L’encyclique :
Ecclesia de Eucharistia
vivit
On se souvient en effet que le 16 avril 2003, voilà
maintenant plus d’un an, le Pape Jean-Paul II publiait une encyclique appelée
« Ecclesia de Eucharistia
vivit », des premiers mots du document.
La publication de cette « instruction » est
l’occasion pour nous de relire cette encyclique, d’en revoir les
commentaires. Je l’avais commentée dès
sa publication. J’en redonne ici le texte sans en rien changer. Je rappelle
également l’interview que Mgr Fellay, supérieur
général de la FSSPX, donnait au journal italien « Il Gionale »dès
la parution de l’Encyclique.
A - Une lecture de la nouvelle Encyclique du
pape Jean-Paul II
Sur
la Sainte Eucharistie
« Ecclesia de Eucharistia »
Cette encyclique est intéressante,
même très intéressante. Elle est même peur-être un acte historique. Elle va, s’il n’est pas de ma
part outrecuidant de le dire, dans le bon sens. Comme va dans le bon sens aussi
la célébration - et son annonce urbi et
orbi – de la messe de Saint Pie V, à Sainte Marie Majeure, par le cardinal Castrillon Hoyos , le 24 mai
prochain, dans une basilique romaine,
sur un autel papal. Comme va également dans le bon sens, le dernier document de
la Congrégation du clergé sur le prêtre et la paroisse signé par le même
cardinal et publié le 4aout 2002.
N’y aurait-il pas – aujourd’hui – un
désir de restauration dans la Sainte Eglise ? Nous le croyons.
Cette Encyclique est bonne même si on
peut regretter certains points, comme par exemple – cette différence de style,
de ton trop évident qui nuit à l’unité du texte et à son exposé.
Mais laissons les critiques –
toujours possibles d’un texte – pour nous attacher à l’essentiel du document.
L’Encyclique
est un rappel doctrinal sur le mystère de la Sainte Eucharistie.
Il n’y a rien là - -de bien extraordinaire…Tout de
même !
Certes ! Mais l’intéressant de
ce document c’est qu’il me paraît être un rappel doctrinal pour corriger les
insuffisances notables de la réforme liturgique issue du Concile Vatican II,
pour corriger les ambiguïtés du texte de « l’Institutio
generalis » publié par la Constitution « Missale Romanum » signé par
le pape Paul VI le 3 avril 1969.
Ces ambiguïtés peuvent se résumer à
trois comme à trois vérités se résume la doctrine catholique sur la Sainte
Eucharistie :
-
-
un sacrifice, une victime (la présence réelle), un prêtre.
« La réforme
liturgique post-conciliaire »
-
-
Le sacrifice
La réforme liturgique – et j’englobe
dans ce terme et le texte doctrinal « Institutio
generalis » qui a présidé à cette réforme et le
rite proprement dit du nouvel « Ordo Missae »
- n’exprime pas d’une manière claire le mystère sacrificiel de la Sainte
Eucharistie. Il n’est jamais fait allusion même pas une fois – au caractère
propitiatoire du sacrifice eucharistique. Or on sait que l’Eucharistie
est un sacrifice « véritable et authentique » et point
uniquement « une nourriture » (cf le can 1 de la 22ème session du Concile de trente).
On sait également que le sacrifice
eucharistique – la messe – n’est pas un simple sacrifice de louange et d’action
de grâce ni une simple commémoraison du sacrifice accompli à la Croix., mais
bien un vrai sacrifice « propitiatoire » (cf
le can 3 de la 22ème session du Concile de
Trente).
-
-
La présence réelle
L a réforme liturgique n’exprime pas
non plus d’une manière satisfaisante ni claire la doctrine de la présence
« réelle et substantielle » de Notre Seigneur Jésus Christ dans la
Sainte Eucharistie.
En effet la présence substantielle de
N S J C dans l’Eucharistie est assimilée – dans
« l’institutio generalis »- à la
présence de N S J C dans la Sainte Ecriture. C’est induire que la
présence spirituelle de NSJC dans l’Ecriture Sainte
est qualitativement homogène à la présence substantielle de NSJC dan l’Eucharistie. Ce qui est une grave erreur protestante.
On sait également que jamais le mot
de transsubstantiation est utilisé dans « l’Institution
géneralis. » Ce qui est tout à
fait condamnable. Car c’est ce mot qui seul exprime la doctrine catholique de
la conversion substantielle du pain au Corps du Christ, du vin au Sang du
Christ.(cf le chapitre IV de
la 13ème session du Concile de Trente).
