l'article
du Figaro.de ce jour
HIER, à Bordeaux,
l'abbé Philippe Laguérie, supérieur du Bon Pasteur, a savouré son retour
victorieux du front, sur le mode : nous avons gagné une bataille, nous n'avons
pas gagné la guerre ! La rhétorique du combat soutenait ses propos, aussi bien
en chaire, dans son église Saint-Éloi, que devant les
nombreux micros tendus.
Figure du monde lefebvriste, sujet aux coups de sang, aux coups de tête, il
n'a pas failli à sa tradition. Pas question de faire profil bas. «L'Église, a-t-il
dit dans son homélie aux quelque deux cents fidèles – pour l'essentiel de
jeunes familles nombreuses –, a réalisé combien il était nécessaire pour
elle d'avoir affaire à nous.» «Aucun compromis» n'a été exigé par Rome, «ni
dans la liturgie ni même et encore moins dans la doctrine». «Quelques
attardés», parmi les fidèles conciliaires ou les évêques, vont manifester
une certaine hostilité à leur égard, mais pour l'abbé, «il va falloir qu'ils
changent».
«L'authenticité de
la doctrine»
«Rome, a-t-il expliqué en
chaire, nous a donné l'obligation statutaire de travailler à rendre
l'authenticité de la doctrine.» Ses propos n'augurent pas des rapports
paisibles à venir avec l'épiscopat, présidé par l'archevêque de Bordeaux, Mgr
Jean-Pierre Ricard. Le clergé de l'institut «dépend de Rome et aucunement
des évêques locaux», a-t-il d'ailleurs précisé. L'abbé Laguérie
est persuadé que le vent romain souffle dans la bonne direction. Et croit même
savoir que «Rome s'apprête à publier un document destiné à redonner toute sa
place au rite traditionnel, à libéraliser son usage.» Selon lui, les deux
rites ne seront pas différents mais considérés comme deux facettes – l'une
extraordinaire et l'autre ordinaire – d'une même réalité.
Par cette précision,
il répond aux critiques formulées par
À la sortie de
l'office, les fidèles exultaient, ovationnant l'abbé Laguérie.
Christian, jeune père de famille, non traditionaliste, était venu suivre cette
messe pour se réjouir avec eux de «ce retour à la pleine communion». «Mais
il y a encore du chemin à parcourir», ajoute-t-il, un peu désolé par le ton
combatif du curé de Saint-Éloi.