incarné, put voir,
par sa nature humaine, dans le Verbe divin qu’il était lui-même, tout et tout,
de telle sorte qu’il n’est rien, de quelque manière que cela soit dans le présent,
ou ait été dans le passé, ou doive être un jour dans l’avenir, qu’il s’agisse
d’actions, de paroles, de pensées, se rapportant à n’importe qui et dans n’importe
quel temps, que le Fils de Dieu incarné n’ait connu, dès le premier instant
de son incarnation, par la nature humaine qu’il s’était unie hypostatiquement,
dans le Verbe divin qu’il était lui-même (q. 10, a. 2-4).
— Et la science infuse
ou innée, fut-elle prise par le Fils de Dieu incarné, dans la nature humaine
qu’il s’unissait hypostatiquement, avec un degré particulier de perfection ?
— Oui ; car il connaît, par sa nature humaine,
dans l’ordre de cette science, tout ce à quoi peut arriver l’intelligence humaine
en utilisant la lumière native qui est en elle, et tout ce que la révélation
divine peut faire connaître à une intelligence humaine ou créée, qu’il s’agisse
de ce qui touche au don de sagesse, ou au don de prophétie, ou à n’importe quel
autre don de l’Esprit-Saint, dans un degré de perfection et d’abondance absolument
transcendant, non seulement par rapport à tous les autres hommes, mais même
par rapport à la science des esprits angéliques (q. 11, a. 1, 3, 4).
— Et la science acquise
qui fut dans l’âme humaine du Fils de Dieu incarné, selon quelles conditions
s’y trouva-t-elle ?
— Elle s’y trouva de telle sorte que, par elle, il
connut tout ce à quoi l’intelligence humaine peut parvenir en travaillant sur
les données des sens ; qu’un certain progrès dans la science fut possible
pour lui, à mesure que son entendement humain avait l’occasion de s’exercer
en travaillant sur de nouvelles données des sens ; mais que cependant il
n’eut jamais rien à apprendre d’aucun maître humain, ayant toujours déjà acquis
par lui-même, au contact des œuvres de Dieu, ce qu’un maître humain eût été
à même d’enseigner, pour lui, à mesure que sa vie progressait (q. 12, a. 1-3).
— Doit-on dire aussi
qu’en aucune manière le Fils de Dieu incarné n’eut jamais rien à recevoir des
anges, en fait de science, dans sa nature humaine ?
— Non, jamais en aucune manière, le Fils de Dieu incarné
n’eut rien à recevoir des anges, en fait de science, dans sa nature humaine ;
mais tout ce qu’il eut, comme science, lui vint, dans sa nature humaine, ou
immédiatement du Verbe qu’il était personnellement, ou de la lumière naturelle
de l’entendement propre à la nature humaine, en travaillant selon qu’il a été
dit, sur les données immédiates des sens ; car tout autre mode de recevoir
eût été indigne de lui (q. 12, a. 4).