Et dés lors, il est impossible de ne
pas remarquer l’abolition ou l’altération des gestes par lesquels s’exprime
spontanément la foi en la présence
réelle.
Le
« N O M » élimine les génuflexions, la purification des doigts
du prêtre, les dorures des vases sacrés, les actions de grâces à genoux
remplacées par un grotesque remerciement du prêtre et des fidèles assis
aboutissement normal de la communion debout. Tout cela n’entrainerait-il
pas une répudiation implicite du dogme de la présence réelle de NSJC dans l’Eucharistie. ?
C’est ce que constate le pape. Ce
qu’il veut corriger.
-
-
Le Sacerdoce Ministériel
Enfin la réforme liturgique n’exprime
pas non plus clairement le rôle du prêtre à l’autel.
Elle n’en fait qu’un président
d’assemblée agissant au nom de l’assemblée des fidèles et non plus
spécifiquement au nom de NSJC – in persona Christi.
C’est la définition du fameux article
7. Et c’est pourquoi « la prière eucharistique » - c’est à dire le canon de la messe – est définie par ce document « l’Institutio
généralis « »comme une « prière présidentielle ». Ce qui est faux.
(n10 n12). Car à l’autel comme à la Croix, c’est le même sacrifice, c’est la
même victime, NSJC, c’est le même
prêtre, toujours NSJC et les ministres qui l’offrent –représentant « le
grand prêtre » n’agissent qu’en son nom – in persona Christi.
On ne peut entretenir aucun doute sur
ce point.
Or précisément le pape constate
aujourd’hui des « ombres » - c’est son terme – au sujet de la Sainte
Eucharistie comme suite à la ‘réforme liturgique post-conciliaire » (n10)
Certes il y a eu, à l’occasion de
cette réforme, « des bénéfices » parmi lesquels il place « une
participation plus consciente, plus active, plus fructueuse des fidèles au
saint Sacrifice de l’Autel ». Soit. Mais
désolation aussi. Quelle platitude
quelle ennuie ! quelle vide dans la
liturgie actuelle à tel point que les
églises se vident … le pape, du reste , le confesse «
malheureusement – dit-il – à côté de ces lumières, les ombres ne manquent
pas »(‘n10). Il va les énumérer dans ce paragraphe 10. Or ce sont –
précisément celles que l’on constate dans
« l’Institutio généralis »
et que je viens de rappeler.
Il faut en plus faire remarquer que
lorsque le pape cite ces erreurs, les explicite il ne cite que le missel romain
– celui de Pau VI et » « l’institutio
generalis » de Paul VI. Ce sont ces deux documents
qui font l’objet de sa critique tout en étant eux-même
utilisés pour fonder et expliciter sa critique. (cf
le n 11 14 17 18 28). C’est très habile, peut-être très romain.
L’autorité – de toute façon – ne
peut se déjuger… C’est encore trop tot !…
Le
pape constate en effet qu’on a oublié la valeur sacrificielle de l’Eucharistie, transformant l’eucharistie en une simple
réunion conviviale.
« Privé de sa valeur
sacrificielle, dit-il, le mystère eucharistique est vécu comme s’il n’allait
pas au delà du sens et de la valeur d’une rencontre conviviale et
fraternelle » (n 10).
Il veut corriger cela. Il
le dit expressément :
« j’espère
que la présente encyclique pourra contribuer efficacement à dissiper les ombres
sur le plan doctrinal et les manières de faire inacceptable afin que
l’eucharistie continue à resplendir dans toute la magnificence de son
mystère » (n10)
Cette première «
ombre » sera corrigée dans un beau chapitre : le chapitre 1 et même peut on dire dans toute l’encyclique.
Là, le pape rappelle avec force le
caractère sacrificiel de l’eucharistie. Ce sont même les premières lignes du chapitre.
« la
nuit même ou il était livré, le Seigneur Jésus institua le sacrifice
eucharistique de son corps et de son sang… Elle n’en constitue pas seulement
l’évocation, mais encore la re-présentation sacramentelle »(n11). Il est clair que ce texte est une réponse à ceux qui
ne voudraient faire de l’Eucharistie qu’une simple
commémoraison et non une actualisation sacramentelle du mystère rédempteur de
la Croix. « C’est le sacrifice de la croix qui se perpétue au long des
siècles »(n11) de telle sorte que « le
sacrifice du Christ et le sacrifice eucharistique sont, un unique sacrifice… Le même rendant présent
le sacrifice de la cène »(n11) sans
cependant » s’y ajouter ni le multiplier…
la nature sacrificielle du mystère
Eucharistique ne peut donc se comprendre comme quelque chose qui subsiste en
soi, indépendamment de la Croix ou en référence seulement indirect
au« sacrifice du calvaire ».(n12).
