9. Défectuosités prises par le Fils de Dieu dans la nature humaine qu’il s’est unie hypostatiquement : du côté du corps ; du côté de l’âme
— Était-il à propos
qu’à côté de ces prérogatives de grâce, de science ou de puissance, le Fils
de Dieu incarné prît aussi, dans la nature humaine qu’il s’unissait hypostatiquement,
certaines défectuosités affectant son corps et son âme ?
— Oui ; cela était nécessaire en vue de la fin
de l’incarnation, qui était que, par elle, le Fils de Dieu pût satisfaire pour
nos péchés ; apparaître sur cette terre comme l’un de nous, laissant ainsi
à la foi tout son mérite ; enfin nous servir d’exemple, par la pratique
des plus hautes vertus de patience et d’immolation (q. 14, 15).
— Quelles furent les
défectuosités du corps que le Fils de Dieu incarné dut prendre dans la nature
humaine qu’il s’unissait hypostatiquement ?
— Ce furent les défectuosités ou les misères et infirmités
qui sont, dans toute la nature humaine, la suite et l’effet du premier péché
du premier homme ; telles que la faim, la soif, la mort et autres choses
de ce genre ; mais non les infirmités ou défauts qui sont la suite des
péchés personnels ou d’hérédité, ou encore l’effet d’une mauvaise conception
(q. 14, a. 1).
— Le corps du Fils
de Dieu incarné fut-il donc, en deçà des défectuosités qui ont été dites, d’une
souveraine perfection et d’une souveraine beauté ?
— Oui ; le corps du Fils de Dieu incarné fut,
en deçà des défectuosités qui ont été dites, d’une souveraine perfection et
d’une souveraine beauté, car cela convenait à la dignité du Verbe de Dieu uni
hypostatiquement à ce corps et à l’action de l’Esprit-Saint par qui ce corps
fut formé directement dans le sein de la Vierge Marie, comme nous le dirons
bientôt.
— Et, du côté de l’âme,
quelles furent les défectuosités prises par le Fils de Dieu incarné dans la
nature humaine qu’il s’unissait hypostatiquement ?
— Ce furent : d’abord, la possibilité de sentir
la douleur causée par ce qui affecte péniblement le corps, notamment par les
lésions corporelles telles qu’il devait les souffrir au cours de sa passion ;
ensuite les mouvements intérieurs d’ordre affectif sensible, ou encore les mouvements
d’ordre affectif intellectuel qui supposent un mal présent ou qui menace, tels
que les mouvements de tristesse, de crainte, de colère ; avec ceci pourtant
que de tels mouvements dans l’âme humaine du Fils de Dieu incarné, n’avaient
jamais rien qui ne fût de tout point en parfaite harmonie avec la raison, à
laquelle ils demeuraient en tout complètement soumis (q. 15, a. 1-9).
— Peut-on dire du
Fils de Dieu incarné, qu’il fut, en raison de la nature humaine qu’il s’était
unie hypostatiquement, pendant qu’il vivait sur notre terre, tout ensemble au
terme et dans la voie de la béatitude ?
— Oui ; car, pour ce qui est propre à l’âme dans
la béatitude, il jouissait pleinement de cette béatitude par la vision de l’essence
divine ; et, pour ce qui est du rejaillissement de la béatitude de l’âme
dans la partie sensible et dans le corps, par une sorte de suspension miraculeuse,
en vue de notre rédemption, il ne devait en jouir qu’après sa résurrection et
son ascension, l’attendant, au cours de sa vie mortelle, comme une récompense
qu’il devait mériter et conquérir (q. 15, a. 10).