CITE DU VATICAN, 8 sept 2006 (AFP) - Benoît XVI accorde la messe en latin à des prêtres intégristes ralliés

Le pape Benoît XVI a obtenu vendredi le ralliement de plusieurs prêtres intégristes français excommuniés par Jean Paul II en leur accordant la liberté de célébrer la messe traditionnelle en latin, mais le gros des "lefebvristes" tient bon dans son opposition au Vatican.

Cinq prêtres, dont les abbés Philippe Laguérie, Paul Aulagnier et Guillaume de Tanouarn, disciples historiques de l'évêque schismatique Marcel Lefebvre, ont reçu du Vatican l'autorisation de créer un "institut de droit pontifical" à Bordeaux et de célébrer la messe en latin selon le rite dit "tridentin", a révélé l'agence I-média, spécialisée dans l'actualité du Vatican.

Plusieurs séminaristes feront partie de la nouvelle "fraternité" et le cardinal colombien Dario Castrillon Hoyos, chargé depuis des années de maintenir les liens entre le Vatican et les adeptes de Mgr Lefebvre, s'est engagé à célébrer lui-même leur prochaine ordination.

Le retour au bercail de ces nostalgiques d'une Eglise de l'ancien temps, avec ses prêtres tout-puissants et ses messes en latin, reste cependant un phénomène marginal : les cinq prêtres concernés sont des transfuges de la Fraternité Saint Pie X, l'organisation fondée par Mgr Lefebvre dont ils avaient été exclus il y a deux ou trois ans en raison justement de leur tentative de rapprochement avec le Vatican.

La Fraternité, qui compte aujourd'hui 460 prêtres, 178 séminaristes, 70 frères, 133 religieuses, 68 oblats et revendique quelque 150.000 fidèles dans 50 pays, réclame non seulement le retour de la messe en latin, mais l'abandon par l'Eglise catholique du dialogue avec les autres religions initié par le concile Vatican II.

Le pape Benoît XVI, qui a hérité de Jean Paul II la situation provoquée par le schisme de Mgr Lefebvre, a donné plusieurs signes de son souci de ramener les adeptes de l'évêque - décédé en 1991 - dans le giron de l'Eglise.

Il a reçu l'actuel supérieur de la Fraternité, Mgr Bernard Fellay, le 29 août 2005, et critiqué à plusieurs reprises la façon dont les réformes de Vatican II ont été appliquées.

Des sources vaticanes, citées par I-Média, ont souligné vendredi que le pape "a souhaité" l'accord survenu vendredi avec l'abbé Laguérie et ses amis. Cet accord remet en faveur l'ancien missel abandonné après Vatican II, une revendication des lefebvristes.

Cependant le rapprochement concrétisé vendredi avec quelques personnalités isolées faisait depuis plusieurs jours l'objet de commentaires acerbes sur les sites internet animés par les catholiques intégristes.

"L'abbé Laguérie a finalement capitulé, le cardinal Castrillon Hoyos continue son travail de sape le sourire aux lèvres et le poison dans la poche de sa soutane", écrivait notamment le 5 septembre un correspondant du site "les amis de la Fraternité sacerdotale saint Pie X".

En 2002, le cardinal colombien, préfet de la congrégation pour le clergé, avait déjà signé un accord, dit "les accords de Campos", avec des adeptes de Mgr Lefebvre au Brésil.

Le "décret d'érection de l'institut pontifical du +Bon Pasteur+" signé vendredi nomme l'abbé Laguérie supérieur général de cette nouvelle fraternité. Agé de 53 ans, le prêtre a été le curé de l'église parisienne Saint-Nicolas du Chardonnet, bastion des intégristes qui l'occupent de force, avant de partir à Bordeaux (ouest de la France) occuper une autre église.

Selon l'agence I-Média, le siège du nouvel institut pourrait être à Bordeaux, dont l'archevêque est le cardinal Jean-Pierre Ricard, président de la conférence épiscopale française.