Dés lors « en vertu de son
rapport étroit avec le Sacrifice du Golgotha, l’eucharistie est un sacrifice au
Sens Propre ».
Le sacrifice propitiatoire est aussi
affirmé bien qu’on eut pu être plus précis.
Ainsi le pape rappelle que, par ce
don de l’eucharistie, c’est « l’œuvre du
Salut » qui se perpétue (11). Un peu plus loin, le pape
fait encore allusion à « l’œuvre salvifique »
du Christ qui s’accomplit dans l’Eucharistie (n11).
Le pape parle de l’Eucharistie comme « un
mystère de miséricorde » offert « pour le salut de
tous ». Il parlera également de l’Eucharistie
comme « un sacrifice rédempteur » :
« l’Eglise vit continuellement du sacrifice rédempteur » (n12).Il
parlera aussi de la réconciliation
réalisée par le sacrifice du Christ : « l’Eucharistie
étend aux hommes d’aujourd’hui la réconciliation
obtenue une fois pour toutes par le Christ pour l’humanité de tous les
temps »(n12). Par son sang, il a scellé une « Nouvelle et éternelle alliance »
réalisant une « œuvre de sanctification »,
le don d’une vie nouvelle et immortelle.(n12).
Le numéro 14 de ce document pourra faire peu-être l’objet de quelques critiques de la part de nos
prêtres qui ont écrit le livre présenté au Saint Père et au cardinal
Ratzinger : « la réforme liturgique en question ».
« La Pâque du christ comprend
aussi dit, le pape, avec sa passion et sa mort, sa résurrection comme le
rappelle l’exclamation du peuple après la consécration. « Nous célébrons
ta résurrection ». En effet, le sacrifice eucharistique rend présent non
seulement le mystère de la passion et de la mort du Sauveur mais aussi le
mystère de la résurrection dans lequel le sacrifice trouve son
couronnement »(n14).
C’est équivalemment dire que le
sacrifice eucharistique est « le mémorial de la passion et de la
résurrection du Seigneur ». Ce qui n’est pas exact. La messe se réfère
formellement au seul sacrifice qui est en soi rédempteur, la résurrection n’en
étant que le fruit.
Quoi qu’il en soit de cette critique,
et même si il eut été très heureux que le caractère expiatoire du Sacrifice de
la Croix soit davantage explicité par une allusion claire au péché originel
pour lequel le Christ Seigneur est venu satisfaire, à notre place, la justice
du Père pouvant seul accomplir cette
réparation parce qu’ Homme Dieu tout à la fois, il est indéniable que la nature
sacrificielle de l’Eucharistie est rappelée. Rappelée
non seulement dans ce chapitre, mais tout au long de l’encyclique.
En effet on peur constater que le mot
« sacrifice Eucharistique » revient sans cesse. Il serait même
intéressant de compter les fois où l’expression revient. Cette insistance est
très notable… aussi notable qu’était
dans « l’institutio généralis » l’insistance sur la notion du repas.
Sans cesse dans ce texte de
l’institution revient le mot « repas » » cène du
Seigneur », « festin, collation », » table du
Seigneur ». Il est manifeste que les auteurs du Nouvel Ordo Missae ont mis
l’accent de façon obsessionnel sur la Cène et sur la mémoire qui en est faite,
et non pas sur le renouvellement non sanglant du Sacrifice de la Croix (Bref
examen critique).
-
-
C’est ce que le pape veut manifestement corriger. Non point que l’Eucharistie ne soit
pas une nourriture , le pape le rappelle au
numéro 16, l’Eucharistie est un vrai banquet dans
lequel le christ s’offre en nourriture -
mais pour vrai que soit cet aspect de repas, il doit être de toute façon
subordonné à l’aspect sacrificiel.
C’est ce que faisaient remarquer
encore, en son temps les auteurs du Bref Examen Critique :
« Le christ institua le
sacrement pendant la dernière Cène et se mit alors en état de victime pour nous
unir à son état de victime ; c’est
pourquoi cette immolation précède la manducation et renferme pleinement la
valeur rédemptrice qui provient du sacrifice Sanglant ».
Le pape constate également qu’on a
oublié – aujourd’hui – « le rôle irremplaçable du sacerdoce ministériel
« agissant » in persona christ pour réaliser la Sainte Eucharistie,
« le sacrifice eucharistique ».
« La nécessité du sacerdoce
ministériel qui s ‘appuie sur la succession apostolique est parfois
obscurcie » (n10).
Le pape veut corriger cette erreur.
Ce sera l’objet du chapitre III de l’encyclique – son titre est « l’apostolicité
de l’Eucharistie et de l’Eglise ».
Il rappelle que l’Eglise
est « une sainte catholique, apostolique ». Il en est de même
de l’Eucharistie. Et c’est sur l’apostolicité que le
pape veut attirer l’attention de son lecteur.
L’eucharistie est apostolique en ce
sens qu’elle a été confiée, dés l’origine, aux apôtres (n27), qu’elle est
célébrée conformément à la foi des apôtres (n27) et qu’elle dépend toujours
pour être du sacrement de l’ordre,
comme l’Eglise, des apôtres et de leur successeurs
dans le sacerdoce.
Ce fondement posé, le pape distingue
fort le sacerdoce ministériel du sacerdoce « royal » des fidèles. Il
ne cesse de répéter cette différence.
Ces quelques citations suffiront à le
prouver.
« Les fidèles pour leur part en
vertu de leur sacerdoce royal concourent à l’offrande du sacrifice mais c’est
le prêtre ordonné qui célèbre le sacrifice Eucharistique en la personne du
Christ et l’offre à Dieu au nom de tout le peuple »(n28).
C’est le prêtre seul qui récite la
prière eucharistique pendant que le peuple s’y associe dans la foi et en
silence.
Ce point de doctrine – dit-il est
déjà bien enraciné dans l’enseignement pontifical (n19) et de citer en note –
c’est la note 59 – et le pape Pie XII dans son Encyclique mediator
dei », et le pape pie X, dans son encyclique « H Aremp
anumo »du 4 août 1908 et le Pape Pie XI dans son
encyclique «A D C atholici sacerdotei » . du 20 décembre 1935 .
Il y insiste lui même
personnellement :
« Comme j’ai déjà eu l’occasion
de le préciser – in persona Christi – veut dire
davantage que
au nom ou à la place du Christ. In
persona, c’est à dire dans l’identification spécifique, Sacramentel au grand
prêtre de l’Alliance Eternel qui est l’auteur et le
sujet principal de son propre Sacrifice dans lequel il ne peut vraiment être
remplacé par personne » (n28) et le pape de conclure solennellement :
« dans l’économie du salut voulu par le Christ, le ministère des prêtres
qui ont reçu le sacrement de l’ordre manifeste que l’Eucharistie
qu’il célèbre, est un don qui dépasse radicalement le pouvoir de l’assemblée et
qui demeure en toute hypothèse irremplaçable pour relier validement la
consécration Eucharistique au sacrifice de la Croix et à la dernière
Cène » n28 et comme si ce n’était
pas suffisant il ajoute : « pour être véritablement une assemblée
Eucharistique, l’assemblée qui se réunit pour la célébration de l’Eucharistie a absolument besoin d’un prêtre ordonné qui la
préside (ce terme de présidence devrait être abandonné (n d l r). D’autre part,
la communauté n’est pas en mesure de se donner à elle-même son ministre
ordonné.
Celui est un don qu’elle reçoit à
travers la succession épiscopale qui remonte aux apôtres.
C’est l’évêque qui, par le sacrement
de l’ordre constitue un nouveau prêtre, lui conférant le pouvoir de consacrer
l’Eucharistie. C’est pourquoi dans une communauté le
mystère eucharistique ne peut être célébré par personne d’autre qu’un prêtre
ordonné, comme l’a expressément déclaré le 4ème concile de
Latran. »
Et que dit ce Saint
Concile ?
« le
sacrement de( l’eucharistie), personne ne peut le réaliser sinon le prêtre
ordonné dans les règles selon le pouvoir des clés de l’Eglise
que Jésus-Christ lui-même a concédé aux apôtres et à leurs successeurs »
(F C n31)
A cette lumière, il faut très
certainement modifier les articles 10,et12 de « l’institutio generalis ».on ne peut vraiment plus dire que la
prière eucharistique – le canon – est une « prière présidentielle. »
Le mieux serait de les supprimer ou de les oublier et
de modifier le rite à cet endroit… en rappelant par exemple que les paroles de
la Consécration se prononcent à « voix basse » comme le Concile de
Trente le demandait dans son canon 9 de la 22ème session.
Enfin le pape remarque
qu’on oublie aujourd’hui l’aspect sacramentel de l’eucharistie.
« le
caractère sacramentel de l’Eucharistie est réduit à
la seule efficacité de l’annonce » n10).
Le rappel doctrinal du pape sur ce
point fera l’objet de plusieurs chapitres de l’encyclique : des chapitres 1 2 4 et 5
Le chapitre 1.
Nous avons là un beau rappel du dogme
eucharistique – à partir du n 15.
« Dans la messe, la
représentation sacramentelle du sacrifice du Christ couronné par sa
résurrection implique une présence tout à fait spéciale qu’on nomme réelle non à titre exclusif comme si les
autres présences (auxquelles fait allusion « l’Institutio
Generalis » – nous l’avons fait remarquer plus
haut) n’étaient pas réelle mais par autonomase, parce
qu’elle est substantielle et que par elle, le Christ Homme Dieu se rend présent
tout entier ». ‘n15)
C’est bien la reprise de la doctrine
catholique. C’est si vrai que le pape cite les décisions du Concile de Trente
sur ce point. Non pas seulement en note, mais dans le texte même comme pour
confondre définitivement l’erreur.
« Ainsi est proposée de nouveau
la doctrine toujours valable du Concile de Trente » et de citer un passage
du chapitre 4 de la session XI. »
« Par la consécration du pain et
du vin s’opère le changement de toute substance du pain en la substance du
Corps du Christ Notre Seigneur et de toute la substance du vin en la substance
de son Sang, ce changement l’Eglise catholique l’a
justement et exactement appelé transsubstantiation ».
C’est clair !
La correction est faite
La justice est réalisée. La vérité
est rappelée
Et c’est l’essentiel. Nous sommes
prêts à oublier toutes les peines, sanctions, rejet de nos personnes. Seul nous
intéresse la vérité.
Elle est dite et avec force. Cela
nous suffit.
Le Chapitre 2 .
Nous avons là également un beau rappel
de la doctrine catholique sur le « culte rendu à l’eucharistie en dehors
de la Messe ». C’est l’article 25 qui nous fait penser au chapitre 5 de la
session XIII du Concile de Trente sur l’Adoration due
à la très Sainte Eucharistie.
« le
culte rendu à l’Eucharistie en dehors de la messe est
d’une valeur inestimable dans la vie de l’Eglise »
(n25).
Le Chapitre 4,.
Intitulé « l’Eucharistie et la communion
ecclésiale » nous rappellera que la Sainte Eucharistie, qui
suppose pour sa réception et la foi et
l’état de grâce
, doit être célébrée en communion
avec le Pontife Suprême – d’où la nécessité de citer son nom au canon de la
messe – avec l’évêque – même obligation – et les autres communautés de fidèles.
Cette idée exprimée, le pape « fustige » certaines pratiques
œcuméniques.
Le Chapitre 5 ,
Intitulé : « la dignité de la célébration eucharistique »,
permettra au Saint Père de rappeler la dignité dans la célébration
Eucharistique. Parce qu’il y a présence sacramentelle du Christ-Seigneur
dans l’Eucharistie, le prêtre, les fidèles doivent
manifester respect, adoration, « simplicité » et « gravité ».
Le pape s’inspire très joliment de la
scène de Béthanie où Marie Madeleine oint les pieds de N S J C d’un parfum
« d’un grand prix ». Et il écrit :
« Comme la femme de l’onction à
Béthanie, l’Eglise n’a pas craint de
« dépenser » (le traducteur a traduit « gaspiller » - je
n’ai pas le texte latin pour vérifier, mais le mot gaspillé est péjoratif, il
ne convient pas ici) plaçant le meilleur de ses ressources pour exprimer son
admiration et son adoration face au don incommensurable de l’Eucharistie » (n48).
Et le pape, ensuite, de réfuter la
trop grande familiarité avec laquelle on entoure souvent l’eucharistie sous
prétexte qu’il s’agit aussi d’un banquet. Il nous fait penser aux remarques
sévères de St Paul aux Corinthiens.
« Si la logique du banquet
suscite un esprit de famille, l’Eglise n’a jamais
cédé à la tentation de banaliser cette familiarité avec son époux en oubliant
qu’il est aussi son Seigneur et que le banquet demeure toujours un banquet
sacrificiel marqué par le sang versé sur le Golgotha… « o
Sacrum convivium in quo christus sumitur »
(n48).
De là, les expressions d’adoration
intérieure et extérieure nécessaires « destinées à évoquer et à souligner
la grandeur de l’événement célébré » (n49).
De là aussi, la réglementation
liturgique « dans le respect des diverses
traditions ecclésiales légitimement
constituées » (n 49).
Attention ! cette
phrase est importante. Nous le verrons plus bas.
De là le riche patrimoine artistique,
esthétique tant en orient qu’en Occident et ce beau texte sur l’art sacré.
« l’art
sacré doit se caractériser par sa capacité d’exprimer de manière adéquate le
mystère accueilli dans la plénitude de la foi de l’Eglise
et selon les indications pastorales convenables données par l’autorité
compétente. Cela vaut autant pour les arts figuratifs que pour la
musique » (n50).
☼
☼ ☼
Et c’est alors que le pape
– lui-même parle des abus de la réforme liturgique.
Je le cite : « il faut
malheureusement déplorer que surtout à partir des années de la réforme
liturgique post-conciliaire, en raison d’un sens mal compris de la créativité
et de l’adaptation, -( ce ne sont pas les seuls raisons. Les abus s’expliquent
aussi par la réforme liturgique elle-même … qui est elle-même un abus) - les
abus n’ont pas manqué et ils ont été des motifs de souffrances pour beaucoup »…
Merci Très Saint Père… !
« Une certaine réaction « au formalisme »
a poussé quelques uns… à estimer que les formes choisies par la grande tradition liturgique de l’Eglise et par son magistère ne s’imposaient pas et
à introduire des innovations non autorisées et souvent de mauvais goût »
(n52).
C’est dit. Et sous la plume
du pape
Il fallait le dire
Et le pape conclut :
« c’est
pourquoi je me sens le devoir de lancer un vigoureux
appel pour que, dans la célébration eucharistique, les normes liturgiques soient observées avec une grande
fidélité. »n52
- celles qui correspondent à la
grande tradition liturgique de l’Eglise du paragraphe
plus haut -
Qu’on se souvienne en fin – dit le
pape- que « la liturgie n’est jamais la propriété privée de quelqu’un, ni
du célébrant ni de la communauté dans laquelle les mystères sont
célébrés » (n52). Et que « le respect des normes liturgiques
est aussi une manifestation de l’amour du prêtre pour l’Eglise
et de son sens ecclésial,
« l’obéissance
aux normes liturgiques devrait être redécouverte »
(n52).
Un nouveau texte annoncé…
Et c’est alors qu’arrive l’annonce
d’un prochain texte qui aura pour objet le respect dû aux normes liturgiques.
« Précisément pour renforcer ce
sens profond des normes liturgiques, j’ai demandé aux dicastères compétents de
la Curie Romaine de préparer un document plus spécifique, avec des rappels d’ordre
également juridiques sur ce thème de grande importance ».
« Il n’est permis à personne de
sous-évaluer le mystère remis entre nos mains ! il
est trop grand pour que quelqu’un puisse se permettre de le traiter à sa guise,
ne respectant ni son caractère sacré ni sa dimension universelle »(n52).
Après avoir parcouru cette encyclique,
nous constatons que le pape dénonce fermement les abus, les oublis, les
« ombres » qui touchent ce saint mystère de l’Eucharistie
qu’il en fait une très sérieuse critique.
Ce sont celles-là même que, dés le
début de la réforme liturgique, un certain « groupe choisi de théologiens,
de liturgistes et de pasteurs d’âme » (lettre du card
Ottaviani à Paul VI) a présenté respectueusement au
pape Paul VI dans ce petit ouvrage connu sous le nom de « Bref Examen
Critique »
Parcourez-le. Parcourez les articles
du Père Calmel dans Itinéraires, de Monsieur l’abbé
Dulac dans les premiers numéros du « courrier de Rome. »
Parcourez les conférences, les
homélies de Mgr Lefebvre, la lettre de Mgr Castro Mayer à Paul VI, les articles
de Dom Guillou dans « Nouvelles de Chrétienté », les articles de Jean
Madiran, des Charlier, de Mlle Quenette dans
Itinéraires, vous retrouverez les même critiques, celles que présente le
Souverain pontife Jean Paul II dans cette encyclique.
Elles ont enfin trouvé « un
écho (favorable) dans le cœur paternel du Souverain Pontife ».
Mais ce n’est pas tout.
Et c’est là l’aspect très intéressant
de l’Encyclique – Le pape ne veut pas non plus
seulement favoriser un vrai retour au culte eucharistique dans l’Eglise. Il veut surtout procéder à une correction du N O M
qui a engendré – entre autres causes – les erreurs actuelles, les
« ombres » présentes. Il veut corriger pour reconstruire, pour ré-édifier le culte eucharistique moribond dans l’Eglise, reconstruire sur les 3 vérités rappelées dans l’Encyclique :
-
-
L’Eucharistie est un sacrifice, le sacrifice du
Christ aux nobles finalités latreutique,
eucharistique, satisfactoire et impétratoire.
-
-
Ce sacrifice exige une victime qui est NSJC présent substantiellement sous les
espèces transsubstantiées.
-
-
Sacrifice sacramentel, réalisé par la double consécration du pain et du vin,
est acte qui exige le sacerdoce Ministériel.
Ce texte
du pape est finalement un texte qui prépare « la réforme de la réforme
liturgique ». Elle rappelle les grandes vérités qui seront le fondement,
le principe, la lumière du prochain texte annoncée.
Il rappellera les rites liturgiques
qui seront – cette fois -
en véritable « osmose « avec la vérité catholique, la Lex Orandi devant exprimer la Lex Credendi.
Voilà la tache précise qui va faire
l’objet des travaux des préfets des dicastères compétents : à savoir le
cardinal Ratzinger de la Congrégation de la foi, le cardinal Arinze de la Congrégation du culte divin et discipline des
sacrements, le cardinal Castrillon Hoyos de la Congrégation du clergé, Monseigneur Herranz du Conseil pontifical de l’interprétation des
textes législatifs.
Alors nous pouvons raisonnablement
penser que le temps de la fin des abus liturgiques arrive, que c’est le temps
du retour à l’ordre liturgique, une liturgie enfin totalement catholique.
Comment penser qu’il puisse y avoir
une dichotomie entre l’Encyclique et ce texte
annoncé. Mais il faut s’attendre à ce que le démon se déchaîne… Si ce nouveau
texte restaure – de fait- la liturgie catholique, le démon perd son
« atout majeur ».
Espérons que les cardinaux auront le courage
de rappeler – par exemple – comme le demandait instamment Mgr Gamber, dans ses études liturgiques – que le sacrifice
eucharistique se célèbre face à l’Orient. Le cardinal
Ratzinger ne préfaçait-il pas ses ouvrages ?.
Espérons que les cardinaux auront le courage
de rappeler - comme le pape le fait ici
- les actes d’adoration requis pour
honorer comme il convient la Sainte Eucharistie et le Saint Sacrifice de la
Messe.
Espérons qu’ils supprimeront cette communion
dans la main, qu’ils feront de la distribution de la communion, l’acte propre
du Sacerdoce…
Espérons qu’ils nous libérons de cet
offertoire « scandaleux imposé par Mgr Bunigni–
franc-maçon notoire et qu’un offertoire nettement sacrificiel soit retrouvé… et
pourquoi ne pas reprendre les belles prières de l’offertoire
« romain ».(item n9)
Espérons que nos cardinaux nous permettrons
de retrouver le silence adorant dans les
célébrations, comme du reste le cardinal Ratzinger l’exprimait dans son dernier
ouvrage.
OUI c’est l’heure d’une
restauration
Il faut appeler à la
prière !.
Troisième conclusion.
Et si cela se fait, ce sera vraiment
une bonne chose.
Je
m’explique
Monsieur Jean Madiran dans son
interview avec l’abbé de Tanouarn dans le dernier
« certitude » soutient :
« Je crois que Vatican II est
susceptible d’une Pia Intreprétatio
(comme St Thomas le faisait vis à vis de certains Pères) je ne suis pas opposé
à l’idée que le pape puisse par des documents rectifier les ambiguïtés du
Concile. Je ne suis pas opposé non plus à l’idée d’une réforme de la réforme si
dans la réforme il y a une rectification ».
Yves Chiron a heureusement remarquer cette phrase dans son Aletheia
du 2 mars 2003.
Je partagerais volontiers cette idée.
Elle correspond, du reste à ce que
pensait Mgr Lefebvre. Il me disait la même chose – un jour – en voiture. Il me
parlait du Concile et me disait que le pape pourrait soit par lui-même, par des
documents pontificaux soit par une commission de cardinaux nommée à cet effet,
corriger les ambiguïtés du Concile, un peu comme le pape Paul VI le fit
lui-même à propos de la collégialité en imposant – en plein Concile – un acte papal :
La fameuse « nota praevia » donnant la
juste interprétation d’un texte équivoque voté par les pères conciliaires.
C’est ce que fait – aujourd’hui – le
pape par cette encyclique : « Ecclesia de Eucharistia ». Il corrige les
points faibles, il donne la juste
interprétation. Il donne la rectification
des omissions, des ambiguïtés de la réforme liturgique.
J’ajouterais qu’il ne faudra pas non
plus oublier la rectification des traductions des
oraisons et de bien d’autres textes.
Mais on sait que le cardinal Arinze est sur ce sujet
– à la tache – la Congrégation y travaille depuis bien un an.
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J’ajouterai aussi qu’il faudra
respecter le vrai Missel romain celui
de St Pie V et en profiter pour le remettre en honneur et dire qu’il n’est ni abrogé ni prohibé.
Mgr Fellay
le demande dans son interview du 25 avril à « il Giornale »,
ce rite – cette coutume multiséculaire ne peut être en
sagesse interdit.
De fait, canoniquement,
il ne l’a jamais été.
J’ai argumenté dans ce sens devant l’officialité du cardinal Daneels à Bruxelles en 2001 (cf Item
n2) . Saint Pie V, lors de la restauration, dans sa
pureté, du Missel Romain, a lui-même – on le sait- respecté les rites pouvant
justifier 200 ans d’existence dans l’Eglise. Et le
Missel Romain de St Pie V a plus de 200 ans d’existence paisible et sanctifiante
dans l’Eglise. C’est l’heure de la restitution du
missel romain, celui de St Pie V. le
cardinal Ratzinger du reste l’écrivait déjà dans son livre « voici quel
est notre Dieu » à la page 291 : « il est important aussi de
cesser de bannir la forme de la liturgie en vigueur jusqu’en 1970. »
Quatrième Conclusion
C’est pourquoi – ce me semble- on se dirige vers une renaissance du
pluralisme liturgique dans l’Eglise – et qui sera
acceptable même doctrinalement, le rite nouveau étant réformé dans un sens
catholique – comme il existait – du reste –en toute tranquillité avant la
réforme liturgique, comme le Concile Vatican II lui-même le confesse dans
« Sacrotanctum concilium ».(
n4) De fait, il existait à côté du Missel Romain, le rite lyonnais, le rite
dominicain, le rite cartusien pour la seule église latine et peut-être d’autres
encore sans compter les rites orientaux des églises orthodoxes uniates.
Le cardinal Ratzinger le confessait
lui aussi dans la conférence qu’il donnait aux catholiques « l’Ecclésia Dei Afflicta » à
Rome en 1998. Mais la réforme liturgique a détruit cette riche variété. Il ne
fallait plus qu’un rite – toute révolution est totalitaire – celui de Paul VI.. Mgr Bunigni s’est lui-même
déplacé à la Chartreuse pour faire abandonner aux chartreux leur rite cartusien
au bénéfice de celui de Paul VI.
Ce temps du totalitarisme liturgique
n’est plus. Espérons- le. Il a fait tant de tord…
Nous approchons donc du retour du pluralisme liturgique. L’Encyclique
du pape en sera l’origine.
Et c’est peut-être la raison pour
laquelle, dans l’Encyclique elle-même, comme pour en
rappeler la légitimité, le pape parle des différentes liturgies. Il parle de
celle de St Jacques au n23, de celle de St Jean Chrysostome au n17,
de celle de St Bazile dans la note 91.
Pourquoi ce rappel ? pour faire bien ? pour faire riche ? cultivé ?
Pourquoi pas pour accoutumer les
esprits à cette véritable réalité ecclésiale qu’est le pluralisme – ah que les évêques de France vont
avoir du mal d’accepter cela ? mais le pape a
parlé. Causa finita est !
Et c’est là que peut prendre tout son
sens, la phrase du pape au n 49.
« dans
le respect des diverses traditions ecclésiales légitimement constituées ».
C’est bien le cas pour le rite romain dit de St Pie V !
Conclusion finale : une
lueur d’espoir !
Et c’est ainsi que Monsieur l’abbé
Barthe me semble ne pas avoir totalement tort quand
-
-
après avoir constaté les efforts de la hiérarchie catholique pour intégrer de
nouveau le rite de St Pie V dans l’Eglise.
(1) en créant une
Administration apostolique personnelle avec la reconnaissance expresse du rite
de St Pie V.
(2)
(2)
en conseillant aux Evêques la création dans leur diocèse de paroisse
personnelle (cette idée ne se trouvait exprimée ni dans l’Indult
de 84 ni dans le Motu Proprio de 88) pour les fidèles attachés à ce rite.
(3)
(3)
En voulant régler l’affaire de la FSPX lui reconnaissant le droit à la messe de
toujours .
-
-
il écrit :
« on va
vers un traitement global de cette non réception doctrinale et/ou liturgique du
Concile ».(catholica n79 p65)
J’ajoute que ce
traitement se fera par la reconnaissance
du rite de St Pie V, par le retour au pluralisme liturgique et par la « catholicisation » de la réforme liturgique de Paul VI.
Abbé Paul Aulagnier
Mai 2003